mercredi 6 juin 2007
Le dernier épisode du clan pasquier
Le Clan Pasquier, mini série en 4 épisodes diffusée sur la 2 raconte la vie d'une famille à la fin du XIXe, début XXe siècle.
On râle souvent sur les programmes télé: entre la 30eme rediffusion de La petite maison dans la prairie alors qu'il y a des séries comme Héroes (génial) ou My name is earl (plaisant) qui pourraient être diffusées en 1ere partie de soirée, les émissions à la con sur les plus beaux jambons, les plus talentueux chanteurs (des vieux has been, des gueulardes, des niais, des rejetons de la star ac', jamais des perles comme Bertrand Belin), c'est au programme qui sera le plus indigent.
La télé est aussi spécialisée dans les séries caricaturales, débiles, non crédibles, mal jouées, plates, et sans intérêt comme "Suspectes", ou "Tropiques amers" dont le premier épisode n'était pas mal du tout mais qui s'est salement vautré dans la médiocrité au fur et à mesure des épisodes.
La Clan Pasquier, c'était bien parti pour être de la même veine: j'ai détesté le personnage du père, un vieux con libidineux égocentrique égoïste qui pourrit la vie de tous avec de grands airs supérieurs. De la compassion pour sa femme trompée et bafouée, je suis passée à l'incompréhension puis au profond agacement: qu'on ne vienne pas me rabattre les oreilles avec les "mais c'était normal à l'époque que les femmes acceptent les infidélités de leurs mari".
Non, faut pas déconner, les moeurs ont évolué avec la révolution industrielle, surtout que là, ça se passe en ville. Des mouvements féministes se sont développés aux Etats-Unis, en Angleterre, qui sont d'ailleurs les premiers à avoir accordé le droit de vote aux femmes.
La mère n'est pas seulement soumise, elle est niaise, un peu simplette. Elle est contente quand "son Ram'" revienne de chez une de ses maîtresses parce qu'il revient.
C'est débile.
Bon bref, je me suis lassée, j'ai regardé le second épisode en faisant autre chose et j'ai occulté le troisième. Hier par hasard, en zappant, je suis tombée sur le 4eme et dernier, et je l'ai trouvé assez magistral.
C'est en fait construit comme une tragédie, à la Racine: tout ce qu'il y a de pire arrive. J'avoue être fascinée depuis longtemps par Andromaque et Phèdre. J'ai l'impression que ceux qui ne meurent pas de mort violente deviennent fous.
Là, dans le Clan Pasquier, la première guerre éclate. Il y a 3 fils: le premier se fait réformer grâce à ses appuis politiques, le second part en base arrière en tant que médecin, le troisième en première ligne. Et leur soeur, portant le deuil de son enfant, toujours à son piano, le regard sombre, à mi-chemin entre la crise d'hystérie et le suicide.
Le dernier des fils se fait déchiqueter la jambe, se retrouve amputé par son propre frère, d'une jambe, puis de deux, la fièvre s'apaise, il guérit, il écrit à sa femme qui a eu un fils (la seule chose au monde qu'il désirait). Il écrit dans son fauteuil roulant dans la cour du lieu qui sert d'hopital, y a un bruit de moteur d'avion qui nous parvient progressivement, et puis la fusillade commence. Seulement, avec son fauteuil, il ne va pas vite, et le fauteuil se coince, faisant de lui une cible parfaite. Il peut rien faire, qu'hurler à l'aide. Au moment où il réussit à décoincer son fauteuil pour aller à l'abri, il se prend une rafale dans le torse et la lettre tombe à terre.
Je crois que c'est à partir de là que tout s'accélère, tout s'assombrit. Et toujours ses plans sur la soeur, à son piano, qui ne quitte pas sa robe de deuil, qui perd un frère, qui en perd un autre et qui perd le dernier de la grippe espagnole, lors de son concert, devant des centaines de personnes, devant ce qui reste du clan Pasquier complètement décimé. Elle a un regard à cet instant, qui devient en quelques secondes, noir, cerné, une expression qui doit ressembler à celle de celui qui a tout perdu.
Bref, un dernier épisode bien plus réussi que les précédents.
Votre dévouée.
Post Scriptum: J'ai trouvé assez juste également le personnage du médecin, collègue de Pasquier, celui qui fume tout le temps et qui, au moment du cessez le feu, sous fonds de musique classique, se grille une cigarette et dit qu'il n'a qu'une envie, c'est voir la mer, il adore la mer de Bretagne, il pourrait même s'y noyer. Il finit par se dire ça pour lui même, le regard vide, le visage inexpressif, comme s'il faisait simplement un constat.
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