vendredi 18 mai 2007
Sophie Scholl, les derniers jours (le film)
Attention SPOILERS.
J'ai découvert l'existence de La Rose Blanche au collège, je ne me souviens plus à quelle occasion, mais c'est resté gravé dans ma mémoire. Peut-être parce que les membres de ce groupe d'étudiants allemands résistant de leur mieux au régime instauré par Hitler étaient très jeunes et que leur fin a été terrifiante. J'aurais pu dire tragique, mais je crois que c'est pire que ça.
Dans le film de Marc Rothemund, le réalisateur le montre assez bien: c'est la fin qui est la plus insoutenable.
Incroyable actrice que Julia Jentsch ! Elle aurait pu jouer la carte des larmes, de la petite fille perdue accusée devant le cruel nazi. Mais non, elle reste stoïque, à peine elle s'essuie ses mains moites dans sa jupe en laine, elle fait mine de ne pas comprendre. Il y a une force incroyable en elle, elle ne perd pas son calme, essaie de convaincre avec une apparente surprise de se trouver dans les locaux de la Gestapo. Son calme a failli lui sauver la mise.
Je pense qu'il y a deux parties dans le film, où le caractère de Sophie Scholl impressionne de deux manières différentes:
Dans la première partie, elle nie. Elle est le petit chaperon rouge, avec sa petite barette, son petit gilet rouge bien fermé jusqu'au dernier bouton et son regard interloqué. Elle ne passe pas son temps à soulever les sourcils, non, on est pas au cabaret: elle regarde le type de la Gestapo comme s'il se trompait et comme si finalement c'était pas de sa faute de s'engager dans ce mauvais raisonnement puisque les apparences jouent contre elle. C'est le coup du hasard.
Et elle développe cette théorie avec une telle apparence de tranquilité que le type se met à douter.
Deuxième partie: ils ont fouillé l'appart, ils ont des preuves et son frère a avoué. Elle est fichu: au mieux c'est la prison, au pire la guillotine. Elle balance tout, elle prend tout à sa charge, tout aussi calmement: elle lui explique son engagement, ses idées, ses valeurs, le fait qu'elle ne peut pas admettre les camps d'exterminations, les humiliations, les passages à tabac, les exterminations des handicapés, les mensonges, la haine. Elle lui dit qu'elle sait tout, et qu'ils savent tout, qu'ils cautionnent tout cela et qu'ils ne pourront pas nier.
Je crois qu'alors, elle suscite l'admiration. Elle sait qu'elle joue sa peau, mais quitte à être jugée coupable, autant tout balancer.
Le pire c'est dans l'espèce de pièce théatre qui fait office de procès, sans véritable avocat, sans véritable droit à la parole, à se défendre, elle pourrait implorer pour qu'on épargne sa vie. Non, elle leur dit qu'ils se retrouveront un jour à sa place.
Quels acteurs ! C'est incroyable le talent des personnages: le frère d'abord, qui va au bout de son sacrifice; l'ami, qui tente de sauver sa vie au "procès"; le type de la Gestapo qu'elle a mis devant ses responsabilités, qui la livre à un procès de pacotille dont il connait d'avance l'issue fatale, dont le doute grignotte l'esprit, dont on espère que la culpabilité l'achèvera; l'"avocat" qui se pisse dessus à l'idée de la défendre; enfin le juge, qui glisse vers la monstruosité, irrité par le courage des gamins, que l'on espère hanté par les dernières paroles de Sophie Scholl.
Enfin, la scène finale m'a complètement paralysée. Je ne m'attendais pas à ce que la violence aille si loin, je pensais qu'on ne verrait pas le lieu ou qu'on le verrait de loin, je pensais qu'on n'entendrait pas, et même si l'écran est noir, il y a ce cri, perçant l'obscurité, plus insoutenable qu'une image d'exécution, le "vive la liberté" du frère.
En fait, c'est l'histoire de quelques personnes, presque des adolescents, au courage indescriptible, tout juste concevable, qui se sont battus contre les idées véhiculées par Hitler et leur mise en application, à leur échelle, avec leurs moyens: des tracts, quelques graffitis, des collectes.
Je tremble là, et ce n'est pas que de froid.
Votre dévouée.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire