jeudi 24 avril 2008

Natalia Vodianova par Paolo Roversi

Paolo Roversi. Photographe italien, né juste après la guerre. C'est tout ce que je sais de lui et le reste se lit dans ses photos. Je suis tombée par hasard sur son site pendant que je tentais de digérer tout le chocolat frénétiquement ingurgité tout à l'heure.

C'est sombre, très sombre, certaines photos sont dérangeantes parce que parfois la nudité y est exposée tristement : il n'y a rien de sensuel, rien qui serait un hommage à la beauté de la femme, c'est plutôt comme une représentation de la tristesse : ce sont des côtes, des poses un peu torturées, des mains qui tentent de cacher.
Je me trompe peut-être, je ne connais pas Paolo Roversi, je ne sais pas ce qu'il cherche à dire, je ressens simplement ses photos de cette façon.

Au milieu de tous ces visages étranges, corps maigres et anguleux, il y a un portrait qui m'a frappé : celui du mannequin Natalia Vodianova, très jeune, probablement au tout début de sa carrière. On lui donne à peine 12 ans sur cette photo, mais c'est son regard qui est troublant. Qui connaît un peu son histoire (les férus de Wikipédia ou les abonnés de ELLE) se trouve confrontée à la petite fille qu'elle a dû être.
Un jour j'ai vu une photo dans un article sur les bidonvilles en Amérique Latine, je crois que c'était au Brésil, qui représentait une fillette sur une montagne d'ordures, cherchant visiblement de quoi se nourrir. Elle était brune, avec la peau mâte et des yeux noirs mais elle avait le même regard : celui qui en a vu tellement que ce n'est même pas racontable, celui qui sait ce qui l'attend si ça tourne mal, celui qui saura aussi se défendre en pareil cas.

Bon ben c'est pas drôle tout ça. Je fais jamais de blague dans mon blog, ça doit manquer.
Votre dévouée, juriste.

mardi 22 avril 2008

Echange femme contre chèvre

Information piquée dans les actualités yahoo :

"Un fermier bulgare a échangé sa femme contre une chèvre sous prétexte qu'elle ne pouvait pas lui donner d'enfants.
Stoil Panayotov a pris sa troisième femme, et l'a emmenée au marché le plus proche afin de l'échanger contre une chèvre de 8 ans, prénommé Elena.

Afin de se justifier, Stoil a avancé le fait qu'un de ses amis, le jour précédent, lui avait confié qu'il n'avait vraiment pas de chance avec les femmes, et qu'il aimait beaucoup la femme de celui-ci:
"le marché a été conclu avec l'approbation de ma femme. Au final, la chèvre a donné naissance à trois nouveaux nés, et ma femme à aucun. Mon ami a vraiment fait une bonne affaire, car j'ai reçu une chèvre d'occasion pour une femme neuve"
.

Passée la sidération à la lecture de cette information, outre une colère froide sous un rire jaune de façade, plusieurs choses me viennent à l'esprit :

1/ Il s'agit d'une "transaction" effectuée en Bulgarie, Etat ayant adhéré à l'Union Européenne en janvier 2007.

2/ Il s'agit d'une transaction, un échange d'un être humain contre un animal, comme si la femme (qui est un être humain, si, si, je vous assure, elle a même une âme même si les hommes et l'Eglise en ont douté pendant des siècles!) était un animal ou une chose.

3/ Il s'agit d'une situation de polygamie, puisque "l'objet de l'échange" est sa troisième femme.

4/ "Mon ami a vraiment fait une bonne affaire, car j'ai reçu une chèvre d'occasion pour une femme neuve". Genre, s'il avait eu un tracteur neuf ça aurait été sympa aussi.

Qu'est-ce qu'on peut donc faire face à une telle inhumanité? J'ai envie de dire, une imbécilité, et ce n'est pas pour insulter ces deux hommes (dont la capacité intellectuelle me parait toutefois faible), c'est simplement que je ne comprends pas comment, dans un pays européen, en 2008, une femme peut être traitée comme une chose. De manière officielle j'entends : elle est l'objet d'un contrat, un échange, comme un tracteur.

