vendredi 29 février 2008

"Till the end of time" Devotchka

De l'art de la formule

Histoire de prendre une pose exagéremment longue dans mes révisions (je me dis qu'en ne dormant pas la nuit, j'arriverai peut-être à finir à temps...), j'ai lu quelques critiques ciné, dontcelles du film "coupable" sorti avant-hier.

La formule choc: "On reste abasourdi devant autant de pose et aussi peu de substance" par l'Humanité.

Parler peu mais parler bien.
Il faut avouer que la bande-annonce est effrayante d'ennui, ça transpire la lassitude, le glauque, le sombre, la dépression et le suicide. Oui, tout ça d'un coup.

Amira Casar en blonde péroxydée avec ses sourcils épaix et noirs, vêtue d'une robe jaune qui lui donne un teinte post-gastro, des regards de chiens battus, des mines livides, une lumière froid, blanche, sans vie. Et puis un prétexte en guise de sénario : qui a tué machin? mais en fait tout le monde s'en fiche: dans la BA, ils passent leur temps à murmurer des plaintes en fronçant les sourcils d'un air malheureux.
ça va remonter le moral des ménages!

Remarquez, il existe les deux extrêmes en France: ceux qui ne vont voir qu'Astérix / Taxi et autres "comédies" lourdes mais probablement divertissantes (jamais vu taxi mais les Astérix, outre celui avec Djamel qui était excellent, sont d'une niaiserie insultant mon susceptible neurone), et puis il y a ceux qui vont voir des films expérimentaux en allemand non sous-titré, le ventre vide, un soir d'hiver, quand il fait nuit à 17h, seuls dans la salle froide d'un cinéma indépendant, avec pour seule compagnie le souvenir d'avoir un jour possédé une écharpe en cachemire qui en plus de tenir chaud, était douce, mais qui a malencontreusement péri dans l'incendie de leur appartement, le mois dernier. Du coup, maintenant, ils sont logés chez leurs parents à Coui en région parisienne, dans un pavillon neuf abritant un berger allemand qui hurle à la mort le jour et la nuit, provoquant les plaintes des voisins en justice. Pour oublier que le chien, dans la famille depuis 10 ans et devenu fou par la suite, va se faire piquer sur décision judiciaire, ils vont au cinéma qui projette justement ce soir là "Aguirre ou la colère de Dieu" en VO non sous-titré.

Et il y a les gens, comme moi, qui aiment les comédies (genre Astérix avec Djamel), les thrillers, les histoires romantiques, les histoires de société, les grandes productions made in USA pas trop bêtes (Minority Report), les films indépendants, les documentaires, qui apprécient de regarder des films en VO (j'étais allée voir un superbe film hidou en VO heureusement sous-titré: "Lagaaan"), et qui pourtant refusent de payer 5 euros pour aller se faire chier au nom d'un pseudo intellectualisme.

Tout ça pour dire que je comprends les critiques sévères.
D'ailleurs: "Comment pourrions-nous nous intéresser à des personnages qui ne sont que de pures abstractions pseudo-poétiques, assez irritantes, perdues dans des décors totalement sordides ?" Les Inrockuptibles

Ah voilà, c'est le mot que je cherchais : sordide. Le sordide soupoudré de drame glauque après une journée de labeur, non merci.

Votre dévouée, qui critique un film en ayant vu que sa bande-annonce (vilaine).

lundi 25 février 2008

Nouvelle Star 2008

Oui, j'ai regardé la nouvelle star, je regarde parfois les sélections sauvages et cruelles, juste avant qu'ils commencent à exiger d'un auteur-compositeur bluesman de beugler du maria carey en se trémoussant, toute retenue anéantie. En fait, j'arrête à ce stade : quand le "jury" impose des chansons, des thèmes, des styles, des performances à des gens qui ne devraient pas accepter.

D'ailleurs, en parlant de jury, outre Manoukian, toujours en dehors des clous mais la libido à fond les manettes, Lio et Manoeuvre sont deux bonnes surprises. Lio parce qu'elle a souvent un air attéré par les niaiseries qu'elle entend, et Manoeuvre parce qu'il est plutôt drôle avec sa panoplie de papy-rockeur. Reste le blondinet qui jusqu'à présent a été insignifiant.

la Nouvelle Star est un concept qui ne laisse pas indifférent : de quel droit trois types et une nana se permettent de dire à une personne qu'elle est nulle, qu'elle chante faux, qu'elle est ridicule, pathétique, ringarde? Du droit qu'ils ont de leur vécu allez-vous me rétorquer. Personnellement, que ce soit Lio ou Sinclair, leur carrière n'est pas particulièrement grandiose même si Sinclair semble avoir eu un certain succès à un moment.
Manoeuvre, je ne le connaissais pas. Et Manoukian est plus connu pour ses propos que pour son talent.

