mercredi 9 avril 2008

Amsterdam


Amsterdam le week-end dernier : c'était la première fois de ma vie que j'allais aux Pays-bas. Amsterdam est schizophrène : y a des familles qui trimballent leurs petites têtes blondes dans des chariots devant leurs vélos (les hollandais circulent à vélos, ce n'est pas un cliché, il y a véritablement très peu de voitures et tant mieux!), des gens sains, frais et dispos qui font leur jogging dans les parcs verdoyants, des familles qui vivent dans de très jolies demeures construites il y a des siècles tout en hauteur, qui prennent parfois leur bateau sur les canaux, sous le soleil froid du printemps.
Et puis il y a le côté "Gotham City" d'Amsterdam : la drogue en vente libre, en libre consommation, les maisons closes avec des prostituées à peine majeure dans des vitrines comme les objets que n'importe quel magasin peut vendre.

C'était peut-être à cause du froid polaire, mais j'ai pas bien compris le mode de fonctionnement des néerlandais : à 17h les magasins ferment, le froid tombe et vous glace jusqu'au os. Si vous vous baladez, vous découvrez des paysages magnifiques, avec des maisons à l'architecture bancale et charmante, chargées d'histoire. Vous vous promenez, le soleil fait sintiller l'eau des canaux, il n'y a pas de bruit de moteurs, de voitures, pas de saletés partout par terre, des petits cafés sympathiques, des terrasses sous les arbres, des ponts comme dans les contes, bordés de vélos, et tout ça est merveilleusement romantique. Si vous traversez le grand parc dans le quartier des musées (musées d'ailleurs où sont exposés des Van Gogh, Wermer et Rembrand), vous découvrez une nature préservée, avec des oiseaux de toute sorte.
Mais si vous regardez mieux, les petits cafés sont souvent des "coffee shop" où le shit est roi et si vous vous perdez dans certains quartiers, vous tombez nez à nez avec des vitrines vivantes.

L'Etat néerlandais pourrait être qualifié de mafieux : il autorise la prostitution et prend un impôt sur les maisons closes, devient par là proxénète, il autorise et prend un impôt sur les coffee shop et devient par là dealer.
Ce qui m'a le plus interpellée, c'est les vitrines, le symbole de la déshumanisation de la prostituée. C'est comme dans n'importe quel magasin : la marchandise est présentée avant d'être achetée. Seulement là, la marchandise, c'est une personne humaine titulaire de droits, dont la dignité est protégée par les conventions internationales.

On me disait, face à cette remarque : "oh mais elles le veulent bien". Outre le fait que cette phrase est ignoble, là n'est pas la question : la cour européenne des droits de l'homme a sanctionné les relations SM consenties parce que c'était dégradant, pas parce qu'il n'y avait pas eu consentement des personnes.
C'est comme l'allemand qui avait consenti à être mangé par un autre type : c'est de la complicité de cannibalisme, quelque soit son consentement.

On ne peut pas tout se permettre dans une société. De plus, en ce qui concerne leur pseudo consentement, va falloir relire Zola. Les gens sont parfois poussés à des extrémités par la misère et le malheur.
La société néerlandaise en est responsable mais en plus, elle ne semble rien faire rien pour l'enrayer : elle ne crée pas des structures de réinsertion, elle favorise la misère en légalisant la prostituion et la drogue (et en se payant sur elles).

Tout ça est étonnant. Tout comme ces femmes entièrement voilées de noir de la tête aux pieds, avec un grillage sur les yeux (comme au pays des talibans) qui font leur course "habillées" ainsi, entre les coffee shop et les sex-shop.
Il y a un truc qui cloche : toutes ces manifestations extrêmistes, que ce soit les religieux musulmans d'un côté et l'extrême liberté de l'autre, affranchie de toute morale.
Et pourtant, il y a des néerlandais qui vivent paisiblement, des familles bio-écolo qui font leur jogging et promènent leurs gamins à vélos comme si de rien n'était. Qui paraissent heureux. Qui semblent n'avoir aucun problème à cohabiter avec les coffee-shop et les maisons closes.

Je comprends mal, et après tout peut-être qu'il ne faut pas essayer de comprendre en quelques jours une société battie sur des siècles d'histoire tourmentée.
Je retiens donc les paysages, les fleurs, les canaux, les bateaux, les ballades à vélos et les cappucinos pris sur la grande place. Je retiens le soleil froid du printemps et la paisible nature.

Votre dévouée, qui a eu un an de plus lundi.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chère Olympe,

Merci de nous avoir conté ton week-end surprise à Amsterdam. Tu nous as donné envie d'y aller: balades le long des canaux, presque pas de voitures,vie culturelle très riche. Par contre, c'est vrai qu'il y a certains éléments de la "culture" hollandaise qui risquent de nous choquer ou de nous mettre mal à l'aise dès notre arrivée: les coffee shop et le racollage de ces jeunes femmes dans les vitrines, comme si c'était de la marchandise ou une promotion. C'est quand même aberrant que le gouvernement hollandais laisse faire cette pratique aux yeux et à la vue de tous: enfants et chastes touristes. De toute façon, c'est bien connu que le plus grand proxénète c'est l'Etat...
J'espere quand même que tu retiendras essentiellement les bons et meilleurs souvenirs de ton périple surprise, toi la citoyenne européenne !
Bises
Sandrine