dimanche 2 juillet 2006

Et sonne l'heure du glas



L’étudiant, négligé par essence, voit chaque année de sa vie marquée par un rituel: la connaissance de ses résultats. Tapis derrière ses certitudes (et ses incertitudes), il guette le moment propice pour s’avancer avec une feinte désinvolture vers le panneau d’affichage ou l’écran d’ordinateur qui lui octroira satisfaction ou désespoir.
Parfois, soudain effrayé par la perspective de finir seul, abandonné de tous car marqué par l’echec, il renonce et court en sens inverse du panneau d’affichage pour montrer que de toute façon, les résultats, on s’en balance. Parfois il rajoute “merde", s’il est énervé.
Mais l’étudiant revient toujours, perpétuellement attiré par ce qui lui ouvrira (ou non) une porte vers l’avenir lointain, et finit par chercher frénétiquement son nom dans les listes, le coeur battant à toute allure, la sueur au front. Et puis là, devant ses yeux, au dessus de son doigt tremblant, un nom, le sien, un nombre à côté, la joie ou la tristesse mais le soulagement de savoir.
Après seulement, il regarde les résultats des autres, un peu voyeur, en se réjouissant des bonnes notes des uns mais pas des mauvaises des autres, parce que l’étudiant croit être religieux, comme notre siècle (c’est Malraux qui l’a dit).
Alors il s’en va, deshydraté sous un soleil de plomb, avec le sentiment d’exister, pour la bête raison qu’il a son nom inscrit sur des registres officiels.
Gamin, va.

Votre dévouée, diplomée, qui va immigrer en Suède ou en Norvège, là où les gens trouvent que c’est l’été quand il fait 20 degrés à midi.

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