samedi 20 décembre 2008

Temps de travail et Picasso

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Wha, la longue absence ! Je parie que j'ai manqué à tout le monde, ou alors que vous m'avez ôté de vos favoris.

J'ai été super occupée, ma connexion internet a la stabilité d'un épilectique (je viens juste de la retrouver mais ça risque de ne pas durer longtemps), j'ai trouvé du travail dans une petite ville près de la montagne dans laquelle je me rends tous les matins, après m'être levée à l'aube, après avoir zigzagué en vélo - à la dynamo bruyante comme un camion - jusqu'à la gare, et pris le TER pourri et bringbalant qui transporte une tripotée de jeunes travailleurs et quelques vieux, égarés.

Dans cette ville, aux décors moyennageux, il n'y a personne. Hier midi, alors que je tentais de me rendre à une antenne postale, je me suis retrouvée seule dans le froid polaire, un bonnet enfoncé sur la tête et une écharpe si bien nouée que ne dépassaient que mes yeux malicieux. J'ai croisé une voiture en un quart d'heure de marche et puis après plus rien.

Je me suis perdue dans des ruelles pavées (je me perdrais dans ma propre rue si on m'y laissait seule, j'ai un sens de l'orientation si défaillant que c'en est mystérieusement troublant) et je songe sérieusement à attaquer le maire pour incitation au suicide vu les hauts-parleurs installés au centre-ville qui diffusent en continue des chansons de Noël kitch et grésillantes.

Ce que je retiens, c'est que je suis payée pour travailler, et ça, c'est la révolution, c'est la première fois que ça m'arrive, je trouve ça génial, je vais m'acheter un château en italie.

Je suis aussi allée à Paris, voir l'expo Picasso, c'était intéressant mais j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre ce brave homme. J'écoute toujours attentivement les explications qu'on me donne, mais parfois, j'ai simplement l'impression qu'il dessinait pour détruire, comme ces artistes qui peignaient des trucs incroyables pour y mettre le feu juste après. Il y a souvent une méchante ironie dans ses toiles, ce qui me dérange un peu, je l'avoue.

Il y a quelque chose de cruel chez Picasso, qui ressort de temps en temps, par touches de couleurs ou par peintures entières, avec une violence qui frappe au coeur.

Dans l'enlèvement des Sabines, je les entends hurler de terreur, avec cette représentation de corps mous, aux contours mal définis, aux têtes renversées, aux visages déformés par des bouches béantes disproportionnées.
Même les portraits me choquent, avec leurs gros traits, leurs grosses proportions, leur cynisme cruel.

Bon, j'ai pas envie de conclure cet article, du coup, je m'en vais direct.

Tchuss.

VD.

dimanche 30 novembre 2008

Soirée jazz manouche

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A l'origine, ça devait être un cabaret manouche, en tout cas annoncé comme tel. Ce qui était étrange et accessoirement très énervant, c'était l'absence totale d'organisation parsemée d'inconfort, de froid, de vigiles grossiers et de gens irrespectueux. Après avoir attendu 45 minutes dans la fraicheur hivernale, que les vigiles veuillent bien arrêter de traiter les spectateurs et les musiciens comme des merdes (systématiquement, les gens de la troupe qui frappaient à la porte pour entrer se faisaient engueuler), on a enfin pu entrer dans une salle vide. Pourtant "cabaret", ça suppose des tables et des chaises, non? Ben non. Enfin si, il y avait 5 mini-tables en haut là où on ne voit rien.

Heureusement, la musique était excellente, avec des musiciens confirmés légitimement froissés par l'indifférence générale de la foule qui en profitait pour discuter comme au café (mais debout et leurs voix couvrant presque la musique).
Quand j'y repense, il y avait des choses étranges quand même : un animateur de supermarché, un portier d'hotel fan de Bécaud, un prodigieux batteur qui avait le même look que mon banquier et un yougoslave survolté de très bonne humeur qui accompagnait à la guitare le gigantesquement manifique Moreno.

Du coup, on ne regrette pas, surtout quand il y a une dame qui chante en russe sur un air tzigane avec une jeune fille toute petite qui fait voler ses jupes et claquer ses talons sous les cris de joie des musiciens.

ça, c'était bien.

VD.

jeudi 27 novembre 2008

Note : ne pas désespérer.

Ah lala. Période difficile. Charnière. Le genre de période où ne sait pas où on va et qui on va devenir, où on fait des choses qu'on n'aime pas faire : envoyer des cv, passer des coups de fils, insister, se heurter à des tons pas sympathiques, à des portes closes, à des personnes récalcitrantes, à un mépris sans borne.


J'ai la migraine, que je soigne avec des tasses de thé brûlant et des romans fleuris. Je me dis parfois, souvent, que j'aurais dû faire autre chose, que j'aurais dû fuir à toutes jambes devant l'idée de passer ce concours.
Et puis non. Mince, si j'avais eu des supers pouvoirs, j'aurais fait superman comme métier alors on fait avec ce qu'on a.

D'ailleurs, je me disais l'autre jour, que le monde est quand même peu aventureux, que les gènes sont frileux, que ce serait pas mal quelques mutants à écailles ici ou là, histoire d'instaurer un peu de diversité. Le monde devrait ressembler à ces histoires de science fiction qu'on trouve dans les bonnes librairies avec plein de dimensions, des méchants avec des combinaisons anti-nucléaires et des rêves de vengeance et des gens dépassés qui se demandent où aller (et des histoires d'amour impossible ! mais ça, c'est moi qui rajoute).

Bon. Pfffff

Votre Dévouée, dont personne ne veut.

vendredi 14 novembre 2008

Quantum of Solace



D'abord, il y a le titre : “Quantum of solace” : on dirait une marque de bière, ça a dû en dérouter plus d'un. J'aime bien, moi, les titres pseudo-philosophiques des James Bond (bon là, il n'est pas vraiment de philosophie mais expliquer ce titre reviendrait à me plonger dans des détails révélateurs de l'intrigue et comme j'essaie de déroger à ma réputation selon laquelle je raconte toujours la fin des films à ceux qui ne les ont pas vus, je vais me taire. Et cet effort me coûte, chers lecteurs, j'espère bien que vous prenez en compte tous les sacrifices démesurés que je fais ici).
Bon.
James Bond est une grosse brute mysogyne déguisé en gentleman. Non. James Bond était une grosse brute mysogyne déguisée en gentleman, tueur expérimenté usant et abusant de gadgets improbables, de clins d'oeil ravageurs soupoudrés d'un brin d'humour britannique.
Depuis Casino Royale, il est devenu blond, sombre, légèrement romantique ou tout simplement humain, j'hésite encore. Alors évidemment, ça ne plaît pas aux fans de la première heure : “nanard compensé par des scènes d'action abrutissantes” s'est exclamée une internaute sur allociné. Plus vrai et plus mesuré le commentaire d'un autre : “un james bond qui n'en est pas un”.

J'avoue que j'avais eu du mal, dès Casino Royale, avec Daniel Craig, ce petit homme trappu avec ses quelques brins de paillasse sur le crâne et ses petits yeux transparents plissés, presque recouverts de peau.
Et puis mince! il a un charisme hors du commun, accentué par sa face toute tordue. Il a une gueule de boxeur, on dirait qu'il a gardé la trace de tous les coups qu'il a reçu dans la figure. Et ça, ça fait bizarre : James Bond, si par malheur, il se prend une claque, ça ne le décoiffe même pas. Je me rappelle de Pierce Borsman qui avait resserré sa cravate d'un air contrarié après une explosion détruisant la moitié de la ville et à laquelle il avait réchappé par miracle, bien sûr.

Le nouveau Bond, il s'en prend plein la gueule, il court, il saute dans des précipices, il joue au hussard sur le toit, à quasimodo, il se tient en équilibre le vide sous lui et un tueur en face de lui, passe à travers des vitres et il est comme une danseuse, sans tutu et avec une gueule cassée : il y a une scène au tout début (merde je commence déjà à raconter le film, je devrais pas mais je ne peux pas m'en empêcher, tant pis, désolée, passez votre chemin si ça vous embête, je fais ce que je veux), où il court après un traître. Et il tombe, lourdement, il se relève et se remet à courir, la caméra bouge, bouge tellement que ça fait mal aux yeux, on ne sait plus où on se trouve, on est avec lui, ou on est james bond, et ça fait mal partout. Il se retrouve dans un vieux batiment en rénovation, et tente toujours de rattrapper le type, se prend les pieds dans une corde reliée à une poulie et le ballet commence.

James Bond, danseuse étoile en costume et noeud pap', avec son air buté et sa gueule déglinguée, ça, faut le voir pour le croire.

Il y a aussi une grande innovation depuis Casino Royale : la femme n'est (presque) plus une potiche-femme-facile qui sert des cafés et passe dans la chambre à coucher à la moindre petite moue de James. Ou presque, mais c'est déjà ça.

Voilà. Et puis James aimait Vesper, et moi, j'adore les histoires d'amour. Rien que pour ça, je mettrais 10 / 10.

Votre charmante amie.

Post Scriptum : l'air buté, c'est celui sur l'affiche du film.

mercredi 12 novembre 2008

Adamsberg

Adamsberg, c'est le flic dans les romans policiers de Fred Vargas.
Ça lui va bien comme nom, on n'aurait pas pu trouver mieux que Saint Jean le Baptiseur de la Montagne d'Adam.

Je l'imagine plutôt petit, brun, avec une gueule à la picasso, le nez de travers et des joues creuses recouvertes d'un peu de barbe drue.

Adamsberg, c'est le genre de flic qui n'existe pas dans la vie, et c'est plutôt heureux : il “sent” les choses, il croise des gens qui “suintent la cruauté” comme il dit. Il ne va pas récolter des indices et interroger des dizaines de suspects. Non, il cible celui qui suinte la cruauté et il va boire un demi à la terrasse d'un café en se massant les tempes.

