lundi 18 août 2008

Musique Yiddish

Je découvre des chansons yiddish du début du siècle dernier, des vieux morceaux poussiéreux qui grésillent, que je drevrais écouter sur un gramophone et que j'écoute sur des mp3. Je ne comprends pas les paroles et pourtant c'est bouleversant.
Si je ferme les yeux, je vois des pieds nus sur une route de campagne chauffée par un soleil de plomb. Il y a une estrade avec des gens qui dansent devant un orchestre, il fait incroyablement chaud, c'est peut-être à cause de ça les pieds nus. La route mène au kiosque en bois blanc un peu pourri où joue l'orchestre. Un vieil homme regarde les danseurs, assis sur une petite chaise bancale, la pipe à la main, avec un grand sourire où manquent quelques dents. Il a une mèche de cheveux blancs qui lui tombe dans les yeux, un visage buriné par le soleil, creusé par les rides. Il rit quand la musique accélère. C'est à la fois profondément triste et plein de joie ces chansons-là, c'est comme le vieillard : il y a toute la douleur du monde dans son regard et pourtant, il rit, il a l'air heureux d'être là, la musique est entraînante, les gens dansent, le soleil apporte la lumière et la chaleur, tout va bien.

On dirait les ancêtres de certaines chansons des "Yeux Noirs", je ne comprends pas comment ils arrivent à faire ça : donner envie de pleurer et de rire en même temps, raconter toute une histoire, la transmettre sans qu'on ait besoin de savoir le yiddish, prendre celui qui écoute, l'emporter avec eux, lui montrer plein de couleurs, de paysages, de gens avec leurs tourments, leurs joies et leurs peines et puis le reposer dans son siège quand la chanson se termine; on a alors l'impression d'avoir rêvé et d'avoir des souvenirs plein la tête.

dimanche 17 août 2008

Attaque de méduses

Flam's, sale traître


Il y a un an ou deux, on a découvert Flam's un soir près de Saint Lazare : il était tard, il faisait froid et on avait faim. Depuis, c'est devenu notre QG et un défi permanent.

Explications: Flam's c'est une chaîne de petits restaurants aux couleurs chaudes (jaunes et rouges), avec des jolies tables en bois, qui propose des menus de flammekueches à volonté. D'où le défi, vous comprenez. Pour les profanes, les flammekueches sont à l'origine une spécialité alsacienne : une pâte extrêmement fine, recouverte d'une couche de crème fraîche, des petits lardons et du gruyère, le tout passé quelques secondes dans un four brûlant.
Après, ça se décline en : crème + lardons + roblochon + pommes de terre ; crème + lardons + champignons + gruyère ; crème + lardons + chèvre + miel ... etc

Avant à Saint Lazare, il y avait une affreuse serveuse qui ne souriait jamais, et une vieille chaîne hifi qui grésillait des tubes de kékés; heureusement, la révolution est en marche.
Le seul problème, c'est que le "à volonté" est extrêmement traître : on essaie toujours de battre le record de la fois précédente.

Moi : 5
Bien-Aimé : 7
(D'après la serveuse, le record absolu jamais inégalé : 12.)

Attention, pour la survie de candidat, il faut impérativement prendre la coupe colonel en dessert (glace au citron noyée dans de la vodka) sinon, tu ne te lèves pas, jeune téméraire. Tu restes cloué à ta chaise et on se ressert encore et encore des flammekueches jusqu'à ce que mort s'en suive. Et la nuit, tu fais des cauchemars où on te force à ingurgiter des flammekueches qui parlent. Redoutable.

VD.

mercredi 13 août 2008

Marseille, août 2008


Marseille, c'est bleu et jaune, chaud, très chaud, bruyant, sale, avec des odeurs étranges d'égoût un peu partout, d'une beauté à couper le souffle la plupart du temps, d'une gaieté absolue tout le temps.
A Marseille, les gens ne parlent pas, ils s'esclaffent, ils crient en rigolant : au voisin de l'immeuble d'en face à partir du balcon d'où pend des vêtements fraîchement lavés, au touriste fada parce qu'il a traversé sur le passage piéton au feu vert au lieu de laisser passer la voiture qui prend un virage sur deux roues, à n'importe qui pour n'importe quoi, pour raconter une blague, pour rire du soleil qui tape, pour commander un pastis (en traînant les tongs), pour commenter le dernier match de l'OM, pour parler au téléphone en hurlant littéralement afin que toutes les personnes à trois kilomètres à la ronde soit au courant que sa mère, oui sa mère, c'est une vieille femme.
Je soupçonne le marseillais de respirer la joie de vivre, d'être un brin indolent (notamment les serveurs au restau : un repas dure en moyenne 3h), de ne pas connaître le mot "stressé" ou "pressé", et de demander une pièce à droite à gauche pour acheter le journal et le pain quand ils oublient leur pièce chez eux. Et de prendre le touriste moyen pour un con, mais ça c'est un peu partout.

