jeudi 1 juin 2006
L'interprète (Sydney Pollack)
Un jour j’ai atterri sans conviction dans une salle de ciné de la banlieue bordelaise diffusant “l’interprète” (Nicole Kidman et Sean Penn). J’ai d’abord cru à une erreur avec la première scène d’une violence d’autant plus insoutenable qu’elle était imprévisible. Et puis finalement, c’était indispensable pour faire le parralèle entre l’action des mots et celle des armes, radicale.
Il y a une tension omniprésente dans ce film, véhiculée par la fragile pas si fragile Silvia Brome. Elle fait partie de ces personnages perdus que j’aime tant: plus d’attaches, ni famille ni pays, juste l’intime conviction qu’une organisation internationale telle que l’ONU a le pouvoir de changer les choses en mettant des dictateurs face à leurs responsabilités. Mignon, non?
C’était bien parti, mais quelques scènes (avec un Sean Penn larmoyant d’un pathétisme inédit) gachent l’ensemble: entre les sécrétions lacrimales du flic qui est sensé être un dur à cuire et les souvenirs de Silvia gambadant dans la brousse avec son frère qui lui demande de ne pas pleurer…
La mièvrerie n’a rien à faire dans un film traitant de la vengeance, du deuil et de la confiance en la justice internationale.
Il y a pourtant de très bonnes idées comme Nicole Kidman sur les routes d’Afrique, une mitraillette dans les mains: un visage de fillette triste mais déterminée, prête à tuer. La colère d’un peuple trahi par des promesses politiques qui virent au cauchemar. L’instrumentalisation des enfants soldats.
La justice internationale (complètement idéalisée dans le film: tout est bien qui finit bien, les conventions inernationales sont respectées, aucun intérêt diplomatique et économique n’entre en jeu, aucun souci d’ingérence, traduction rapide en justice d’un chef d’Etat… Si seulement la justice pouvait fonctionner aussi efficacement dans la réalité!)
Bref, il y a une trame qui pouvait servir à la construction d’une oeuvre forte, portée par des convictions réalistes; à la place, on a quelques excellents moments noyés dans un flou sentimentalo-utopiste un peu ridicule. Heureusement que Nicole Kidman est là pour livrer toute l’intensité dramatique de l’intrigue et donner ainsi tout l’intérêt du film.
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