Le second problème réside dans le lynchage sans pincettes souvent utilisé: quand il s'exerce sur des personnes qui savent très bien au fond d'elles-mêmes qu'elles n'ont pas le talent suffisant pour percer, c'est drôle. Idem pour les rigolos, les glandeurs, les ringards qui s'assument et qui en jouent.
Et puis il y a les autres, les ringards qui n'ont aucune conscience de leur degré de ridicule, les chanteurs de bal populaire qui croient dur comme fer en leur potentiel, les yeux plein d'étoiles et les cheveux plein de laque. C'est là que c'est terrible.

Comme ce type affublé d'une casquette tout en paillettes, qui anime des soirées de "convivialité" pour vieilles en braillant des chansons de frédéric françois, donne des cours de chant et qui se prend en pleine face tout le mépris et l'exaspération teintée de moquerie que suscite sa "prestation". On lui fait comprendre en trois mots qu'il s'est trompé sur toute la ligne: il chante mal, s'habille mal, que c'est un ringard, un mauvais, un petit rondouillard qui passera sa vie à ratisser des terrains de tennis, tout rêve anéanti.
Et là, généralement, le spectateur moyen à qui il reste un chouia d'humanité ne rigole plus, parce que le spectateur moyen chante mal, s'habille mal faute de fric, a un boulot de merde mais plein de rêves. C'est tout ce qui lui reste: l'idée brillante et grandiose qu'il n'est pas un simple être humain qui galère pour boucler les fins de mois, qui s'emmerde dans sa vie professionnelle, qu'il a un don le rendant unique, qu'il a un avenir rempli de succès et de gloire, qu'il a un but autre que de ratisser des terrains de tennis ou manucurer les ongles de Josette, la voisine retraitée.

C'est ce qu'il y a d'effroyable dans la Nouvelle Star: cette manière cynique de casser la part de rêve des gens, de les ramener brutalement à la réalité.

Heureusement, la plupart du temps, c'est quand même des casseroles qui s'assument et qui font ça pour le fun. Enfin j'espère.

Votre dévouée.

vendredi 15 février 2008

Sombre avenir pour les enfants

Pour contrer sa chute sans fin dans les sondages, Nabot lance des idées à la va vite comme on lance des cacahuètes à des singes. Le problème est que, non seulement beaucoup des gens apprécient peu d'être traités comme tels, et également que les idées en question peuvent se révéler nuisibles.

Nouvelle idée en date : faire suivre à un enfant de dix ans la route d'un enfant déporté durant la seconde guerre mondiale.

En entendant ça, je n'en revenais pas. Il a lui-même un enfant de dix ans, comment est-ce qu'il peut même envisager de le faire plonger dans la monstruosité nazie? Je ne comprends pas. Le devoir de mémoire est indispensable, mais pas permettre l'identification d'un enfant à un autre enfant qui a été martyrisé, assassiné.

Quand j'ai appris ce qu'était la Shoah, j'étais au collège, et pendant cette heure de cours d'histoire, ça a été comme si on devenait adulte d'un coup. Je me souviens du silence de plomb dans la classe. Il y avait des photos dans le livre, dont une d'un homme dans un camp de concentration, qui ressemblait à un squelette. Il y avait juste son visage qui prouvait qu'il était encore vivant. Il était soutenu par deux types en costumes rayés alors que lui était nu.
Le gamin le plus turbulent de la classe, le casse-cou, le perpétuel collé du mercredi, s'est écrié: "putain, il fait comment pour tenir debout?" et il y avait une angoisse indiscible dans sa voix, mêlé à un effarement paralysant. Vous voyez, ça va faire dix ans que ça s'est passé et je m'en souviens comme si c'était hier.

Ce jour là, on a entrevu l'idée que l'homme, l'homme ordinaire pouvait non seulement tuer un autre homme, mais organiser à une échelle industrielle l'assassinat de femmes, d'hommes et d'enfants pour une question d'appartenance à une religion.

Imaginez maintenant un gamin de dix ans, qui vit avec ses parents, avec ses frères et soeurs, dont la vie se résume à aller à l'école, jouer avec les copains, manger en famille, regarder des séries à la télé. Et puis un jour, on lui dit que l'homme peut sortir de l'humanité, devenir un monstre,que ça s'est déjà produit et que pour qu'il ait bien conscience de ça, il va travailler sur le destin d'un enfant victime de cette barabarie.