C'est un des personnages de romans que je préfère. Il n'y a qu'une chose qui me dérange chez lui: sa gestion de son amour pour Camille. Laborieuse, la gestion. L'amour est une évidence ou alors c'est pas de l'amour, c'est autre chose : de l'attirance, du dépit, de la diversion, de l'auto-thérapie, ou de l'auto-destruction ...

Adamsberg, je lui aurais bien collé une addiction sur le dos. Le tabac probablement. Je l'aurais fait s'accrocher à sa cigarette comme à une bouteille d'oxygène.
Mais l'addiction, c'est Danglard qui l'a eu, son collègue qui carbure au p'tit blanc pour tenir le coup, celui dont la femme s'est tirée en lui laissant deux paires de jumeaux et un “petit coucou” en prime. C'est pas gentil pour le gamin de dire ça, c'est pas sa faute à lui s'il est le fruit d'une passion passagère. Danglard a la nausée à la vue de cadavres, ce qui est passablement gênant pour un flic, mais Adamsberg est compréhensif. D'une manière générale, Adamsberg comprend tout malgré son incapacité latente à réfléchir. C'est écoeurant comme il réussit à tout piger sans effort, l'esprit vide et la bière pression à la main. Moi, ça me dépasse et en même temps, faut reconnaître le résultat.

J'avais été déçue par “Pars vite et reviens tard”, parce que l'histoire de peste était un prétexte, or moi, figurez-vous, je m'y connais en la matière. J'ai été naïve sur ce coup là, j'aurais du me douter que Fred Vargas était le genre de fille à utiliser des prétextes pour manipuler une histoire et arriver à ses fins. Elle est aussi capable que ses personnages.
Je viens de finir “L'homme aux cercles bleus”, qui est court mais très bien. Les cercles bleus, c'est aussi un prétexte (ça va devenir une manie), pour étudier les personnalités des protagonistes. J'aime beaucoup quand on se balade dans leurs cerveaux pour mettre le doigt sur leurs doutes et leurs faiblesses.
Et puis j'aime le sens du “détail-qui-tue” chez Vargas, quand Adamsberg regarde un individu et note mentalement le truc qui cloche quand ça ne suinte pas tout simplement. Dans “l'homme aux cercles bleus”, on s'attarde sur l'apparence d'une vieille femme “au visage pas avenant, maigre et masculin, avec des petites dents piquantes de musaraigne.”

VD, qui ne se fie plus aux critiques d'amazon.

lundi 10 novembre 2008

Le gateau aux p'tits bruns de Chantal




(photo non contractuelle)


Recette du jour : Le gateau aux p'tits bruns, à la façon de Chantal, avec dextérité et sans cuisson.




1) Se munir de deux boîtes de "P'tits bruns", petits gateaux connus pour leur habilité à se laisser tremper dans du thé à la mirabelle par certains après-midis pluvieux, devant une série tv.

2) 60 g de beurre doux

3) 7 cuillères à café de sucre

4) 1 oeuf

5) du café soluble


Comment diable réussit-on cette prouesse culinaire ?

- D'abord, il faut mélanger le beurre fondu, le sucre et le jaune d'oeuf. Je dis bien le jaune et non pas l'oeuf entier, sinon ça donne une assiette de vomi marron gluant quand on mélange avec les petits gateaux qui vont lentement et inévitablement se désagréger.

- Ensuite, pendant que Robert monte le blanc en neige, il faut diluer le café dans un peu d'eau. Beaucoup de café, pour que ce soit bien fort, non il n'y a pas de mesure mais il faut parfois savoir compter sur sa chance dans le dosage culinaire.

- Mélanger avec délicatesse la préparation beurre-sucre-jaune avec la neige.

- Prendre un moule à cake et déposer successivement une couche de p'tits bruns (chacun trempé 2 secondes dans le café, histoire de leur donner un "goût café) et une couche de préparation, telle une pyramide des saveurs !
Bon, pi voilà, au frigo 24 h.

Alors attention, on m'informe qu'il ne faut pas mélanger le café avec la préparation, le café sert seulement à imbiber les p'tits bruns ! Mince alors, faites gaffe quoi, on rigole pas avec les recettes comme ça, c'est du sérieux : on commence par se tromper dans la recette et après on se trompe dans les bulletins de vote et ça finit mal.

Pas de cuisson.

VD, qui relaye l'information.



(photo non contractuelle de votre dévouée)

mercredi 5 novembre 2008

Président OBAMA



Il y a un vent de joie qui balaye le monde depuis quelques temps, et un mot magique qui redonne le sourire : Obama. Ce type porte l'espoir de tellement de gens que je ne sais pas comment il fait pour ne pas marcher vouté.
Avant les résultats de l'élection (tombés cette nuit), il y avait des reportages un peu partout : au japon, au sénégal, en europe et les gens qui parlaient d'obama faisaient de grands gestes avec un sourire jusqu'aux oreilles.

Ce qui me marque le plus dans cette campagne, c'est le bonheur des peuples à imaginer qu'un homme jeune, noir, issu d'un milieu modeste, ayant eu une enfance qui, sans être profondément malheureuse, ne peut pas non plus être assimilée à un paradis, et démocrate de surcroit, accède au pouvoir. Et quel pouvoir ! A un des postes les plus importants au monde.

Hier, la télévision française diffusait un court reportage effectué au centre des Etats-Unis : dans la première image, il y avait un jeune homme aux cheveux longs qui venait de glisser son bulletin dans l'urne et il n'en revenait pas, il avait voté pour Obama, il éclatait de rire à chaque fin de phrase. Ensuite, il y avait une femme noire, toute en rondeur qui sautait littéralement de joie en criant : Obama ! Obama ! Obama !
Enfin, il y avait un couple de quadragénaires blancs, tirés à quatre épingles, la mine impassible et les mains croisés. Avec la voix monocorde d'un guichetier de la poste, la femme a déclaré : "Nous, nous sommes pour la famille, les valeurs. (pause). Les valeurs familiales. (pause) On a voté McCain parce qu'on est pour Sarah Palin." (pause) (regard grave).

C'était fou le changement radical entre l'hystérie collective provoquée par Obama et la sorte d'affirmation résignée de ceux votant Mccain.
Les QG des candidats reflétaient ça : Obama avait prévu une grande fête populaire de plus d'un million de personnes et mccain une petite réunion d'un millier de privilégiés dans un hotel luxueux. Et le journaliste d'i-télé ce matin qui en rajoute en disant qu'il s'est emmerdé toute la soirée en couvrant les réactions du camp républicain...

Bon. Voilà une bonne chose de faite (le lapsus : j'avais écrit "une bonne chose de fête" !).
Le type le plus influent du monde s'appelle Barack Obama, c'est un jeune démocrate à la fois blanc et noir.

Hihi. On vient de faire un énorme pas vers la tolérance, l'ouverture d'esprit, la modernité. Oui, "on", parce que je suis certaine que cette élection aura des répercussions sur toutes les mentalités, dans le monde entier.

VD.

Post scriptum : Yahoo titre : "Obama, président du monde".

mardi 4 novembre 2008

Elections américaines vues par Chappatte

La poste.

La grande poste, par opposition aux petites annexes de quartier envahies par les mémés aux heures de pointe, est située dans un immense batiment en pierres brunies par des années de pollution. Les fenêtres sont cachées par d'épais barreaux de fer, comme en prison et la porte à l'origine transparente est recouverte d'une couche de crasse qui lui donne un aspect brouillé parsemé de traces de doigts.
C'est le genre de portes sur lesquelles les gamins aiment écraser leurs junéviles visages en tirant la langue pour bien lécher toutes les bactéries qui s'y trouvent.

Quand on entre dans la grande poste, on ne sait déjà pas où aller : devant, il y a un mur en verre, des deux côtés il y a deux couloirs exigus jonchés de collissimo d'exposition. Bien sûr systématiquement, je prends la sortie pour l'entrée et je me cogne à la pancarte vantant les mérites de la banque postale qui est suspendue à 1,75 mètres du sol.
De là, une marque rouge au front, je fais comme si de rien n'était pour constater qu'environ 25 personnes attendent en file indienne, patiemment, les mains croisées sur leurs bedons, l'oeil rivé à l'horloge en plastique clouée sur un mur couleur vert sale.

Certains soufflent, le sourcil froncé et la mine inquiète. D'autres, résignés, assis sur des chaises d'un bleu électrique qui rappellent les décos de Valérie Damidot, ont le regard vide et les traits avachis. Ils se demandent probablement pourquoi ils ont voté Sarkozy, pourquoi le service public n'a de public et de service que le nom, pourquoi il n'y a qu'un seul guichet ouvert sur dix, pourquoi il n'y a pas de système d'aération, pourquoi le type à côté renifle sans cesse avec un bruit dégoutant qui donne envie de vomir, pourquoi le gamin dans sa poussette n'arrête pas de brailler, pourquoi ils attendent tous depuis trente, quarante-cinq minutes voire une heure, pourquoi la file n'avance pas, qu'est-ce qu'ils font là, qu'est-ce qui sent comme ça. L'urine. Il y a des relans d'urine qui vous soulèvent le coeur à la grande poste, comme dans certains couloirs du métro.

A la grande poste, il n'y a qu'un seul guichet d'ouvert sur dix à 13h30 de l'après-midi, quand les gens sont pressés de reprendre le boulot et qu'ils ont pris sur leur pause déjeuner pour poster un colis à tante Amaranthe.

L'Etat n'a plus d'argent pour payer un deuxième guichetier. Bon, c'est vrai que quand l'Etat a besoin de sous, brusquement, il en trouve, par millions, mais en fait, non, bon peuple, il n'y a pas d'argent, c'est pour ça qu'il faut laisser tomber en ruine les bâtiments publics, fermer les antennes postales pas rentables, supprimer des postes de profs, notamment de profs spécialisés. On s'en fiche des profs, de toute façon, hein, peu importe l'éducation du peuple : moins le peuple apprend à réfléchir, moins on n'a de problèmes pour le gouverner.

