lundi 9 juin 2008

Le peuple versaillais (volume 1)

Versailles, outre le fait d'abriter le Château, compte parmi sa population une intense majorité de « prout-prout ». J'ignore si cette expression est passée dans le langage populaire et d'ailleurs je ne me rappelle plus son origine, mais j'ai toujours appelé les « prout-prout » ces familles nombreuses qui trimballent une tripotée de gamins habillés comme au siècle dernier ou alors habillés en bleu ciel pour les garçons et en rose pâle pour les filles (chez Cyrillus exclusivement).
Souvent les mères de famille ont des serre-têtes, comme dans les années 80, des jupes à carreaux et des talons plats. Les enfants sont habillés tous pareils, et le père a des mocassins et un pull sur les épaules.

L'autre jour, alors que je circulais dans la dite ville, slalommant entre la marmaille et les vieilles enrubannées garnies de colliers de perles, ont déboulé, frais comme des gardons, une horde de policiers, juchés sur leurs nouveaux VTT, en tenue d'été : shorts ras-les-fesses, lunettes de soleil sportwear, et polo blanc. Scout toujours ! Jean-André et Marc-Aurèle, faisant leur ronde dans le quartier chaud de Notre-Dame ! (Eglise avec des prêtres en soutane, comme dans le temps).
A la fin de leur journée, il leur suffit de changer leurs baskets pour des mocassins, de jeter un pull-over pastel sur leurs épaules et hop, les voilà revêtus de la tenue réglementaire pour aller avec chérie et les enfants dîner à la pizzéria où la margherita est à 14 euros.

Mais la journée du policier versaillais est loin d'être de tout repos, car près de la gare il y avait deux jeunes racailles, avec des slims ultra-moulants et des blousons en cuir, la clope à la main et la mèche dans les yeux. Ça, ça nécessite au moins un contrôle d'identité en règle, pour suspicion de troubles à l'ordre public !
La bande à Charles-Emmanuel, qui file du mauvais coton depuis qu'il a découvert Tokyo Hotel, et qui stationne sur le trottoir en discutant de l'influence de Kant sur la société actuelle, gênant la bonne circulation de Mme Prout-prout, enceinte de son dixième, qu'elle appelera Marie-Adélaïde en souvenir de son arrière-grand-mère, en rêvant secrètement de l'appeler Jessica, comme Jessica Alba.

J'ai parfois l'impression que c'est uniquement son cadre (superbe) et son histoire qui empêche Versailles de devenir Wisteria Lane.

VD.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Permets moi de te dire que j'ai fortement apprécié la lecture de cet article et la description des personnages, tout en finesse et dans le détail. J'en rigole encore.
Je ne pensais pas qu'en 2008, la population de Versailles était toujours aussi guindée. Est-ce parce qu'il y a un château dans leur ville, trésor du patrimoine national?
Ca me fait penser au film les Aristos que je viens de revoir ou bien encore "la vie est un long fleuve tranquille".
La tenue des policiers à Versailles, genre mec bronzé qui se la pète, doit surement etre une révolution dans les mentalités de la population versaillaise si j'en crois la description que tu en as faite!
Bravo encore pour ton article, j'adore !
Sandrine