Evidemment qu'il va y avoir identification, culpabilité, un poids énorme sur ses épaules, il va prendre conscience de l'horreur, comprendre qu'il y a eu des enfants, des enfants comme lui, traqués, marqués, séparés de leur famille, transportés comme du bétail, terrorisés, parqués, gazés puis brûlés. Ou assassinés d'autres manières, par des expériences médicales par exemple, ou mourrant de maladie, agonisant seuls dans un enfer créé de par l'homme.

Contrairement à ce que prétend notre président, dix ans, c'est trop tôt pour être confronté à l'insupportable, et c'est trop tôt pour comprendre, pour en tirer des leçons, pour réfléchir sur l'homme, sur son histoire, sur son avenir, sur sa nature. C'est trop tôt pour comprendre que l'homme peut devenir un monstre. A dix ans, on est un enfant, on a droit à cette période, l'enfance, l'insouciance.
Le devoir de mémoire, s'il est vrai qu'il est indispensable, doit se faire plus tard, avec une maturité suffisante et avec une force psychologique suffisante.

Une génération de dépressifs, de suicidaires ou de fous en puissance?

Votre dévouée, qui ne remercie pas les 53% de français ayant porté Nabot au pouvoir.

lundi 11 février 2008

Tête à claques du jour, bonjour.


Ce midi, j'ai eu la surprise de voir au JT le fils de notre bon président, que je confonds d'ailleurs avec son frère, avec le fils de la princesse de mocano et avec probablement toutes les têtes à claques qui circulent dans les journaux pour dames-chez-le-coiffeur.

Fils de, une coupe de cheveux improbable, une chemise déboutonnée, une main dans la poche et un air suffisant, méprisant, ridiculement supérieur, qui lui donne un air de petite frappe.
Sur la question de mauvais goût, je n'ai pas grand chose à dire, à part que je prends en pitié les gens qui doivent le cotoyer.

En revanche, laissez-moi dire un mot sur son attitude vis à vis de Oui-Oui, l'ex-parachuté de Neuilly, devenu le lynché niais de l'UMP.
Qu'avons-nous donc en face de nous?

D'un côté un type, raillé par tous et Canal notamment, manquant cruellement de charisme, dérivant parfois dangereusement vers la niaiserie, mais tout de même énarque et bouffi d'ambition (en témoigne son acceptation à se faire traiter d'imbécile devant l'amérique tout entière, l'ambition à ce point là, ça a quelque chose de la logique sacrificielle).

De l'autre côté, un post-adolescent (difficile tranche d'âge masculine), à l'apparence nuisible pour lui et pour les autres, fils de Sarko 1er, dont les compétences sont aussi incertaines que l'est son style (a-t-il un diplôme? un bac au moins?) et qui manifeste un mépris insultant envers Oui-Oui.

Il faut bien que j'avoue avoir rarement remarqué un tel mépris en politique, surtout de la part d'un type qui n'est pas un homme politique, qui ne puise son assurance que dans son lien de filiation et qui parle à la caméra comme si cela pouvait lui donner une quelconque légitimité.

Ce qui me choque dans cette histoire, c'est :

1/ Le parachutage en lui-même de Oui-Oui, qui n'a rien à faire à Neuilly, comme Rachida Dati n'a rien à faire à Paris.

2/ La violence du désaveu: j'ai l'impression qu'on lui a dit "Oui-Oui : poubelle". Alors que c'est quand même un homme politique, qui a fait de hautes études, qui a une expérience dans la sphère politique. Il est nul, d'accord, il n'a rien à faire à Neuilly, d'accord, mais c'est un homme politique. C'est pas le cas de tout le monde.

3/ Que celui qui le congédie est un post-adolescent qui se croit le nouveau Kennedy français (qu'est-ce que les journaux ont pu dire comme conneries à ce propos lors de l'élection de son père) en raison, non pas de son expérience professionnelle, de ses diplômes, de ses capacités, mais en raison de son lien de filiation avec le Président.

Alors, une petite question me titille le neurone:

le dernier pas vers une république bananière a-t-il été franchi? Parce que quand même, si on se met à accorder une légitimité, un poids politique, voire pourquoi pas dans un avenir proche, un emploi hautement qualifié avec le salaire afférent, à un type qui n'a en guise de CV qu'un code génétique, où va la France, ma bonne dame?


Votre dévouée, qui parle à une dame.


Post-scriptum : idole gay? : lien.

mercredi 6 février 2008

La citation du jour

"Le bonheur d'être beau ne le cédait qu'au bonheur d'être baronnet..." Jane Austen dans "persuasion" à propos du père d'Anne.