Il est où le service public, dis? Il est où ?
Pendant ce temps là, le budget de Nabot explose, faut dire qu'il court Nabot, il brasse de l'air, ça coûte cher. Des résultats? Pourquoi des résultats? Vous voyez bien qu'il fait ce qu'il peut. "Lui, au moins, il fait quelque chose". Oui, il brasse. Il donne un dernier coup de pied dans le dos du service public moribond déjà à terre et repart. Vite ! L'International l'attend, avec sa "belle épouse", dixit Sarah Palin entre deux gloussements.

VD.

lundi 3 novembre 2008

Muffins salés

Tu es gros mais tu ne comptes pas renoncer pour autant aux mets culinaires à base de fromage?
Heureusement, je suis là pour te conseiller, farceur lecteur, dans tes choix et te proposer, avec joie, une nouvelle idée venant enrichir ton carnet de cuisine dans lequel tu notes jalousement toutes tes recettes.

Muffins salés au basilic et féta (sans matière grasse).


Recette de marmiton.org, que j'ai personnellement testé car vois-tu, je ne fais pas les choses à moitié.

Munis-toi de ces quelques ingrédients :

- 200 g de farine
- 1 sachet de levure
- 10 cl de lait
- 3 oeufs
- une grosse poignée de basilic ciselé
- un paquet de féta coupée en dés et / ou du chèvre fort embaumant la pièce et ton frigo par la même ocassion
- quelques olives dénoyautées

Prépare-toi à l'opération :

- un tablier + des mains propres
- un four préchauffé à 180 degrés
- beurre légèrement quelques ramequins individuels (4 en fait)

L'opération en elle-même :

- Mélange farine et levure, fais un puits, ajoute les oeufs, le lait et remue jusqu'à disparition des grumeaux.
- Ajoute le basilic et la féta (et le chèvre si chèvre il y a), verse dans les moules.

Cuisson : environ 30 minutes à 180 degrés.

Tout ceci est d'une grande simplicité et d'un goût délicieux; on peut l'accompagner d'un petit vin rouge.

Voilà. Y a pas de photos parce qu'on a tout mangé.

VD.

lundi 27 octobre 2008

L'homme qui nous suivait partout.

Concert. Ani Di Franco. Probablement 1,50 mètre pour 30 kilos, gratte sa guitare pendant des heures, provoque les cris orgasmiques d'une tripotée d'américains, étrange absence de besoin de boire, suscite une envie irrépressible de lui donner des affaires vestimentaires : casquette ou foulard.

Note : les américaines BCBG qui viennent en France pour l'aventure se coiffent comme Post-It, la fille de Sarah Palin, c'est à dire avec une pince ramenant une mèche en boule juste au dessus du front. Très années 80. Laid.

Bref, après avoir passé la première partie à attendre que le nain moustachu devant moi cesse de rouler des pelles à sa petite copine, j'ai eu trop chaud, mais c'était plaisant quand même, surtout le sol qui rebondissait. En plus, j'essayais de comprendre les paroles des chansons vu que les anglophiles s'esclaffaient par endroit et que je voulais m'esclaffer aussi. J'ai donc travaillé mon anglais, ce qui est une bonne chose.

En rentrant, j'ai vu un type dans le métro. Le type que Bien-Aimé et moi on a croisé un jour chez Ikéa en banlieue parisienne, dans un coin un peu pourri après des villes-dortoirs à noms à rallonges. On avait attendu plus d'une heure pour obtenir une livraison et il était à côté de nous. Grand par-dessus beige, coupe au bol totalement improbable pour ce début de XXIeme siècle, cravate rouge et lunettes en métal. Reconnaissable de loin par son style vestimentaire et son maintien.

Quelques jours plus tard, on sort d'un TGV dans une grande ville de province à quelques centaines de kilomètres de là et on le voit, ce même type, qui descend du train devant nous.

Hier, 23h, métro, je vois entrer dans le wagon qui nous suit ce même type, toujours avec sa coupe au bol, ses lunettes et une écharpe à carreaux. Le même type. Une nuit dans Paris.
Comme ça parait trop improbable, en descendant du wagon, on jette un coup d'oeil dans celui où je l'avais vu monter. Oui, c'est bien lui, le même type.

ça se trouve, on vit comme dans The Truman Show, et lui, c'est le réalisateur, qui, comme Hitchcock fait quelques apparitions dans ses créations.

Bon, si je le vois en bas de ma porte, je crie.

VD.
Que d'aventures dans cette vie palpitante.

jeudi 23 octobre 2008

Pain d'épices avec plein d'épices

La cuisine, c'est un peu pour moi ce que le tiercé est à Omar Sharif.
Généralement, je prends une recette et après je l'adapte selon mon humeur créative du moment (en réalité, - et je concède que c'est moins glamour - c'est selon les ingrédients à ma disposition).

Aujourd'hui, place au Pain d'Epices.

Ingrédients (selon marmiton.fr) :

- 250 g de miel (d'un goût assez fort, bruyère par exemple)
- 10 cl de lait chaud
- 100 g de beurre fondu
- 200 g de farine
- 1/2 sachet de levure
- 50 g de cassonade
- 1 oeuf
- 1 pincée de sel
- cannelle, gingembre, clou de girofle, noix de muscade...

Pour ce qui est des épices, j'achète un petit sachet chez Artisans du Monde qui est un assortiment d'épices type cannelle, clou de girofle, noix de muscade.
J'en mets beaucoup, parce que tel est mon choix et dans la vie, oui, dans la vie, il faut faire des choix, c'est pas moi qui le dit, c'est François Hollande, dit Flamby, bientôt outsider d'un parti politique dont j'ai l'impression qu'on oubliera jusqu'au nom d'ici à 2010.
D'ici là, peut-être que d'autres partis émergeront dans un cercle vertueux de génie créatif aux mille idées foisonnantes sur la société, la liberté, l'égalité et la fraternité. Non, je raye fraternité, ça commence déjà à disparaître.

Revenons à la cuisine.

Préparation :

On mélange tout dans la cuve d'un robot jusqu'à ce que ça fasse une pâte lisse sans grumeaux.
Oui, tout cela est très simple, mais attention à toute distraction : j'ai oublié l'oeuf la dernière fois et un pain d'épices sans oeuf, c'est un peu comme une miss météo de Canal + : c'est bizarre.
Bon j'arrête là, ce post va nuire à ma réputation.

Ah j'oubliais : au four, 35 minutes, 180 degrés.

Photo à venir. Ou pas.

VD.

dimanche 19 octobre 2008

Chappatte : la "crise" l'inspire


vendredi 17 octobre 2008

Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle

Hier, j'ai vu un reportage sidérant sur des filles de 28 ans qui se faisaient injecter du botox ou qui dépensaient 165 euros en produits "anti-rides".

Vieillir, c'est un problème pour tout le monde, après on vieillit tellement qu'on meurt, qu'on nous enterre dans un trou avec un nom dessus et un jour le temps aura effacé le nom, il n'y aura plus rien dans le trou, plus personne qui se souviendra de nous, et tout ceci est cauchemardesque.
C'est d'ailleurs pour ça que j'ai 17 ans, je viens de réussir mon bac, c'était génial.

Le second problème (à part celui - de taille - de mourir un jour), c'est que les magazines féminins ne montrent jamais de femmes avec des rides. Même Nathalie Baye (une des plus belles actrices de sa génération) a un visage lisse de poupon dans les pages glacées de "Elle".
Hé Bien-Aimé, je te somme d'arrêter de t'esclaffer car je ne me suis pas réabonnée. Non mais.

Il n'y a pas de nuances en fait : c'est ou Nathalie Baye, ou Claudia Cardinale (aaaaaaaaahhhhhhh). Bon, il faut accepter de vieillir mais il y a quand même des limites : CC, par exemple, devrait éviter de se maquiller comme le Joker, parce qu'après on va dire aux enfants : "si tu manges pas ta soupe, CC va venir te chercher!".
Pff jdis n'importe quoi, j'ai le droit, c'est ma semaine de repos après 2 ans sans vacances.

Non mais, comprenez donc mon propos, chers lecteurs : se faire botoxer à 28 ans pour ressembler aux filles des magazines retouchées par Photoshop, c'est ridicule. Se faire botoxer pour avoir l'impression de reculer face à une échéance certaine et morbide, c'est moins ridicule mais c'est un leurre.

Se mettre des crèmes vers la cinquantaine pour éviter de ressembler au Joker, oui d'accord. Une petite intervention toute en discrétion oui hein, pourquoi pas, faut pas être sectaire non plus, mais il faut raison garder. A 28 ans, attendez je vérifie sur ma carte d'identité : oui, ce serait comme si dans 4 ans, j'étais vieille !
-> rire incrédule.
Non. Non, de toute façon j'ai 17 ans donc tout va bien. Lalala.

Vous savez de qui c'est la faute tout ça? A part la faute de la mort et des magasines? C'est la faute des hommes ! (J'entends déjà les cris d'indignation de la gente masculine)

Un jour, lors d'un interview, un excellent acteur français est descendu d'un coup dans mon estime, il s'est écrasé à - 50 points pour une phrase pronconcée d'un air satisfait : il retrouvait sa seconde jeunesse depuis qu'il était avec une fille de 20 ans de moins que lui, et qu'il comprenait maintenant pourquoi ses potes le poussait à prendre une jeune maîtresse.
Et dire que c'est un des acteurs les plus talentueux de son époque, c'est déprimant de voir que l'homme, derrière l'acteur, peut se révéler être une sombre ordure.

La société fabrique des névrosé(e)s, c'est pas nouveau. D'ailleurs je mets une part de responsabilité sur le dos des hommes mais à mon avis, c'est en train de se retourner contre eux vu l'explosion des ventes d'anti-rides pour hommes et des fréquentations dans les centres de beauté.

Bon, voilà, ça change de parler du KRASH-BOURSIER-COMME-EN-29 qui, selon les médias depuis quelques semaines, dirige la terre vers un trou noir.
On finira sur la route (attention, référence littéraire ;) n'est-ce pas Sandrine).


