dimanche 15 avril 2007

Le parfum, film plus que médiocre


Film réalisé par Tom Tykwer, à l'affiche attrayante, à l'histoire originale, adaptation voulue ambitieuse du livre de l'écrivain allemand Patrick Süskind, est un échec à peine concevable.
Il avait tout pour réussir, notamment un bon casting: Dustin Hoffman et Alan Rickman (j'adore ce type: il jouait dans Raison et sentiments), des acteurs prometteurs comme Ben Whishaw, issu de la Royal Academy of Dramatic Art.

C'est l'histoire d'un garçon qui est mal parti dans la vie: après une enfance misérable (Cosette à côté, c'est la princesse aux petits pois), et après avoir échappé mille fois à la mort, il est vendu dans une tannerie où il crache ses poumons à longueur de journée. Mais le type n'est pas banal, il a un don: son nez est son intelligence; il reconnaît toutes les odeurs, est capable instinctivement de les différencier, de les associer, de les exacerber, de les manipuler à son gré. Il est particulièrement troublé par l'odeur de la peau de jeunes filles (a priori les jolies rousses).
Sa rencontre avec un grand parfumeur aurait pu faire de lui un homme riche et adulé de tous, mais Grenouille (son nom) n'a pas été éduqué: il ne sait pas le nom des choses et ce qui se fait ou ne se fait pas dans la société. Il est comme à l'état sauvage. Il aime l'odeur des filles? Il va les tuer jusqu'à ce qu'il parvienne à reconstituer leur fragrance. Il les tue méticuleusement, sans sentiment, sans acharnement, simplement il les tue. C'est plus facile pour récupérer l'odeur quand elles se débattent pas.

Le réalisateur aurait pu entrer dans le cerveau de Grenouille, faire comprendre qu'il n'a pas conscience, pas d'intelligence, pas de sentiment, tout ce qu'il a, c'est un odorat surdéveloppé. A la place, y a des gros plans de plusieures minutes sur l'appendice nasal de l'acteur, qui, le pauvre, roule des yeux, bouche ouverte, la pupille vide.
Des scènes sont tournées comme au ralenti, avec des plans longs, circulaires, soporifiques. Ca se veut subtil, mais ça me fait l'effet d'un type qui filme son nombril pendant 2h30 en se demandant (en voix off) s'il est le reflet de son existence présente.
Et là, au milieu de ces scènes inutiles et ridicules, le réalisateur a greffé des plans gores et ultra-violents, courts, nerveux, voire hystériques.

Ah, un plan qui m'a bien fait rire et qui résume la bêtise incroyable de cette réalisation: le petit grenouille, encore bébé, qui a été trouvé dans les déchets de poisson bouffés par les chiens, se retrouve à l'orphelinat et, âgé de quelques heures, attrape le doigt d'un orphelin fermement et le sent. (A ce moment là, j'ai vérifié que j'avais mis le bon film dans mon ordi, je croyais que c'était une version d'Alien)
L'extrait est en ligne sur Allociné. (extrait n°1 intitulé "il est mort?")

Je me rallie avec empressement à la critique de Télécinéobs:
"(...) le film, dans son ensemble, est d'une laideur et d'une bêtise assez rares."

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