A Marseille, y a la Bonne Mère tout là haut sur la colline qui veille sur la ville et ses habitants, qui assure les montées du P'tit Train mais pas les descentes, y a plein de petites églises à l'architecture et au mobilier intéressants, même si on n'a pas pu visiter puisque par trois fois, il y avait la messe quand il nous prenait l'envie d'y aller.

A Marseille, enfin, il y a la mer. D'un bleu marine irréel, qui se noit à l'horizon dans le bleu clair du ciel. Au soleil, ça scintille de mille feux, ça éblouit, ça clapote quand les bancs de poissons vont donner des coups à la surface. Je crois que je n'avais jamais vu une mer aussi belle, même à Malte (pourtant grandiose), elle n'avait pas cette couleur changeante. Chaque fois qu'on clignait des yeux, c'est comme si on voyait une photo de carte postale, un truc retouchée par ordi par des professionnels.

A Marseille, quand vous vous promenez dans les rues, vous tombez aussi sur le tournage de Plus Belle La Vie, et tout le monde se ramène pour aller s'asseoir à deux pas, en discutant de Machin qui a dit ça à Truc (je ne connais pas les personnages), avant d'aller prendre l'apéro.

C'est étrange mais je ne vois pas Marseille comme une ville où l'on peut travailler. Même les serveurs, les vendeurs, qui sont là de 9h à 19h, on dirait qu'ils sont en vacances : et qu'on blablate, et qu'on va fumer en plein milieu du service, et qu'on s'octroit une petite pause, comme ça, anarchiquement, parce que ma foi, faut pas non plus trop se fatiguer, le consommateur, il attendra, peut-être qu'il est fatigué lui aussi, a fortiori si c'est un touriste, il fait trop chaud.

Bon allez, à la vôtre!

Votre Dévouée.

vendredi 8 août 2008

Intervention efficace

Parfois, j'ai l'impression de vivre dans un film : quand un jour j'attendais un métro et qu'il y avait ce vieil homme chantant d'une voix grinçante sur un air d'accordéon (un accordéon rafistolé avec du scotch qui avait dû faire la guerre), quand un type toujours dans le métro courrait pour ne pas le rater, qu'il a glissé et est tombé dans le trou entre le wagon et le quai. Il était enfoncé jusqu'à la taille et le signal sonore de départ a retenti. J'étais paralysée de peur : je m'attendais déjà à ce qu'il soit sectionné en deux, mais heureusement y a un homme qui a eu la présence d'esprit de bloquer la porte pour que le train ne démarre pas.

Aujourd'hui, je sortais juste de chez moi, une vieille chanson yiddish dans la tête, lorsque trois voitures de flics ont pilé (quasiment au frein à main) juste devant moi. Ils sont sortis, ont attrappé un type, lui ont ôté son sac à dos, en ont tiré trois petits sacs transparents avec de la poudre blanche dedans, lui ont passé les menottes, l'ont poussé dans une voiture tandis qu'il criait "jveux mon avocat! jveux mon avocat". Un flic a répondu : "calmez-vous, monsieur", et ils sont partis, toute sirène hurlante.
Temps estimé de l'intervention : une minute? deux? Impressionnant, quoi. Efficace.
Toi t'es là, bouche bée sur le trottoir, et tu te dis : c'était vrai ça ou c'est comme la chanson yiddish, dans ma tête? Et vu l'attitude des autres passants, c'était vrai.


Votre dévouée, qui part en week-end. Loin.

Le retour de Chappatte (enfin!)

mardi 5 août 2008

Peine perdue

J'ai tenu 10 minutes devant le reportage de la 3. Deux types se présentant comme intellectuels, vont aller acheter une femme russe.
Le principe en lui même est révoltant, mais les propos des deux types le sont encore plus. Je résume : les femmes françaises sont trop libres, trop sophistiquées, trop matérialistes, donc la solution à ce fléaut est d'aller chercher la femme soumise en russie.