Mince, mon post est affreux. C'est parce que cette nuit j'ai fait un des cauchemars les plus horribles de toute ma vie (et Dieu sait que les cauchemars, ça a longtemps été ma spécialité, avec le muffin à la cannelle).

Sur ces bonnes paroles bien réconfortantes, bonne journée.

VD.
V. comme Vendetta !

mardi 14 octobre 2008

La SNCF et ses bornes damnées

Je suis tributaire de la SNCF sur les longues distances, tout simplement parce que soit disant que je prenais les virages sur deux roues en voiture ! N'importe quoi, je maîtrisais parfaitement la situation : je pouvais même prendre les virages sur deux rouges, avec une main sur le volant et une autre me massant la nuque ! C'est dire ma dextérité.

Malheureusement, ils n'ont pas voulu me donner mon permis (ça fait de cela quelques années), les couards!
Bref, vexée, je prends le train.

J'aime bien sauf quand il y a des gens qui sentent mauvais ou qui s'endorment sur mon épaule. Ou quand il y a des jeunes gens qui mettent de la tecktonik au volume maximum. Ou quand il y a des gens qui racontent leur vie intime au téléphone (Nooooon je ne veux pas savoir si elle porte une petite culotte!). Ou quand des profs corrigent leurs copies et les étalent partout, même sur mon emplacement à moi, sous principe qu'ils ont du travail et que ça me dérange pas. Hein, ça ne vous dérange pas mademoiselle? Ben non voyons, je ne voudrais pas m'opposer au dur labeur d'un honnête dispenseur de savoir.

La SNCF a mis en place des guichets aux horaires réduits de façon assez ubuesques : genre 10h05 - 11h50 / 14h30 - 15h55. MAIS la SNCF a aussi installé des bornes. Youpi.

Vous savez, ces bornes jaunes qui pullulent dans les gares : c'est pratique, et puis depuis le temps, on a pris l'habitude de parler aux machines. Moi-même, il m'arrive de les supplier d'arrêter d'émettre un bip sonore retentissant dans toute la gare quand je dois composer mon code bancaire!

Dimanche, entre deux muffins et trois épisodes de séries télé, je suis allée jusqu'à la gare pour changer mon billet TGV, par pure convenance personnelle.

J'insère mon billet, je clique sur "échange", ça me valide l'opération, je trouve ça fantastique, je me délecte des nouvelles technologies et admire l'architecture de la gare en sifflotant, lorsqu'apparaît sur l'écran un message aussi étrange qu'inattendu : "erreur imprimante, veuillez vous rendre au guichet avec le reçu suivant".

Ce qui était drôle, c'est qu'il n'y avait pas de guichet TGV ouvert, ni de reçu émis. Ni de billet TGV d'ailleurs. J'ai donc couru jusqu'au guichet "billets Ile de France" et la seule chose qui est sortie de ma bouche stupéfaite est : " oh, la machine a mangé mon billet !". Le type a entrouvert les yeux en etouffant un baillement et s'est levé de sa chaise.

S'en est suivi une heure de démontage de la machine, farfouillage dans l'imprimante, jusqu'à ce qu'une dame de la SNCF qui restait les mains sur les hanches à regarder son collègue bricoler, se tourne vers moi pour me dire d'un air courroucé : "ah non mais franchement, ces gens qui utilisent les bornes SNCF et qui se plaignent après que ça marche pas ! Vous auriez été au guichet, on vous l'aurait fait votre échange!".

J'avoue, je me suis énervée. Une vague de colère et d'indignation est montée en moi contre cette femme incompétente et arrogante qui ne fout rien de sa journée (vu que la gare était en travaux et qu'aucun train ne circulait, il n'y avait personne à qui donner des renseignements), et qui venait me dire, à moi, cliente de la SNCF, que j'étais en tord parce que j'avais utilisé une borne de la SNCF !

Je crois qu'on a atteint le fond de la bêtise humaine. Je lui ai crié dessus que j'étais dans mon droit d'utiliser une machine SNCF - TGV d'autant plus que je n'avais pas le choix vu que le guichet TGV était fermé et que si je m'étais présentée au guichet Ile de France, elle m'aurait envoyée bouler.

Mais surtout, la SNCF est responsable du bon fonctionnement de ses bornes : elle laisse le choix au client entre borne et guichet (et pas le choix quand il n'y a pas de guichet ouvert), c'est à elle d'en assumer les conséquences. Pas à moi.

Là, elle a fui avec ses petites jambes potelées et son courroux inapproprié.

Le type de la SNCF avait basculé tête la première dans la machine que je bouillais encore d'indignation, les bras croisés et les lèvres pincées.

Finalement, il m'a dit : j'appelle l'autre gare, allez-y, le guichet TGV est ouvert, ils vont vous refaire un billet. Bon. 15 minutes de marche, j'appelle Bien-Aimé, je lui raconte, il rigole (finalement c'est drôle l'idée de dire à un client que les bornes SNCF c'est pas de la responsabilité de la SNCF).

Arrivée à l'autre gare, le guichet TGV était fermé. Une guichetière me dit encore : "ohlala vous avez utilisé une borne?" comme si c'était un truc incroyable qu'ils ne maîtrisaient pas du tout.
J'avais l'impression qu'elle allait me dire : "ohlala les bornes vous savez, on ne sait pas d'où elles viennent, un jour elles sont apparues dans la gare et depuis on n'a que des problèmes, faut pas les utiliser, on ne sait pas qui les a installées".

J'ai même pas crié. Toute la fureur de mon cerveau est descendue dans mes yeux et a crispé mon visage entier. J'ai eu l'impression que les yeux devenaient noirs, comme dans les films de science-fiction. Soudain, un type a jeté une pièce et a balancé à la guichetière (alors que j'étais en grande discussion houleuse avec elle) : "c'est pour faire de la monnaie pour les toilettes!".

Je me suis redressée de toute ma taille (et je fais 1,80 m) et j'ai lentement tourné la tête vers l'insolent. C'était vraiment pas le moment de me doubler et de m'interrompre surtout pour une histoire de vessie. Je n'ai rien dit, il a filé. L'affreuse guichetière a vite arrêté de ricaner avec sa collègue et j'ai demandé à ce qu'elle trouve une solution rapidement.

Elle a marmonné un truc, et a appelé la "responsable", qui est arrivée avec un petit calot bleu perché sur un brushing des années 80, ce qui m'a instantanément déridé.
J'ai dû racheter un billet et je me suis assurée que le billet "avalé" par la Borne-De-La-Mort-Qui-Tue me serait remboursé.

Lundi matin, l'Empereur, sa femme et le P'tit prince, sont venus chez moi, pour me serrer la pince...

Lundi matin donc, à 9h15 précisément, je reviens à la gare et je demande le remboursement de mon billet avalé et vite, parce que j'avais mon TGV à prendre.
Curieusement, les guichetiers du lundi sont plus réceptifs que ceux du dimanche. Plus polis aussi, plus efficaces, plus professionnels. Surtout, ils ne nient pas que les bornes SNCF appartiennent à la SNCF.

Bref, j'ai reçu mon nouveau billet ce matin.
Je retiens quand même la grosse dame avec ses mains sur les hanches : "Vous utilisez une borne SNCF et après vous vous plaignez qu'elle ne fonctionne pas!".
C'est très drôle. Je n'aurai jamais pensé à dire un truc pareil.

C'est comme une banque qui a une borne de retrait automatique : la borne ne vous délivre pas l'argent, vous vous en plaignez au guichetier qui vous répond : "mais mon Dieu, vous avez utilisé une borne, malheureuse? nous on ne répond pas des bornes, on ne les connaît pas, on n'est pas responsable!".

On devrait faire un recueil des répliques cultes des guichetiers de la SNCF.

Votre dévouée, aux yeux noirs de fureur. AHAHAHAHAH -> rire diabolique.

vendredi 10 octobre 2008

Chappatte

La vie est drôle parfois.

Bon alors faut quand même que je narre le grand moment de solitude et la journée où j'ai probablement eu le plus de cran dans toute mon existence. "ça fait un peu beaucoup tout de même" allez-vous vous exclamer!
Non, je ne dis que l'humble vérité.

Qui a suivi mes aventures, sait que je passais un de ces concours qu'on prépare en un an en se rongeant les ongles et en apprenant des classeurs entiers remplis de données collectées dans d'obscures revues qu'on ne trouve que dans des rayons spécialisés de bibliothèques n'usurpant pas leurs noms.

Donc voilà, j'ai passé des oraux (3 en une journée parce que c'est plus fun quand on finit la journée sur les rotules en dissertant dans la langue de Shakespeare sur l'idée saugrenue de filmer des procès), puis j'ai passé un GRRRRRRand Oral. Rien que le nom, j'avais les boules, par anticipation.

La veille, je me suis dit : "ma fille, t'es fichue, de toute façon l'économie s'écroule et on va tous mourir, mais en plus tu vas te taper la honte devant une assemblée de professionnels".

J'ai eu le sujet et le vide s'est installé dans mon esprit. Enorme, gigantesque, envahissant moment de solitude. C'était un sujet sous forme de question (une question que je m'étais jamais posée), et qui balayait un programme entier de 5 ans d'université, et encore ! si j'avais suivi toutes les options possibles existantes sur terre.
Je ne vous le dis même pas ce sujet, c'est un cauchemare.

Heureusement, y avait eu les mots de Bien-Aimé sur le chemin pour aller à l'épreuve : rester calme, essayer de chercher quelque chose pouvant se rattacher au sujet, prendre le temps de réfléchir.
Reste que la prestation ne fut guère brillante mais a priori, ça a suffit. J'avais l'impression d'être dans un canot pneumatique avec un trou dans lequel il fallait que je souffle pour pas couler tout en ayant l'air de participer activement à une réunion mondaine.


Votre dévouée, de retour.