C'est là que devrait intervenir l'Union Européenne : elle qui rappelle à l'ordre les Etats en cas de violation de la concurrence, en cas de problèmes économiques, devrait s'intéresser de près au social et aux droits de l'homme.

- D'abord, il y a un déficit flagrant d'éducation : si ça ne va pas de soi dans certains pays ou dans certaines cultures, il faudrait inculquer cette vérité : la femme est un être humain, dotée d'un esprit, d'une faculté de penser, de s'exprimer, de réfléchir, la femme n'est pas une chose, ni un animal, ni un vagin, la femme est un être humain, dont la dignité et l'intégrité sont protégées par les conventions internationales ET par l'Union Européenne. La femme est l'égale de l'homme. On ne peut pas vendre une femme, on ne peut pas l'échanger contre une poule, un oeuf, une chèvre, une poutre ou un tracteur.

Je crois qu'il faut vraiment insister sur ça :
1/ Femme = être humain
2/ Femme # utérus. La femme n'est pas qu'une machine à fabriquer les bébés, ni un truc sympa qu'on peut utiliser quand on veut pour avoir du plaisir. Non, non, non.

- Ensuite, il faut sanctionner de tels comportements : un Etat, et notamment un Etat européen, qui fait partie de l'Union Européenne, NE DOIT PAS accepter de telles transactions. La justice bulgare doit se saisir de cette affaire et procéder sur 2 points :

1/ La polygamie doit être condamnée : on ne peut tolérer une situation qui maintient la femme dans une situation d'infériorité et de machine à faire des bébés.

2/ Une transaction ayant pour objet un être humain ou une partie d'un être humain (ça vaut aussi dans : "échange rein de ma femme contre poule"!) doit être déclarée illégale et les auteurs doivent être poursuivis. En ce qui concerne les chefs d'inculpation, c'est à la législation bulgare de les prévoir, il lui suffira de se calquer sur les législations des autres Etats européens et de RESPECTER les conventions internationales et européennes, notamment la convention européenne des droits de l'homme.

J'ai fait un gros effort pour réfléchir pseudo-posément à une réponse juridique acceptable : ma première impulsion aurait été de répondre à la barbarie par la barbarie en demandant à ce qu'on tranche les testicules de ces deux salopards à l'aide d'un couteau rouillé arrosé de jus de citron. Cependant, ce n'est peut-être pas une bonne solution.


Votre dévouée, qui marque dans son agenda, pour se rappeler que rien est acquis : Bulgarie, Etat européen, avril 2008 : une femme vaut une chèvre.

jeudi 17 avril 2008

Souffle de vent chaud


Je suis allée voir le concert de DevotchKa le weed-end dernier, ce qui était le meilleur concert de ma vie, devant Andrew Bird et les Yeux Noirs. J'aurai voulu que ça dure toute la nuit, j'aurai voulu danser, et pour que cette envie naisse en moi alors que j'ai autant de rythme qu'un candidat à la Star Ac, il faut que la musique soit réellement formidable.
C'est le cas de celle de Devotchka : tout le monde crie, chante, tape des mains et des pieds quand ils se mettent à jouer, c'est comme un tourbillon, il faut pas fermer les yeux sinon tu perds l'équilibre et t'es transporté ailleurs, dans un pays avec des vieilles femmes qui lisent l'avenir dans des roulottes, des moustachus qui jouent du violon avec tellement d'émotion que ça arracherait la larme à un inspecteur des impôts, parfois, il y a même un cirque avec des jongleurs, des trapézistes, des dresseurs de fauves et des contortionnistes, et tout le monde finit toujours par chanter à tue tête en frappant le rythme de toutes ses forces.

Je dois avouer aussi que les élairages du Café de la Danse étaient sensationnels, et rendaient le spectacle encore plus magique.

Maintenant, j'ai même un t-shirt Devotchka. Rouge et noir.
Ô Joie, je le mettrai au grand oral ! Hi.

Votre dévouée.

vendredi 11 avril 2008

Quel intérêt pour le parcours de la flamme ?


Je ne vois plus trop l'intérêt du passage de la flamme maintenant qu'elle est cachée ou entourée d'une horde de chinois au service de leur gouvernement qui crient, gesticulent et arrachent la moindre pancarte, le moindre bout de tissu représentant le drapeau tibétain, brandi pacifiquement par quelques manifestants.
Les JO, normalement, c'est un rendez-vous sportif fraternel. Pour une fois, je ne suis pas loin d'être d'accord avec Dray (diable!) qui considère le CIO comme premier responsable : quelle idée de faire les JO à Pékin!
Il savaient très bien que le gouvernement chinois allait faire "le ménage" juste avant les jeux, durcir son endoctrinement, museler la presse, les opinions dissidentes, renforcer les contrôles de police, histoire qu'à l'arrivée des occidentaux la Chine paraisse être le nouveau Candyland: verdoyant, design avec une population disciplinée et souriante qui chante et danse à la gloire de leur prospérité.
Faire les JO à Pékin, c'est renforcer le régime autoritaire, et peut même passer pour une récompense.

Autre chose : quand on boycotte la cérémonie d'ouverture, on le dit, on tourne pas autour du pot en se dandinant sur un pied, le rouge aux joues et un doigt sur la bouche ! Je trouve Gordon Brown et le pst de l'ONu ridicule sur ce point : quand on prend une décision, on l'assume.
On a des leçons à tirer d'Angela Merkle sur ce point. Décidément, elle force le respect cette femme: elle remet à sa place Sarko (qui passe son temps à la secouer par le cou, ce qui est beaucoup moins galant que le baise-main moyennageux de Chichi), elle a été la première à dire que l'attitude de la Chine envers le Tibet était inacceptable, elle a pronconcé ce discours en hébreu à propos de la Shoah et de la responsabilité du peuple allemand, ce qui était périlleux...ect
Et au moins, elle porte sa fonction : elle se tient droit, elle ne plotte pas ses collègues, elle ne se bidonne pas pour un oui ou pour un non, elle n'envoie pas de sms sur son portable pendant qu'un grand dirigeant parle...

Votre dévouée.

jeudi 10 avril 2008

Un garçon génial

Il fut un jour où j'ai trouvé un livre de "Tom Cutler" intitulé "211 idées pour devenir un garçon génial", dans une chic librairie de ma ville, ce genre de librairie qui vend en produit phare le recueil de poésie de Schopenhauer en allemand, collection prestige (hi, cette idée me fait beaucaup rire, que voulez-vous on n'a pas les mêmes valeurs). Mais cette remarque va faire de la peine à ma copine Pauline, titulaire d'un CAPES de lettres à l'honorable âge de 23 ans et probablement titulaire de l'AGREG à 23 ans et demie, donc je la retire (c'est une fan de Schop').

Bon. Alors oui, ce livre est très drôle, et même si la personne à qui je l'ai offert l'a mis dans les toilettes, je n'en tire aucune conclusion.
Il s'agit d'un recueil de propos bêtes et inutiles, de préjugés ridicules, de choses absurdes à faire pour soit-disant passer pour un type génial. Genre comment marcher sur des charbons ardents, peindre une porte, construire une luge qui glisse vraiment, enlever son slip sans retirer son pantalon, arrêter à mains nues un train en marche, jouer aux billes avec des têtards en alu, ou encore le guide "sumo pour débutants". Y en a plein !

On apprend plein de choses à ressortir un jour où personne n'a rien à dire dans un dîner de famille: Bruce Lee, star du kung-fu, était diplomé de philosophie, la plus grosse pastèque du monde pèse le poids colossal de 134 kilos, une feuille de papier pliée 50 fois en deux mesurerait 100 millions de kilomètres d'épaisseur, la championnat du monde de conker a lieu le deuxième dimanche d'octobre en Angleterre (le Conker étant un jeu à base de marrons)...ect

Votre dévouée, qui n'est pas avare de bon conseils.

mercredi 9 avril 2008

Amsterdam


Amsterdam le week-end dernier : c'était la première fois de ma vie que j'allais aux Pays-bas. Amsterdam est schizophrène : y a des familles qui trimballent leurs petites têtes blondes dans des chariots devant leurs vélos (les hollandais circulent à vélos, ce n'est pas un cliché, il y a véritablement très peu de voitures et tant mieux!), des gens sains, frais et dispos qui font leur jogging dans les parcs verdoyants, des familles qui vivent dans de très jolies demeures construites il y a des siècles tout en hauteur, qui prennent parfois leur bateau sur les canaux, sous le soleil froid du printemps.
Et puis il y a le côté "Gotham City" d'Amsterdam : la drogue en vente libre, en libre consommation, les maisons closes avec des prostituées à peine majeure dans des vitrines comme les objets que n'importe quel magasin peut vendre.

C'était peut-être à cause du froid polaire, mais j'ai pas bien compris le mode de fonctionnement des néerlandais : à 17h les magasins ferment, le froid tombe et vous glace jusqu'au os. Si vous vous baladez, vous découvrez des paysages magnifiques, avec des maisons à l'architecture bancale et charmante, chargées d'histoire. Vous vous promenez, le soleil fait sintiller l'eau des canaux, il n'y a pas de bruit de moteurs, de voitures, pas de saletés partout par terre, des petits cafés sympathiques, des terrasses sous les arbres, des ponts comme dans les contes, bordés de vélos, et tout ça est merveilleusement romantique. Si vous traversez le grand parc dans le quartier des musées (musées d'ailleurs où sont exposés des Van Gogh, Wermer et Rembrand), vous découvrez une nature préservée, avec des oiseaux de toute sorte.
Mais si vous regardez mieux, les petits cafés sont souvent des "coffee shop" où le shit est roi et si vous vous perdez dans certains quartiers, vous tombez nez à nez avec des vitrines vivantes.

L'Etat néerlandais pourrait être qualifié de mafieux : il autorise la prostitution et prend un impôt sur les maisons closes, devient par là proxénète, il autorise et prend un impôt sur les coffee shop et devient par là dealer.
Ce qui m'a le plus interpellée, c'est les vitrines, le symbole de la déshumanisation de la prostituée. C'est comme dans n'importe quel magasin : la marchandise est présentée avant d'être achetée. Seulement là, la marchandise, c'est une personne humaine titulaire de droits, dont la dignité est protégée par les conventions internationales.

On me disait, face à cette remarque : "oh mais elles le veulent bien". Outre le fait que cette phrase est ignoble, là n'est pas la question : la cour européenne des droits de l'homme a sanctionné les relations SM consenties parce que c'était dégradant, pas parce qu'il n'y avait pas eu consentement des personnes.
C'est comme l'allemand qui avait consenti à être mangé par un autre type : c'est de la complicité de cannibalisme, quelque soit son consentement.

On ne peut pas tout se permettre dans une société. De plus, en ce qui concerne leur pseudo consentement, va falloir relire Zola. Les gens sont parfois poussés à des extrémités par la misère et le malheur.
La société néerlandaise en est responsable mais en plus, elle ne semble rien faire rien pour l'enrayer : elle ne crée pas des structures de réinsertion, elle favorise la misère en légalisant la prostituion et la drogue (et en se payant sur elles).

Tout ça est étonnant. Tout comme ces femmes entièrement voilées de noir de la tête aux pieds, avec un grillage sur les yeux (comme au pays des talibans) qui font leur course "habillées" ainsi, entre les coffee shop et les sex-shop.
Il y a un truc qui cloche : toutes ces manifestations extrêmistes, que ce soit les religieux musulmans d'un côté et l'extrême liberté de l'autre, affranchie de toute morale.
Et pourtant, il y a des néerlandais qui vivent paisiblement, des familles bio-écolo qui font leur jogging et promènent leurs gamins à vélos comme si de rien n'était. Qui paraissent heureux. Qui semblent n'avoir aucun problème à cohabiter avec les coffee-shop et les maisons closes.

Je comprends mal, et après tout peut-être qu'il ne faut pas essayer de comprendre en quelques jours une société battie sur des siècles d'histoire tourmentée.
Je retiens donc les paysages, les fleurs, les canaux, les bateaux, les ballades à vélos et les cappucinos pris sur la grande place. Je retiens le soleil froid du printemps et la paisible nature.

Votre dévouée, qui a eu un an de plus lundi.

mercredi 2 avril 2008

Le vilain lutin parle anglais comme un chien



Hihi.
Je crois que l'expression "le vilain lutin" va remplacer "Nabot" dans mon vocabulaire.