Il y en a un qui cumule les réflexions bassement sexistes et insultantes pour toutes les femmes : selon lui, le comble serait que la femme travaille et que l'homme "gère l'intendance" à la maison. Il faudrait selon lui, se calquer sur la société "animalière organisée" : je cite : le mâle mange en premier et si la femelle approche, elle se prend un coup.
Un grand philosophe se révèle.

Autre réflexion : oh celle-là est vraiment trop triste, elle m'a regardé avec des yeux de cocker toute la soirée, c'est la moins belle des plus belles que j'ai sélectionné.
Quant à l'autre type, il a choisi des chemisettes en fonction de la morphologie de la femme russe sélectionnée : mince avec une forte poitrine.
Voilà.

Au XXIeme siècle dans un pays comme la France, intégré dans l'Europe, fondateur de la Déclaration des droits de l'homme, qui parle à tout va d'égalité, il y a encore des connards pour considérer la femme comme un sous-être dont la fonction principale est de procurer un plaisir sexuel à l'homme.

Quand j'ai vu la tête de la première fille russe, j'ai cru qu'elle allait pleurer. Et moi avec.
Quand la femme est traitée comme un objet sexuel dans un autre pays, on se dit que l'évolution va venir, que la situation va s'améliorer, et puis on regarde deux français qui prônent à la télé le retour à une société à la cromagnon. Je les vois bien assomer une fille pour la ramener dans leur caverne.

Ce qu'ils font ces deux types, et les gens de l'agence matrimoniale avec, c'est non seulement encourager les discriminations entre hommes et femmes, abuser de la détresse de jeunes femmes poussées à des extrêmités par des difficultés économiques mais en plus tenir un discours ultra-conservateur choquant et dégradant pour les femmes.

Je pourrai entrer dans une colère noire toute seule dans mon grand appart vide, prôner la fermeture de telles agences mais ça ne servirait à rien. Il faudrait que tous les hommes comprennent et acceptent que les femmes ont la même valeur qu'eux, ont droit au même respect, à la même ascension sociale, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans la société.

Toutefois, force est de constater qu' il y aura toujours des imbéciles pathétiques, des neurones hermétiques à toute réflexion sur le thème de l'égalité, des êtres englués dans leurs certitudes absurdes, comme des cailloux dans les chaussures de la société, un reste de merde dans le creux de la semelle.

Le combat pour l'égalité est de ceux qui ne finissent jamais.
Et j'espère que ce n'est pas une prédiction, j'aimerais qu'une fois pour toutes on insère l'info dans le cerveau de tous.

Votre dévouée, écoeurée.

vendredi 1 août 2008

Démarche écologique bouleversant le monde de la lessive


Chers tous, internautes d'un jour, internautes toujours,

figurez-vous qu'entre deux apprentissages forcenés (hum hum), entre deux inventions culinaires et entre deux virées shopping, je teste le bio et notamment les cosmétiques et les produits d'entretien.

Au début, c'est parti d'une lecture assidue d'un article sur les produits chimiques forts nuisibles à Mère Nature, contenus dans les lessives. Déjà, ce qui me peinait dans les lessives, c'est leur poids, quand, comme moi, on se trimballe avec un caddi dans le train ou le bus vu qu'on a raté son permis et qu'on refuse catégoriquement de reperdre 1500 euros dedans.
Genre : Bidon de lessive de 3 kg + bidon d'adoucissant 1,5 kg = beaucoup pour mes petits bras jolis qui tirent le caddi.

Solution à tous mes problèmes : on achète une lessive écologique sur internet.
J'ai opté pour les "Noix de lavage indiennes". J'ai fait pas mal de forums avant d'acheter et les gens avaient l'air plutôt satisfaits.

Hier, j'ai reçu et j'ai testé : les noix de lavage, c'est petit, marron, gluant et ça pue. Mais alors ça pue à vous soulever le coeur. D'ailleurs mon rosier est en train de mourir, je me demande si c'est pas à cause de ça.
Du coup, j'ai commencé à douter de leur possible action positive sur du linge sale. Heureusement, dans les forums, les utilisateurs avaient mentionné cet "inconvénient", c'est donc, rassurée et le coeur en fête que j'ai enfourné 5 kg de diverses affaires dans le tambour de ma machine.

6 noix dans un petit sac en coton fourni avec les noix, hop dans le tambour. Je rajoute une cuillière de sel détachant et quelques gouttes d'huiles essentielles de citron.

Verdict : ça lave ! Dingue ce truc. L'odeur infecte des noix n'a pas du tout imprégné le linge qui sent bon le frais et le propre.

Votre dévouée, toujours de bon conseil

PS : quoi? je ne m'interdis aucun sujet