Post Scriptum : merci aux 2 personnes qui souhaitent devenir mes esclaves personnels, je mesure l'ampleur du sacrifice, et je vous remercie avec toute la sincérité dont je peux faire preuve en ces troubles circonstances. Pour Les 6 qui m'offrent l'espoir, ça a le mérite d'être noble. Pour l'unique personne qui souhaite m'offrir un gros chèque : sachez que je ne suis pas dupe! Je vais demander des renseignements à la Banque de France et en attendant, comme dirait Zaz, je fais un tour sur moi-même et jette une huitre sur un aveugle (Kamoulox's blague).

Tchuss.

jeudi 25 septembre 2008

Quelques nouveautés

D'abord, il y a un sondage d'une importance extrême en haut à gauche.

Ensuite, en bas à gauche (de toute façon, il n'y a rien à droite), tout en bas, il y a un truc "s'abonner à". D'après Blogger, c'est un gadget qui permet de voir quand je mets de nouveaux articles en ligne (toutes les heures quoi, surtout en période de concours). Cet instrument est totalement narcissique, je le refuse, mais là c'est juste pour tester si ça marche.

Votre aimable dévouée, au fait des nouvelles technologies.

Apocalypse NOW


Qui a entendu le discours de Bush sur la crise financière américaine doit être aussi abasourdi que moi : ce matin, une partie était retransmis sur la Matinale. En gros, c'est la fin du monde.

Je ne m'y connais pas vraiment en économie, et probablement que la crise est grave en effet et qu'elle est susceptible d'avoir des répercussions dans le monde entier mais là, le discours de Bush était particulièrement alarmiste.
J'avais l'impression qu'il disait : "les femmes et les enfants d'abord".
Le bateau coule, certes, toutefois d'habitude, les politiques évitent de le dire, ils enrobent des approximations de métaphores sur le temps et l'histoire et assurent que la situation est sous contrôle parce qu'ils sont les plus forts.

En fait, le journaliste de Canal a relevé les termes du discours : "catastrophe", "tragique", "dramatique", "licenciements", "ne plus pouvoir payer les employés", "faillites", "panique", "difficultés à obtenir des crédits", "se retrouver à la rue". En gros, retour en 29, voire pire.

Je ne comprends pas trop ce qu'il cherche en prononçant de telles paroles: si c'est la panique, ça va pas tarder. C'est bizarre de vouloir la panique. Vous allez me dire, vaut mieux dire la vérité aux gens.
Dans le cas où ils peuvent se mettre en sécurité oui, comme quand on annonce une épidémie, on prévient la population de la situation en sachant que c'est susceptible de mener à la panique mais au final, c'est parce que la divulgation de l'information permettra de sauver des vies.
Là, les gens ne peuvent rien faire individuellement.
Pourquoi ne pas avoir dit : "la crise est d'une gravité exceptionnelle, l'Etat se charge d'y mettre fin", au lieu de "on va tous crever dans une misère noire, préparez-vous à vous achever à l'aide de vos fusils offerts à l'ouverture de votre compte bancaire!"

Peut-être que toute Vérité est bonne à prendre, cependant il y a une façon de le dire. C'est pas pour rien qu'il y a des personnes spécialisées dans la communication politique, non?

L'économie mondiale est en train de s'effondrer.

...

AAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

VD.

Post scriptum : y a les directeurs des banques privées ayant sombré qui ont reçu un parachute doré de quelques millions de dollars.
L'Homme est une espèce décidément fascinante.

mercredi 24 septembre 2008

Lost in austen

MOUAHHAHAHAHAHAHAH

J'aime les anglais, ils font des super mini-séries en 2 ou 3 épisodes et ils sont aussi obsédés que moi par Jane Austen et les écrivains de l'époque victorienne d'une manière générale.
J'ai découvert une perle aujourd'hui, par le plus grand des hasards, et bien m'en a pris, j'en ris encore.

Lost in Austen, en 4 épisodes. Jane Austen doit se retourner dans sa tombe. Ou alors elle rit en se tenant les côtes, j'hésite encore.
Le scénario est déjà-vu : la transposition d'un personnage moderne dans une époque ancienne. C'est en effet l'histoire d'une londonnienne d'une vingtaine d'années, avec une coupe de cheveux style casque aux reflets rouges, jean slim et blouson de cuir, fan des romans de Jane Austen, affligée d'un copain aussi repoussant que bête, qui un jour (mon dieu que ma phrase est longue) fait un échange avec Elisabeth Bennet matérialisée dans sa baignoire.
Oui, ces anglais sont fous.
Donc en somme, Amanda (la londonnienne) se retrouve au XIXeme siècle, dans la famille d'Elisabeth pendant qu'Elisabeth est à Londres en 2008, dans l'appart d'Amanda.


Hihi. Le truc c'est qu'à partir d'une idée pas vraiment originale, ils ont fait une histoire hilarante : Amanda se retrouve en jean slim chez les Bennet, elle ne sait pas jouer de piano, ni coudre, ni danser, elle fait gaffe sur gaffe, elle boit comme un trou au bal, elle fait des impairs en matière de politesse, elle ne sait pas faire la révérence (elle s'accroupit!), et rien ne se passe comme dans le bouquin, ce qui la désespère.
Jane ne se marie pas avec Bingley, Darcy est insupportable d'arrogance, aggressif voire insultant, Bingley devient alcoolique, Mr Collins est limite psychopathe, Caroline Bingley (j'en ris encore) est lesbienne...etc
Caroline Bingley lesbienne ! Dans le livre, c'est la femme la plus snob qui existe sur terre, la plus attachée aux apparences, la plus choquée au moindre mot de travers.

En fait, l'actrice principale Jemima Rooper (le personnage d'Amanda), est excellente : elle joue avec un naturel désarmant. Elle a une voix légèrement rauque et a une façon de faire enrager Darcy qui ferait pouffer de rire un mort : le pauvre, il finit chacune de ses conversations à moitié hystérique!

Edit du lendemain : le 4eme et dernier épisode est très décevant.

VD.

mardi 23 septembre 2008

Du pain et du bouillon

Parfois, je prends un de mes livres préférés, je l'ouvre à n'importe quelle page et je lis juste le temps de faire une pause dans mes révisions. J'ai ouvert "au bonheur des dames" de Zola aujourd'hui et je suis tombée sur le passage où Denise est dans une misère noire, complètement aveuglée par le désespoir. Denise, c'est une petite vendeuse dans un de ces grands magasins parisiens qui commencent à naître. Elle vient de la province, est petite et maigrichonne, et est devenue le souffre-douleur de ses collègues, simplement parce qu'elle est trop douce pour se battre avec les mêmes armes dégueulasses que les leur. Ils ont fait courrir la rumeur que "Pépé", son petit frère, était son fils et donc qu'elle était une fille perdue, et ça, Denise l'a en travers de la gorge. Elle n'arrive plus à joindre les deux bouts et Pépé est tombé malade.
Elle fond en larmes et à ce moment là, le vieil homme qui lui loue une chambre tape à la porte et lui donne du pain et du bouillon.
Et Zola écrit ça d'une façon bouleversante :

"Ce fut vers les derniers jours de septembre que la jeune fille connut la misère noire. Pépé était tombé malade, un gros rhume inquiétant. Il aurait fallu le nourrir de bouillon et elle n'avait même pas de pain. Un soir que, vaincue, elle sanglotait, dans une de ces débâcles sombres qui jettent les filles au ruisseau ou à la Seine, le vieux Bourras frappa doucement. Il apportait un pain et une boîte à lait plein de bouillon.
Tenez ! voilà pour le petit, dit-il de son air brusque. Ne pleurez pas si fort, ça dérange les locataires.
"

Dans "une vie", Maupassant fait dire à un de ses personnages : "la vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit". Elle pourrait s'appliquer à cette scène, même si Zola n'hésite jamais à suivre ses personnages jusqu'au fond de leur misère, et parfois, à ne pas les faire remonter, comme dans "l'Assomoir".
"Au bonheur des dames" est plus optimiste, c'est peut-être pour ça que c'est mon préféré.

VD.

samedi 20 septembre 2008

Be Happy


Be Happy, c'est le film de Mike Leigh qui est censé rendre heureux le spectateur. Dans une interview, il disait justement au journaliste que son film respirait la joie de vivre. Franchement, l'objectif est loupé.
C'est l'histoire d'une trentenaire, institutrice de son état, qui se force à montrer à tout le monde qu'elle est super heureuse, en en faisant des tonnes et en incitant les autres à l'être.
Les problèmes foisonnent:

1/ Elle fait semblant d'être heureuse. Le réalisateur disait dans l'interview précédemment évoquée que non, elle est réellement heureuse, ce qui me fait conclure que Sally Hawkins joue mal et cette constatation me navre car je l'avais vu dans une adaptation de "Persuasion" pour la BBC et elle était impeccable : un jeu sobre, tout en finesse. Là, on dirait une histérique niaise à l'immaturité frôlant dangereusement l'idiotie. C'est quelque peu agaçant.

2/ Les gens autour d'elle sont malheureux ou simplement, ni heureux ni malheureux. Certains ne se posent même pas la question, comme sa coloc. Et puis ils ne demandent à personne de les aider et tout d'un coup il y a cette fille montée sur ressorts qui arrive, qui les secoue, qui leur fait comprendre qu'ils sont dans un trou sans fond de désespoir et qu'il faut absolument qu'ils remontent la pente pour accéder au bonheur.
D'une part, de quoi se mêle-t-elle la drôlesse, et d'autre part, c'est un peu cruel d'aller remuer le couteau dans la plaie.
J'aurais beaucoup plus aimé un scénario avec quelqu'un qui arrangerait en douce les choses pour rendre les gens plus heureux.

