vendredi 27 avril 2007
Le film de Karl Zéro
Raah c'est rageant, à cause des révisions, j'ai pas vraiment le temps de divaguer sur les présidentielles. Et pourtant, il y aurait de quoi dire!
J'ai regardé le film de Karl Zéro l'autre jour, qui a piqué ma brillante idée de titre: "Ségo et Sarko sont sur un bateau". Et ma fois, c'est un bon documentaire.
1/ Il a essayé de traiter à parts égales les deux principaux candidats: images d'archives à l'appui, il a montré les contradictions frappantes, avec une légère insistance sur Sarko qui assène avec tellement de force des convictions qui paraissent être pour lui éternelles et qu'il va nier quelques années plus tard. C'est formidable!
Il montre aussi le côté "je sympathise avec les médias, je suis quelqu'un de trop cool" avec les scènes où Sarko joue à "je te prends tes notes, ahah qu'est-ce qu'on rigole!" et les miniardises de Ségo qui joue avec ses cheveux.
Notez les yeux qui pétillent et la petite moue qui signifie "je vais bientôt glousser" quand Karl (oui je l'appelle par son petit nom, il a gagné une part de mon estime) lui dit que les députés la trouvent jolie.
2/ Il ne ménage pas les susceptibilités. Ce qu'il y a de bien avec Karl, c'est qu'il y va franco: il balance ferme, ça méthode c'est: extrait d'un discours actuel et on enchaîne avec une scène d'archives qui contredit totalement les dires. C'est bigrement efficace.
De plus, il montre aussi la soif de pouvoir des deux candidats: Sarko qui courre, qui tance des gens au téléphone. Il s'active le Sarko, il n'arrête pas une minute parce qu'il s'est arrêté 7 ans apres la victoire improbable (selon lui) de Chichi. Sarko qui ment comme un arracheur de dents: c'est très bien d'être au placard, je suis très bien au placard, je m'occupe des pigeons, j'ai toujours voulu faire ça.
Y a une scène que j'ai beaucoup appréciée: Sarko, c'est un grand communiquant, un orateur aux accents paternalistes et populistes qui sait comment tenter la confiance des gens. Il sert la main de tout le monde, il embrasse, il caresse, il serre dans ses bras, même ceux qui sont pas très chauds. Et puis à l'enterrement de l'abbé, il est tout penaud sur sa chaise, comme un élève puni. Il y a la voix de l'abbé qui retentit, dénonçant la responsabilité morale des gens au pouvoir dans le calvaire des sans-logis et des mal-logés. Pi notre Sarko, avec sa violation effective et notoire de la loi sur le minimum de logements sociaux, il regarde le bout de ses chaussures, toutes propres et bien cirées.
Il n'épargne pas Ségolène, qu'on voit quémander honteusement devant tout le monde un poste dans le gouvernement Mittérand et que l'on voit s'effondrer quelques minutes plus tard, le corps secoué de sanglots parce qu'elle a pas eu son ministère...
Et toujours cette soif de pouvoir qui leur assèche toute dignité et toute moralité.
3/ Un autre point que j'ai apprécié: la mise en scène: Karl avec sa cigarette et son verre de brandy, confortablement installé à côté du feu crépitant dans la cheminée.
Karl c'est le cynisme drapé d'une fausse élégance. Et moi, le cynisme drapé d'une fausse élégance, ça m'fait marrer!
Votre aimable dissidente politique.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire