jeudi 28 juin 2007

L'homme qui court


Il y a longtemps, j'ai regardé un téléfilm avec ma soeur, un après-midi d'été où on s'ennuyait, une insipide histoire d'une fille laide qui se relooke et envoûte un gentil garçon, bravant les quolibets de son meilleur pote, craneur insupportable sans profondeur. Ce type inbuvable et caricatural, c'était Guillaume Canet, presque la vingtaine, ou peut-être pas encore.
Le film était nul, mais on s'est dit que cet acteur là, il allait monter, on lui donnait quelques années.
En fait, il ne lui a fallu que quelques mois.

Puis, il est passé derrière la caméra avec "Mon idole", que je trouve particulièrement réussi, surtout pour un premier film. Faut dire que Berléand est un des meilleurs acteurs français actuel.
Là, je viens de regarder "Ne le dis à personne", avec l'excellentissime François Cluzet et le non moins talentueux André Dussollier, et j'ai le coeur qui bat à cent à l'heure, les mains tremblantes et un poids sur l'estomac, ce qui fait beaucoup pour un seul film.

En quelques mots, c'est l'histoire d'amours absolus, à différents points de vue, sous fond de thriller à couper le souffle. Le personnage principal perd sa femme, tuée par un serial killer à quelques mètres de lui. 8 ans plus tard, il reçoit un email qui remet tout en cause, toute sa vie, qui le fait douter de la mort de sa femme, de sa vie avec elle, de l'homme reconnu coupable du meurtre, de lui, des flics, des circonstances du drame.
C'est un truc de fou, et comme Cluzet est formidable, on se met à sa place, on se sent mal, essoufflé, traqué, plein de doutes, de questions, d'incompréhension. On cherche à comprendre et on se met à courir. Pour trouver des réponses ou pour fuir une vérité qu'on pensait acquise et qui aurait permis de faire le deuil. Ou les deux.

De toute façon, le deuil sera jamais fait. Y a des flash back incroyables à ce propos, parfois ils ne parlent pas, la caméra passe du visage de Dussollier (le père de la morte) au visage de Cluzet, ravagé par la peine et on manque d'air. Non, franchement, je vous assure, on manque d'air. Ce film aurait dû s'appeler "à bout de souffle", mais on l'aurait accusé de copier le titre du film de godard.

La musique fait beaucoup aussi: c'est fin, dans les moments de traque où il aurait été simple d'envoyer la cavalerie, il a fait un truc où on a l'impression d'être Beck, d'être cet homme fou de douleur, perdu dans ses doutes, bouleversé, amoureux à en sombrer dans la folie d'une femme qu'il n'a pas pu sauver.

Ne le dis à personne n'est pas un film de tout repos, ni pour le corps ni pour l'esprit. C'est un des meilleurs films que j'ai vu cette année.

Il est déjà 14h, faut que je parte à mon rendez-vous, je vais être en retard, encore en retard, faut que je courre.

Votre amie, qui a bonne mémoire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

coucou Olympe,

à la lecture de ton article, tu m'as donné envie de regarder ce film!
faut que je me cultive niveau cinéma moi qui n'ait pas encore vu Amélie Poullain ( oui je sais j'ai au moins cinq ans de retard )
bises
sandrine