3/ Mon Dieu que de clichés ! Pff, ce serait trop long de tous les énoncer, mais voici quelques échantillons :
- le gamin violent à l'école qui crache le morceau en deux secondes devant l'assistant social : une histoire de reproduction de shéma de violence familale.
- le moniteur de l'auto-école raciste, xénophobe, mysogine, qui carbure à la haine est un des personnages les plus caricaturaux de l'histoire du cinéma. C'était peut-être pour faire rire mais moi je le trouvais super malsain.
- le copain de l'héroïne : elle le rencontre une fois, va boire un verre avec lui et hop empacté c'est pesé, c'est l'homme de sa vie.
... eccetera

LE personnage qui sauve le film et que j'ai envie de serrer dans mes bras tellement elle est formidable : la prof de flamenco qui passe son temps à rouler des yeux féroces en hurlant dans un anglais approximatif avec un accent à couper au couteau.
Elle, elle est géniale.

Bon voilà, en gros c'est dommage quand on a un titre comme "Be happy" et qu'on ressort avec l'impression d'avoir vu un film sur la solitude, sur la quête de bonheur souvent infructueuse, sur l'absence de communication dans la société.


VD, toujours présente.

vendredi 12 septembre 2008

L'avenir sourit aux audacieux.


Bon voilà j'ai juré que j'en parlerai pas, mais c'est lundi et là, j'ai la "trouille" comme disait l'horrible chirurgien qui un jour m'avait secoué mon bras mort.
Il avait beuglé : "C'est pas cassé ! c'est juste la trouille!". Connard. Six mois après j'ai encore mal de temps en temps, la faute à un méga-gigantesque hématome interne qui partait de mon avant-bras jusqu'à je sais plus où.

Bref. J'ai la trouille. Vous allez me dire, y a pire dans la vie (quoi que la plupart d'entre vous, vous ne savez pas de quoi je parle, c'est normal), oui mais bon, quand même. Si jamais... hein, je vais faire quoi de ma vie professionnelle?
Restons calme, plusieurs choix s'offrent à moi :

1) Faire une thèse sur le procès pénal dans la société yéménite du 18eme siècle.

2) Me vautrer dans un canapé pour le reste de mes jours, avec des bouteilles de Macvin (mon péché mignon) et tous les bouquins pour filles existant sur la terre.
J'aurai plus qu'à sombrer dans un romantisme teinté d'alcool qui m'abrutira et me déconnectera de la société qui d'ailleurs économiquement, va mal. C'est pas moi qui le dit, c'est Canal.

3) Passer des concours administratifs.
J'en ris d'avance. Je vois déjà la cage à lapin qui me servira de bureau, dans un immense complexe bétonné des années 70, au 10ème étage avec une fenêtre qui ne s'ouvre pas. Mes collègues me détesteront car je refuserai d'aller à leurs séances de Karaoké le samedi soir et je mangerai seule à la cantine, des épinards surgelés.


Oui, j'en fais trop. Je ferais mieux d'aller me faire un petit cas pratique.

Votre dévouée, qui pense sérieusement à demander une contribution financière à ses lecteurs afin de financer son train de vie et ses paires de chaussures.

lundi 18 août 2008

Musique Yiddish

Je découvre des chansons yiddish du début du siècle dernier, des vieux morceaux poussiéreux qui grésillent, que je drevrais écouter sur un gramophone et que j'écoute sur des mp3. Je ne comprends pas les paroles et pourtant c'est bouleversant.
Si je ferme les yeux, je vois des pieds nus sur une route de campagne chauffée par un soleil de plomb. Il y a une estrade avec des gens qui dansent devant un orchestre, il fait incroyablement chaud, c'est peut-être à cause de ça les pieds nus. La route mène au kiosque en bois blanc un peu pourri où joue l'orchestre. Un vieil homme regarde les danseurs, assis sur une petite chaise bancale, la pipe à la main, avec un grand sourire où manquent quelques dents. Il a une mèche de cheveux blancs qui lui tombe dans les yeux, un visage buriné par le soleil, creusé par les rides. Il rit quand la musique accélère. C'est à la fois profondément triste et plein de joie ces chansons-là, c'est comme le vieillard : il y a toute la douleur du monde dans son regard et pourtant, il rit, il a l'air heureux d'être là, la musique est entraînante, les gens dansent, le soleil apporte la lumière et la chaleur, tout va bien.

On dirait les ancêtres de certaines chansons des "Yeux Noirs", je ne comprends pas comment ils arrivent à faire ça : donner envie de pleurer et de rire en même temps, raconter toute une histoire, la transmettre sans qu'on ait besoin de savoir le yiddish, prendre celui qui écoute, l'emporter avec eux, lui montrer plein de couleurs, de paysages, de gens avec leurs tourments, leurs joies et leurs peines et puis le reposer dans son siège quand la chanson se termine; on a alors l'impression d'avoir rêvé et d'avoir des souvenirs plein la tête.

dimanche 17 août 2008

Attaque de méduses

Flam's, sale traître


Il y a un an ou deux, on a découvert Flam's un soir près de Saint Lazare : il était tard, il faisait froid et on avait faim. Depuis, c'est devenu notre QG et un défi permanent.

Explications: Flam's c'est une chaîne de petits restaurants aux couleurs chaudes (jaunes et rouges), avec des jolies tables en bois, qui propose des menus de flammekueches à volonté. D'où le défi, vous comprenez. Pour les profanes, les flammekueches sont à l'origine une spécialité alsacienne : une pâte extrêmement fine, recouverte d'une couche de crème fraîche, des petits lardons et du gruyère, le tout passé quelques secondes dans un four brûlant.
Après, ça se décline en : crème + lardons + roblochon + pommes de terre ; crème + lardons + champignons + gruyère ; crème + lardons + chèvre + miel ... etc

Avant à Saint Lazare, il y avait une affreuse serveuse qui ne souriait jamais, et une vieille chaîne hifi qui grésillait des tubes de kékés; heureusement, la révolution est en marche.
Le seul problème, c'est que le "à volonté" est extrêmement traître : on essaie toujours de battre le record de la fois précédente.

Moi : 5
Bien-Aimé : 7
(D'après la serveuse, le record absolu jamais inégalé : 12.)

Attention, pour la survie de candidat, il faut impérativement prendre la coupe colonel en dessert (glace au citron noyée dans de la vodka) sinon, tu ne te lèves pas, jeune téméraire. Tu restes cloué à ta chaise et on se ressert encore et encore des flammekueches jusqu'à ce que mort s'en suive. Et la nuit, tu fais des cauchemars où on te force à ingurgiter des flammekueches qui parlent. Redoutable.

VD.

mercredi 13 août 2008

Marseille, août 2008


Marseille, c'est bleu et jaune, chaud, très chaud, bruyant, sale, avec des odeurs étranges d'égoût un peu partout, d'une beauté à couper le souffle la plupart du temps, d'une gaieté absolue tout le temps.
A Marseille, les gens ne parlent pas, ils s'esclaffent, ils crient en rigolant : au voisin de l'immeuble d'en face à partir du balcon d'où pend des vêtements fraîchement lavés, au touriste fada parce qu'il a traversé sur le passage piéton au feu vert au lieu de laisser passer la voiture qui prend un virage sur deux roues, à n'importe qui pour n'importe quoi, pour raconter une blague, pour rire du soleil qui tape, pour commander un pastis (en traînant les tongs), pour commenter le dernier match de l'OM, pour parler au téléphone en hurlant littéralement afin que toutes les personnes à trois kilomètres à la ronde soit au courant que sa mère, oui sa mère, c'est une vieille femme.
Je soupçonne le marseillais de respirer la joie de vivre, d'être un brin indolent (notamment les serveurs au restau : un repas dure en moyenne 3h), de ne pas connaître le mot "stressé" ou "pressé", et de demander une pièce à droite à gauche pour acheter le journal et le pain quand ils oublient leur pièce chez eux. Et de prendre le touriste moyen pour un con, mais ça c'est un peu partout.

A Marseille, y a la Bonne Mère tout là haut sur la colline qui veille sur la ville et ses habitants, qui assure les montées du P'tit Train mais pas les descentes, y a plein de petites églises à l'architecture et au mobilier intéressants, même si on n'a pas pu visiter puisque par trois fois, il y avait la messe quand il nous prenait l'envie d'y aller.

A Marseille, enfin, il y a la mer. D'un bleu marine irréel, qui se noit à l'horizon dans le bleu clair du ciel. Au soleil, ça scintille de mille feux, ça éblouit, ça clapote quand les bancs de poissons vont donner des coups à la surface. Je crois que je n'avais jamais vu une mer aussi belle, même à Malte (pourtant grandiose), elle n'avait pas cette couleur changeante. Chaque fois qu'on clignait des yeux, c'est comme si on voyait une photo de carte postale, un truc retouchée par ordi par des professionnels.

A Marseille, quand vous vous promenez dans les rues, vous tombez aussi sur le tournage de Plus Belle La Vie, et tout le monde se ramène pour aller s'asseoir à deux pas, en discutant de Machin qui a dit ça à Truc (je ne connais pas les personnages), avant d'aller prendre l'apéro.

C'est étrange mais je ne vois pas Marseille comme une ville où l'on peut travailler. Même les serveurs, les vendeurs, qui sont là de 9h à 19h, on dirait qu'ils sont en vacances : et qu'on blablate, et qu'on va fumer en plein milieu du service, et qu'on s'octroit une petite pause, comme ça, anarchiquement, parce que ma foi, faut pas non plus trop se fatiguer, le consommateur, il attendra, peut-être qu'il est fatigué lui aussi, a fortiori si c'est un touriste, il fait trop chaud.

Bon allez, à la vôtre!

Votre Dévouée.

vendredi 8 août 2008

Intervention efficace

Parfois, j'ai l'impression de vivre dans un film : quand un jour j'attendais un métro et qu'il y avait ce vieil homme chantant d'une voix grinçante sur un air d'accordéon (un accordéon rafistolé avec du scotch qui avait dû faire la guerre), quand un type toujours dans le métro courrait pour ne pas le rater, qu'il a glissé et est tombé dans le trou entre le wagon et le quai. Il était enfoncé jusqu'à la taille et le signal sonore de départ a retenti. J'étais paralysée de peur : je m'attendais déjà à ce qu'il soit sectionné en deux, mais heureusement y a un homme qui a eu la présence d'esprit de bloquer la porte pour que le train ne démarre pas.

