mercredi 18 juillet 2007

La justice meurtrière

On est le 18 juillet 2007, le lendemain de l'exécution programmée d'un américain, Troy Davis, qui a finalement 90 jours de sursis devant lui. Pour devenir fou dans sa cellule en attendant que des médecins lui injectent un produit dans les veines, sur ordre de la justice.
Quand la justice se met à tuer pour punir, c'est toute la conception de l'Etat, de la justice, de la répression qui est à revoir. La loi du talion, ça n'existe que dans les régimes autoritaires, mais finalement peut-être que les Etats-Unis s'engagent sur cette voie: j'avais déjà parlé dans un précédent article, de l'anéantissement progressif des libertés publiques.

Un jour, j'ai vu un reportage sur la Somalie, où un tribunal islamiste avait condamné à mort un homme accusé de meurtre. Ils l'avaient attaché à un tronc d'arbre, donné un couteau au plaignant (frère de la victime) qui l'avait poignardé à de multiples reprises devant une foule enthousiaste.
Aux Etats-Unis, la justice ordonne la mort, par décharges électriques parfois, par injection plus souvent, parce que ça fait plus "civilisé" en apparence, et les apparences sont trompeuses.

Y a deux problèmes: d'abord, on tue un homme, on supprime toute idée de réinsertion, de travail sur soi-même pour comprendre la gravité du geste qu'il aurait commis, tout travail psychologique, tout repenti, la société devient vengeresse et non juste: elle supprime la vie, définitivement, anéantit une existence pour venger un acte quelqu'il soit (meurtre, viol, agressions sur mineurs...).
Seule la notion de punition extrême prévaut.
Je me demande ce que devient une société qui dit "ne tuez pas" et qui tue en cas d'infraction grave. Peut-être qu'elle passe du qualificatif "humaine" à "monstrueuse".
Surtout quand on condamne quelqu'un pour un meurtre commis alors qu'il était mineur (cliquez ici), commis par un malade mental, déclaré comme tel par les services psychiatriques (cliquez ici), quand l'enquête a été baclée (cliquez ici), quand la condamnation repose uniquement sur des témoignages contradictoires, quand le condamné est vieux, malade et handicapé (cliquez ici)...ect

Les Etats-Unis, ce pays où la religion est omniprésente, jusque dans les discours du président, oublie la rédemption quand elle considère un homme coupable. Je dis bien quand elle considère: la justice est rendue par des hommes et l'erreur est humaine. Le doute bénéficie à l'accusé en France, mais il semble que les choses se passent différemment aux Etats-Unis.
Remarquez, un progrès: il a fallu attendre le 21eme siècle pour que le pays de la liberté interdise de condamner un mineur à mort.

Schwarzenegger, acteur minable de films d'actions à la violence déchainée, est devenu l'exécuteur impertubable de cette justice. Le symbole de son inflexibilité, et de sa monstruosité. On se souvient de l'affaire Stanley Tookie Williams, où, malgré les changements notoires dans la personnalité de cet ancien chef de gangs, Schwarzy l'avait laissé se faire tuer. Même le Vatican avait protesté. Et pour que le Vatican prenne la parole sur autre chose que son attrait irrésistible vers tout ce qui est réactionnaire, faut que ce soit grave.
Mais les américains ont l'habitude d'élire des têtes vides, vides sens, de bon sens, de lucidité, d'humanité, dont la seule fonction est de détruire en pensant dur comme fer qu'ils détiennent la Vérité et qu'ils doivent l'imposer aux autres. Pour leur bien, évidemment.

Bon, l'autre problème, c'est le mode d'exécution qu'ils considèrent comme "civilisé", propre en quelque sorte : l'injection létale. Malheureusement, les ratés sont récurrents, entrainant la souffrance insupportable du condamné qui agonise pendant de longues minutes.

A lire:
- ça ne fonctionne pas
- l'injection létale en question.

Votre Dévouée, en manque d'espoir.

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