jeudi 4 mai 2006

Bree



Comme toute personne qui se respecte, je dévore les épisodes de desperate housewives, je m’en délecte, les visionne et revisionne pour parvenir à cette conséquence inévitable: une addiction pour l’hilarante (malgré elle) névrosée qu’est Bree (interprétée par la talentueuse Marcia Cross).

Et là je m’arrête pour le profane qui n’a pas vu la saison deux: “Petit, ne lis pas la suite, je dis des choses qui briseront ton imagination fertile en dévoilant des rebondissements de situation".

Avertissement prononcé, je dénie toute responsabilité quant à ceux (subversifs) qui seraient passés outre.

Bree. Ô Bree, rousse incendiaire sans racine jamais décoiffée (sauf quand elle s’écroule ivre morte sur sa pelouse), bouche fine glossée rose et teint de porcelaine. Veuve d’un mari infidèle exaspéré, maîtresse d’un pharmacien assassin faussement suicidaire, belle-fille d’un moulin à paroles, mère d’une crise d’adolescence sur pattes et d’un monstre de cynisme et de perversité. Bree boit mais ne l’avoue pas. Bree assiste aux réunions des alcooliques anonymes pour faire de la broderie et astiquer la table où reposent trois malheureux donuts. Quand son fils (immonde) lui annonce qu’il est homo rien que pour lui faire faire une syncope, elle relève la tête d’un défi incongru: le sauver de l’enfer malgré lui. A chaque coup bas, Bree se plaque sur le visage un sourire satisfait et se verse un verre de vin blanc. Tout va bien. Du moment que l’apparence est sauve, que les gardénias sont fleuris, la pelouse verte, la maison propre et sa mise en plis parfaite, tout va bien.

C’est ce qui me fait tant rire chez elle: sa capacité à se voiler la face. C’est un mélange d’humour noir, de cynisme, de pathétisme, de douleur exacerbée qu’elle tente maladroitement de cacher sous une perfection inquiétante.

Les rares fois où Bree s’énerve, ses yeux verts lancent des éclairs, sa bouche se pince quelques secondes avant de reprendre son sourire artificiel et ses doigts se croisent devant elle.

Bree est névrosée, alcoolique, multi-phobique, sans doute castratrice, peut-être autoritaire. Mais elle est aussi comme une gamine qui veut bien faire et attend la reconnaissance dans le regard de l’autre. Elle est terrifiée à l’idée de ne pas l’avoir, il lui faut de l’admiration.

Et quand elle ne l’obtient pas, elle trahit son désespoir à coup de rangements effrenés, tenues chic et verres de vin.

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