Aujourd'hui, je sortais juste de chez moi, une vieille chanson yiddish dans la tête, lorsque trois voitures de flics ont pilé (quasiment au frein à main) juste devant moi. Ils sont sortis, ont attrappé un type, lui ont ôté son sac à dos, en ont tiré trois petits sacs transparents avec de la poudre blanche dedans, lui ont passé les menottes, l'ont poussé dans une voiture tandis qu'il criait "jveux mon avocat! jveux mon avocat". Un flic a répondu : "calmez-vous, monsieur", et ils sont partis, toute sirène hurlante.
Temps estimé de l'intervention : une minute? deux? Impressionnant, quoi. Efficace.
Toi t'es là, bouche bée sur le trottoir, et tu te dis : c'était vrai ça ou c'est comme la chanson yiddish, dans ma tête? Et vu l'attitude des autres passants, c'était vrai.


Votre dévouée, qui part en week-end. Loin.

Le retour de Chappatte (enfin!)

mardi 5 août 2008

Peine perdue

J'ai tenu 10 minutes devant le reportage de la 3. Deux types se présentant comme intellectuels, vont aller acheter une femme russe.
Le principe en lui même est révoltant, mais les propos des deux types le sont encore plus. Je résume : les femmes françaises sont trop libres, trop sophistiquées, trop matérialistes, donc la solution à ce fléaut est d'aller chercher la femme soumise en russie.

Il y en a un qui cumule les réflexions bassement sexistes et insultantes pour toutes les femmes : selon lui, le comble serait que la femme travaille et que l'homme "gère l'intendance" à la maison. Il faudrait selon lui, se calquer sur la société "animalière organisée" : je cite : le mâle mange en premier et si la femelle approche, elle se prend un coup.
Un grand philosophe se révèle.

Autre réflexion : oh celle-là est vraiment trop triste, elle m'a regardé avec des yeux de cocker toute la soirée, c'est la moins belle des plus belles que j'ai sélectionné.
Quant à l'autre type, il a choisi des chemisettes en fonction de la morphologie de la femme russe sélectionnée : mince avec une forte poitrine.
Voilà.

Au XXIeme siècle dans un pays comme la France, intégré dans l'Europe, fondateur de la Déclaration des droits de l'homme, qui parle à tout va d'égalité, il y a encore des connards pour considérer la femme comme un sous-être dont la fonction principale est de procurer un plaisir sexuel à l'homme.

Quand j'ai vu la tête de la première fille russe, j'ai cru qu'elle allait pleurer. Et moi avec.
Quand la femme est traitée comme un objet sexuel dans un autre pays, on se dit que l'évolution va venir, que la situation va s'améliorer, et puis on regarde deux français qui prônent à la télé le retour à une société à la cromagnon. Je les vois bien assomer une fille pour la ramener dans leur caverne.

Ce qu'ils font ces deux types, et les gens de l'agence matrimoniale avec, c'est non seulement encourager les discriminations entre hommes et femmes, abuser de la détresse de jeunes femmes poussées à des extrêmités par des difficultés économiques mais en plus tenir un discours ultra-conservateur choquant et dégradant pour les femmes.

Je pourrai entrer dans une colère noire toute seule dans mon grand appart vide, prôner la fermeture de telles agences mais ça ne servirait à rien. Il faudrait que tous les hommes comprennent et acceptent que les femmes ont la même valeur qu'eux, ont droit au même respect, à la même ascension sociale, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans la société.

Toutefois, force est de constater qu' il y aura toujours des imbéciles pathétiques, des neurones hermétiques à toute réflexion sur le thème de l'égalité, des êtres englués dans leurs certitudes absurdes, comme des cailloux dans les chaussures de la société, un reste de merde dans le creux de la semelle.

Le combat pour l'égalité est de ceux qui ne finissent jamais.
Et j'espère que ce n'est pas une prédiction, j'aimerais qu'une fois pour toutes on insère l'info dans le cerveau de tous.

Votre dévouée, écoeurée.

vendredi 1 août 2008

Démarche écologique bouleversant le monde de la lessive


Chers tous, internautes d'un jour, internautes toujours,

figurez-vous qu'entre deux apprentissages forcenés (hum hum), entre deux inventions culinaires et entre deux virées shopping, je teste le bio et notamment les cosmétiques et les produits d'entretien.

Au début, c'est parti d'une lecture assidue d'un article sur les produits chimiques forts nuisibles à Mère Nature, contenus dans les lessives. Déjà, ce qui me peinait dans les lessives, c'est leur poids, quand, comme moi, on se trimballe avec un caddi dans le train ou le bus vu qu'on a raté son permis et qu'on refuse catégoriquement de reperdre 1500 euros dedans.
Genre : Bidon de lessive de 3 kg + bidon d'adoucissant 1,5 kg = beaucoup pour mes petits bras jolis qui tirent le caddi.

Solution à tous mes problèmes : on achète une lessive écologique sur internet.
J'ai opté pour les "Noix de lavage indiennes". J'ai fait pas mal de forums avant d'acheter et les gens avaient l'air plutôt satisfaits.

Hier, j'ai reçu et j'ai testé : les noix de lavage, c'est petit, marron, gluant et ça pue. Mais alors ça pue à vous soulever le coeur. D'ailleurs mon rosier est en train de mourir, je me demande si c'est pas à cause de ça.
Du coup, j'ai commencé à douter de leur possible action positive sur du linge sale. Heureusement, dans les forums, les utilisateurs avaient mentionné cet "inconvénient", c'est donc, rassurée et le coeur en fête que j'ai enfourné 5 kg de diverses affaires dans le tambour de ma machine.

6 noix dans un petit sac en coton fourni avec les noix, hop dans le tambour. Je rajoute une cuillière de sel détachant et quelques gouttes d'huiles essentielles de citron.

Verdict : ça lave ! Dingue ce truc. L'odeur infecte des noix n'a pas du tout imprégné le linge qui sent bon le frais et le propre.

Votre dévouée, toujours de bon conseil

PS : quoi? je ne m'interdis aucun sujet

jeudi 31 juillet 2008

De l'attitude du CIO aux JO de Pékin.


Un mot quand même des JO-fiasco, même si tout le monde s'en fout. Un mot du CIO en particulier, que je croyais simplement aveugle, sourd, muet et lâche. Je me suis trompée, le CIO approuve simplement les mesures attentatoires aux libertés que prend la Chine malgré ses promesses. Promesses de dictature, déjà c'est une notion qui aurait dû nous alerter.
Ménard et Cohn Bendit doivent suffoquer. En fait tous ceux qui se préoccupent un minimum des droits de l'homme devraient suffoquer. Je manque d'air, d'ailleurs il fait trop chaud ici.

Il y a eu plusieurs grossières erreurs depuis les réunions pour désigner le pays accueillant les JO de 2008.

1/ L'idée fausse et un peu niaise selon laquelle laisser un système autoritaire organiser les JO lui permettra de s'ouvrir au monde. Par le passé, ça n'a pas marché, "on" aurait dû s'en souvenir.
Conclusion : le CIO a la mémoire courte.

2/ L'idée selon laquelle on peut discuter avec un système autoritaire. Par définition, un système autoritaire, c'est autoritaire, ça ne va pas aller faire des concessions, surtout sur les libertés publiques, faut pas déconner quand même.
Conclusion : le CIO vit à Candyland.

3/ L'idée selon laquelle on peut croire les promesses d'un système autoritaire.
La Chine, n'en déplaise à toute la classe politique française qui est devenue subitement muette (droite, gauche et tous les partis confondus), c'est un Etat qui enferme les opposants politiques, qui les torture, qui les fait disparaître, c'est un Etat où la liberté de la presse est une notion absente du vocabulaire, où les travailleurs sont traités comme des esclaves, un Etat qui ne respecte pas l'individu en tant qu'être humain titulaire de droits. L'individu en Chine, n'a que des obligations. Envers l'Etat. Il est au service de l'Etat, sa vie ne vaut que par rapport à ce qu'il peut apporter à l'Etat.
Conclusion : le CIO se moque de nous. (Et ce n'est pas très gentil.)

Que le CIO soit aussi muet que les politiques sur ce point, c'est très énervant, mais que le CIO considère que la censure d'internet n'est pas son problème, malgré les "promesses" faites pour laisser les journalistes libres d'exercer leur travail, je trouve ça nauséabonde.

Le CIO devrait suspendre les jeux, pas les annuler, simplement les suspendre le temps de forcer la Chine à respecter (en partie au moins) ses engagements pris au niveau international.

Sarkozy, qui malgré tout est le président de la République française, devrait renoncer à venir à la cérémonie d'ouverture. Etant donné que l'ambassadeur de Chine en France est capable de menacer économiquement la France devant les caméras du monde entier si Sarko reçoit le Dalaï Lama, je crois que ça donne un petit aperçu de la déconnexion totale de ce pays avec le monde. Aucun JT n'a insisté là dessus mais y a quand même ce type, qui est peut-être ambassadeur mais qui est surtout sur un sol étranger et dont la mission première est la diplomatie, qui se permet de menacer publiquement le président de la France et de l'Union Européenne? Et tout le monde s'en fout. En fait non, tout le monde baisse la tête et regarde ses pieds parce que la Chine tient le monde économiquement.

Bon voilà. Faites qu'au moins les sportifs, quand ils vont défiler à la cérémonie d'ouverture, pensent à tous ces gens opprimés, torturés, enfermés quelque part en Chine. Les politiques, c'est foutu, leur conscience a disparu avec leur courage, seul l'argent compte.

Votre dévouée, qui se met au BIO.

