jeudi 5 octobre 2006

Les génies asociaux


Y a un mathématicien russe qui a résolu un problème scientifique qui a occupé des générations de mathématiciens pendant des siècles. Le type, il s’est levé un matin et il a noirci des dizaines de pages d’une écriture quasi-illisible pour le commun des mortels, il a démontré la solution point par point puis il a refusé le prix nobel et le million qui va avec.
J’adore. Grigori Perelman, c’est son nom. Il doit avoir la même forme de phobie sociale de Kant qui ne pouvait pas quitter un certain périmètre autour de sa maison, et ne pouvait pas faire autrement que de se promener chaque jour à la même heure sur le même chemin.
Je doute qu’on surnomme Grigori Perelman “Grisha". Même ses propres collègues ne l’approchent pas. Il a une barbe à la Raspoutine et des ongles longs -> une phobie de l’hygiène?
Voilà ce que nous dit Wiki:

Grigori Iakovlevitch Perelman (en russe Григорий Яковлевич Перельман) est un mathématicien russe né le 13 juin 1966 à Saint-Pétersbourg. Il a travaillé sur le flot de Ricci, ce qui l’a conduit à établir en 2003 une preuve de la conjecture de Poincaré du programme de Hamilton, un des problèmes fondamentaux des mathématiques contemporaines.

Chercheur à l’Institut de mathématiques Steklov de Saint-Pétersbourg, la personnalité extrêmement discrète de Perelman a contribué à alimenter les débats sur ses travaux qu’il a présentés à l’occasion d’une série de conférences données aux États-Unis en 2003.

Son résultat sur la conjecture de Poincaré a été officiellement reconnu par la communauté mathématique qui lui a décerné la médaille Fields le 22 août 2006 lors du Congrès international de mathématiques. Mais Perelman l’a refusée bien qu’elle soit la plus haute distinction pour les mathématiques. Il juge « sans intérêt » cette récompense.

Issu d’une famille pétersbourgeoise d’origine juive, Grigori Perelman, a suivi les cours de l’École secondaire n°239 de Léningrad, établissement réputé internationalement pour son extrême sélectivité et son programme extrêmement ambitieux d’apprentissage des mathématiques et de la physique théorique. Il reçut en 1982, alors étudiant au lycée, la médaille d’or avec un score parfait aux Olympiades de mathématiques (42 points sur 42 possibles). Il obtint son doctorat (Candidate of Science Degree) à la fin des années 1980, à la Faculté de mathématiques et de mécanique de l’université de Léningrad, l’une des universités les plus réputées de l’ex-Union soviétique. Ses recherches portaient sur les surfaces en selle de cheval dans des espaces euclidiens.

Après avoir reçu son diplôme, Perelman travailla au très réputé Institut de mathématiques de Steklov, avec Aleksandr Danilovich Aleksandrov et Yuri Dmitrievich Burago, puis collabora avec diverses universités de l’Union soviétique avant de revenir à l’Institut Steklov.

Ses travaux sur le flot de Ricci, menant en particulier à la démonstration de la conjecture de Poincaré, lui ont valu sa réputation internationale et de nombreuses distinctions qu’il refuse systématiquement. “

Qu’est-ce qui pousse un homme à refuser la reconnaissance de ses pairs? On cherche tous ça non? On cherche tous à être apprécié, être estimé, susciter l’admiration ou au moins à être reconnu compétent dans notre domaine. Lui, non.
Il méprise les distinctions qu’il qualifie “sans intéret". Peut-être qu’il croit perdre son indépendance en acceptant. Napoléon avait mis en place des “hochets” pour gouverner les élites.
En refusant toute distinction, il ne doit rien à personne: ni au gouvernement russe, ni à la communauté scientifique internationale, ça manque pas de panache et ça doit pas être le genre de type à le regretter un jour.

3 commentaires:

Barsanuphe a dit…

Je n'avais pas vu cet article auparavant, alors laisse-moi t'éclairer: ces gens sont souvent totalement déconnectés du reste du monde. C'est comme pour les sectes qui utilisent un vocabulaire précis pour que ses adhérents ne puissent pas communiquer pleinement avec les autres. Ton gars, il fait des choses, et il peut en parler qu'à trois, peut-être quatre personnes dans le monde. En dehors de ça, il n'y a plus de référence commune. Alors il vaut mieux regarder Cauet, au moins on a des copains.

Marty McFry a dit…

Cela étant dit, il serait bon de corriger le début de l'article concernant le refus du prix nobel de mathématiques, ce dernier n'existant pas.

Votre Dévouée a dit…

Décidément, cet article fait des émules. Vous vous êtes ligués contre moi?
APrès vérification, il s'agit en effet de la médaille fields et non du prix nobel de mathématiques.
Sache cher julien, que je déteste qu'on me contradise, quand bien même j'aurais tord.
Bien à toi.
O.