Ce que j'adore chez Jane Austen, outre son absence de mièvrerie dans la description d'une situation amoureuse, c'est la description de personnages médiocres et ridicules. Comme Mr Collins dans Orgueil et Préjugés ou le type et sa belle-mère qui veut marier tout le monde dans Raison et Sentiments (je ne me rappelle plus leurs noms).
C'est à la fois grinçant et terriblement juste. On l'imagine très bien, dans Persuasion, ce vieux-beau égoïste, imbu de lui-même, suffisant, indifférent à tout ce qui n'est pas lui: sa beauté et son titre.
Le roman commence en expliquant que "pour se divertir", il "ne prenait jamais d'autre livre que le Baronnetage" (registre où sont inscrits les noms des baronnets). Le Who's Who de l'époque en quelque sorte.
Hi. Si Jane Austen avait fait cohabiter Mariane Dashwood avec ce type, ça aurait fait des étincelles.

Bon, au revoir, il faut que je parte au labeur.

Votre dévouée.

dimanche 3 février 2008

5 milliards d'euros


J'écoutais Europe 1 ce matin, en me brossant les dents laborieusement (je ne suis pas ambidextre) quand une tripotée de journalistes se sont mis à débattre sur la culpabilité de la société générale dans l'affaire des 5 milliards de perte. Cela sans preuve, sans éléments objectifs, sans rien savoir de la réalité, simplement sur des hypothèses et suppositions. Je trouve ça très fort.
Personnellement, je ne retiens pour l'instant qu'une chose : cinq milliards d'euros. Si j'arrivais à me le représenter, j'en aurais la tête qui tourne. Mais je n'y parviens pas. Cinq milliards d'euros. Mon imagination débordante nourrie aux films de gangsters y voit des valises en cuir marron débordantes de billets verts s'envolant au vent, entassées les unes sur les autres. Une écriture électronique de 10 chiffres. Quelques courtes années de salaires pour certains chefs d'entreprise, une bagatelle pour Bill Gates, de la science fiction pour le reste de la population.
De quoi construire des écoles, des hôpitaux, de quoi financer la recherche médicale, de quoi redonner espoir.
Cinq milliards d'euros perdus au jeu dans ce qui semblerait être une quête de reconnaissance.
J'ai entendu parler de quelqu'un, qui a eu un rôle dans un conte populaire allemand avec le docteur Faust, et qui doit rire de l'affaire de la SG sans pouvoir s'arrêter.

Votre dévouée, qui ne dénigrerait pas de vendre l'âme d'un de ses personnages pour cinq milliards d'euros.

samedi 2 février 2008

Pot pourri de nouvelles

Alors voilà, je suis tombée, j'ai les genoux entièrement violets et le coude qui se déplie plus. J'ai regardé un film avec des personnages rongés par les regrets, qui se taisent sur leur malheur et babille sur le temps qu'il fait. J'ai bientôt fini mon stage et dans quelques mois je passerai mon concours. J'ai envie de courir, comme le type dans "ne le dis à personne" qui court comme s'il avait le diable à ses trousses et qui finit par se vautrer dans un virage, à bout de souffle. Dans l'adaptation ciné avec Cluzet, il tombe et se blesse au coude.

Et malgré tout ça, le monde tourne : Nabot a épousé Carla Bruni en troisème noces et les paris sont ouverts concernant la durée de cette union (personnellement, je table sur deux ans maximum, l'un ayant un probleme de constance généralisée vu qu'il y a deux mois il clamait encore son amour pour Cécilia, et l'autre revendiquant un état de polygamie perpétuel).
Garde patience, électeur, et endure notre Berlusconi français.

J'ai de plus en plus de mal à écouter ses déclarations incohérentes et contradictoires : un jour il annonce que les municipales sont un enjeu national pour l'UMP et le lendemain que non, non décidément, les journalistes sont des cons, ils ne comprennent rien à rien. Un jour, il faut que Bouton démissionne puis le lendemain : la Société générale est une banque privée, l'Etat n'a pas à lui dicter une conduite. Un jour c'est la mort des 35 heures, le lendemain, c'est pas du tout ça, c'est la faute aux journalistes.

J'ai l'impression que Nabot voudrait importer les conditions d'existence des journalistes russes en France, histoire de leur montrer qui a toujours raison dans cette société.
Ou alors il se contente de généraliser les conférences de presse présidentielles sans droit de réponse. C'est sympa comme méthode : un journaliste incompétent (pléonasme forcément) pose une question stupide, nabot répond par oui ou non ou mieux: il descend l'importun, tout le monde se marre et le tour est joué.

Avé Nabot, morituri te salutant!

Bon, j'arrête, je vais m'énerver toute seule et c'est mauvais pour mon coude.

Adieu, donc.
Votre éternelle dévouée.