Bon, réfléchissons. J'ai eu un cours cette année, intitulé "science et justice", dans lequel le prof dénonçait le pouvoir des experts dans le déroulement de la justice. Evidemment, comme il s'était inspiré de Foucault et que le cours était plutot bien fait, on a tous été d'accord avec sa pensée.
Constat 1er: les experts décident de la dangerosité du condamné, donc implicitement de sa peine. Conséquence: le juge est dépossédé de sa mission, l'expert devient juge.
Second constat: on ne peut pas forcer quelqu'un à prendre des médicaments pour se soigner ni à entamer une psychothérapie s'il ne le veut pas.
Alors qu'est-ce qu'on fait des pédophiles, notamment des récidivistes, qui n'éprouvent aucun sentiment de culpabilité, qui sont prêt à repasser à l'action et qui ne veulent pas se soigner?
Nabot propose donc de les garder en prison le plus longtemps possible: fin des remises de peines, collège d'experts qui peuvent décider de le maintenir dans un centre fermé après sa peine, où il suivra un traitement.
Je suis sceptique.
Pour moi, on commet un crime ou un délit, on passe devant le juge qui prononce une peine, on la purge et après, théoriquement, la dette est payée.
Je veux dire que, objectivement, on peut prendre un nouveau départ.
Je comprends pas comment est-ce qu'on peut attribuer un pouvoir supplémentaire à l'expert, qui, en plus de décider de la peine de l'accusé (puisqu'il va dire si le type est pervers, viscieux, irrécupérable...) va décider, malgré la peine purgée, de le renvoyer en prison, sans autre procès et sans autre crime que celui pour lequel il a déjà purgé sa peine.
Il y a un principe en droit: on ne peut pas être jugé deux fois pour le même crime. Or là, non seulement il est jugé deux fois, mais ni par un juge, ni devant un tribunaL.
Il me semble pourtant que la Convention européenne des droits de l'homme prévoit le droit à un recours effectif et à un tribunal impartial.
Autre point: dans ce centre fermé, comment administrer un traitement par médicament ou par psychothérapie à quelqu'un qui veut pas se soigner?
Alors, vous allez me dire que les pédophiles sont des monstres, qu'ils ne méritent donc pas de bénéficier des conventions internationales et des droits de l'homme d'une manière générale car en perpétrant leurs actes, ils sont passés de l'humanité à la monstruosité. Conséquence: on les garde à vie dans les prisons déjà surpeuplées, on leur fait avaler de force des gellules ou on les castre physiquement.
Hum. Là encore ça pose problème.
Imaginez l'erreur judiciaire, style Outreau. En plus de les avoir laissé pourrir en prison, on leur aurait coupé les testicules?
Je crains que l'on fasse exploser les recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.
Quelle est la solution alors?
Je ne sais pas mais déjà :
1/ Pour ceux qui veulent se soigner, des psy. Un suivi régulier dès le jour où ils posent un pied en prison, qui se poursuivra après la peine.
Mais un psy qui a accès au dossier, parce que bon, prescrire du viagra à un pédophile multirécidiviste...
2/ Une possibilité de prendre des médicaments pour réduire leur libido.
Après, je ne sais pas, tout ce que à quoi je pense peut être considéré comme une double peine, style pointage au commissariat ou le bracelet électronique.
Bon, c'est une question très complexe, autant du point de vue juridique qu'ethique, humain, politique. Il s'agit de concilier la mission d'assurer la sécurité publique (et l'ordre public d'une manière général) et le respect des droits de l'homme.
En tout cas, les mesures qu'a annoncé Nabot, une main dans sa poche avec un ton paternaliste, semblent inadéquates.
Votre dévouée.
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