Post Scriptum 1 : Cliquez ici

Post Scriptum 2 : il est où le Tibet? C'est quoi le Tibet? Est-ce qu'il y a déjà eu un problème avec le Tibet?

samedi 19 juillet 2008

Des douceurs chocolatées

Malgré le nombre gigantesque de livres de cuisine un peu partout dans les bibliothèques de Bien-Aimé, il n'y a parfois pas tout. C'est alors qu'on a recours à Marmiton-le-mignon qui est un site rassemblant les recettes d'internautes cuisiniers.
Le problème est le même que sur Wiki-mon-ami : parfois, ça déconne. Genre les cookies au choco suintant le beurre, trop sucrés (et que j'avais brûlé au four par dessus le marché).
Aujourd'hui, j'ai enfin réussi une recette (aménagée par mes soins) alors j'en profite, je vous la livre, avec la photo qui va avec qui est tout bonnement superbe, on dirait une photo de bouquin de cuisine! ahaha c'est merveilleux. Je m'extasie de tout ceci.

Passons aux choses sérieuses.


(Je ne sais pas si vous voyez sur la photo le petit morceau de chocolat qui est prêt à fondre dans votre bouche, mais moi je le vois)

I. PRÉPARATIFS

1) 1 plan de travail assez grand : pas un coin de la table, ni une petite table bancale grosse comme une feuille A4, ni le dessus du sèche-linge et encore moins la plaque de cuisson, surtout si c'est de la vitrocéramique. C'est fragile la vitrocéramique.

2) On se lave les mains avec du savon doux pour la peau, on met un tablier sur sa nouvelle jupe achetée à moins 60% en Belgique mais qui est de toute beauté.

3) On branche Roger le robot. Ou si on est pauvre, on prépare un cul de poule (un saladier, n'allez pas martyriser un volatile).

4) On aligne les ingrédients sur la table pour éviter de courrir à droite à gauche quand Robert commence à fumer en mélangeant tous les trucs durs vu qu'on a oublié les liquides :

- 180 g de farine
- 1/2 paquet de levure chimique
- 70 g de cassonade
- 1 oeuf
- 25 g de beurre fondu
- 1 banane coupée en ptits morceaux
- 100 g de chocolat à cuire qu'on coupe également en ptits morceaux (ou 200g si on a un problème de dépendance)
- 8 cl de lait


5)
On préchauffe le four à 180 degrés.

II. On fait le gateau

1) On met tous les ingrédients dans le bol de Roger et on lui intime l'ordre de tout mélanger avec vigueur et rigueur.

2) Pendant que Roger travaille, on ne fait pas des blagues sur les belges en s'appuyant contre le four brûlant, on prend 4 ramequins, qu'on beurre, et qu'on farine légèrement.

3) Quand la pâte est bien homogène (le lait permet que la pâte ne soit pas trop dure, vu la pauvre quantité de matière grasse rassurante pour les esprits au régime comme moi), on divise la pâte en 4 dans les ramequins.

4) Hop au four pour 20 / 25 minutes chaleur tournante à 180 degrés.


A servir avec du café pour les amateurs ou avec un délicieux thé à la Mirabelle, que l'on trouve dans tous les magasins de qualité.

Votre dévouée.

vendredi 18 juillet 2008

Bruxelles, juillet 2008.

Bruxelles est espagnole, un peu délabrée, légèrement pluvieuse, et incroyablement sucrée.
A Bruxelles, on mange des gauffres noyées de chocolat chaud et d'énormes crémeuses glaces australiennes, des tapas sur des bancs en bois dans une ambiances chaude et bruyante, des mets éthiopiens avec les doigts, des mets si épicés que vous en avez les narines qui fument et les papilles qui brûlent. C'est un délice.
A Bruxelles, il y a la Grande Place, les alentours proches avec des maisons parfois abandonnées, des musées gigantesques pleins d'objets datant de milliers, de millions d'années et vides de visiteurs. Des musées qui ressemblent de l'intérieur à l'école d'Harry Potter avec d'immenses escaliers, des dédales de couloirs et des portes ouvragées.
Il y a aussi des coppertos comme en Italie mais pas tout le temps. Des familles roumaines qui entraînent les enfants de 5 ans à mendier, des orchestres de musique classique mélancoliques aux coins des rues et des terrasses pleines d'espagnols buvant des bières.
J'ignorais que Bruxelles accueillait tant d'espagnols, à tel point que tous les vendeurs, tous les professionnels parlent leur langue, ou viennent même du pays.
A Bruxelles, il y a aussi un quartier arabe avec des gens qui ne semblent pas en sortir et des touristes qui ne font que le traverser pour aller à la gare, entre deux gouttes de pluie. Tous les deux pas, des boutiques d'informatique, des restaurants, des agences de voyage belgique-maroc avec des tonnes de gros sacs à carreaux entassés les uns sur les autres. Des femmes voilées de noir de haut en bas. Des vitrines sales, des trottoirs défoncés, des immeubles laids, une fête foraine abandonnée. Abandonnée comme les immeubles et comme certaines maisons du centre-ville avec leurs façades noircies et leurs carreaux cassés.
Drôle de pays.

Votre dévouée.

mardi 8 juillet 2008

Le jeu

Coucou les ptits choux, bon alors je suis en retard dans mon jeu, les mots sont : Hulk, trivial, girafe, bucolique et amortissement (merci Elodie... tu perds rien pour attendre).
Alors, le but, c'est écrire une histoire qui commence par "il était une fois" et qui se finit par "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", mais à la vitesse à laquelle on parle, en improvisant et en évitant le maximum de blancs, c'est pour ça que le résultat est généralement débile mais c'est drôle à faire.



Il était une fois, dans un pays fort fort lointain, un géant vert (oh oh oh), bête, méchant et disgracieux qui répondait au redoutable nom d'Hulk. Il était né d'une malédiction lancée quelques mois auparavant par une femme en proie à une jalousie féroce. La mère d'Hulk, une institutrice de village avait en effet succombé au charme ravageur d'un jeune homme de bonne famille convoité par la fille d'un haut fonctionnaire, qui de dépit, avait jeté un sort au couple, le jour même de leur mariage.

« Votre premier né sera un monstre qui fera régner la terreur partout dans la contrée. Les gens vous maudiront d'avoir engendré pareille créature et vous finirez lynchés sur la place du marché! » lança-t-elle, un doigt vengeur pointé vers eux.

L'affreuse bonne femme partie, la fête continua dans un ravissant décors bucolique, car comme tout le monde le sait, les malédictions n'existent pas.
Treize mois plus tard, entre deux violents orages, Hulk naquit, verte petite boule de poils. Sa mère en le voyant s'évanouit et son père le lâcha de stupeur. Le village attendait impatiemment des nouvelles de l'accouchement, des trombes d'eau dévalaient sur le toit de la chaumière et la fenêtre de la chambre s'ouvrit dans un fracas de verre brisé, laissant d'engouffrer une brassée d'air froid et humide.

Il fallait réfléchir, et vite. Le père, laissant sa femme reprendre ses esprits, cacha Hulk dans le panier à linge, prit l'air le plus désespéré du monde (ce qui n'était pas difficile) et annonça à l'assemblée regroupée dans le hall d'entrée que sa femme avait accouché d'un enfant mort-né.

Tous se signèrent et un prêtre s'avança pour faire son office. Le père de Hulk n'avait pas pensé à ça : il précéda rapidement l'ecclesiastique, courru dans le couloir, monta les marches quatre par quatre, entra dans la chambre, roula des linges et les plaça dans les bras de sa femme de sorte que l'on pu croire qu'elle tenait contre son sein le malheureux enfant bien emitoufflé.
Le prêtre n'y vit que du feu et comprit que, de désespoir, elle ne voulait pas encore le lâcher.

Le lendemain, on enterra une petit cercueil vide dans le caveau familial et le père alla abandonner Hulk au fin fond de la forêt, avec la certitude de laisser la malédiction derrière lui.

Les années passèrent, le couple eut quatre ravissantes filles, leur père devient docteur et planta des coquelicots tout autour de leur chaumière.

Hulk grandit aussi, recueilli par un couple de sangliers qui n'avait pas pu concevoir de progéniture pour d'obscures raisons, qui toutefois peuvent tenir au fait que, étant jeune, le mâle avait reçu un coup mal placé dans ses parties sensibles lors d'un combat ridicule visant à savoir qui allait manger la dernière poire. Bref, il avait dû accepter que sa compagne, adopte cet être vivant étrange, de la couleur des arbres, qui braillait à longueur de journée et mangeait comme cinq.

A vingt ans, Hulk avait largement dépassé la taille de ses parents adoptifs : debout, il atteignait la cime des arbres, ce qui était à la fois pratique et pas du tout : pratique pour effrayer les prédacteurs et pas pratique pour s'entretenir avec ses parents lors des repas familiaux qui consistaient à discuter des amortissements des frais engagés l'année précédente.
- C'est sûr qu'il va falloir les amortir, répétait inlassablement Roger, le père.
- Voilà bien une pensée triviale, répondait Marilou, la mère.

Un jour cependant, cette paisible existence cessa. Des chasseurs avaient organisé une battue en vue de réguler la population animale, c'est à dire en vue de tuer à coups de fusil les cousins, oncles, tantes, et camarades de Roger et Marilou. Mais rien ne se passa comme prévu : ils tombèrent nez à nez avec Hulk, qui ce jour là était en pleine cueillette de framboises, et qui, de surprise et de terreur, s'évanouit, écrasant sous son poids une douzaine de braves chasseurs à la si fière allure. La panique s'empara de tous et la nouvelle se répandit dans la contrée comme une trainée de poudre : il existait un horrible, sanguinaire, affreux et redoutable monstre vert dans la forêt.

A cette nouvelle, les véritables parents de Hulk crurent mourir de frayeur. La malédiction allait continuer son inexorable chemin!

Un attroupement se forma autour des chasseurs et les questions fusèrent :
- Comment est-il?
- Il est vert !
- Oooooh
- Il est immense, au moins aussi grand qu'une girafe !
- Plus !
Renchérit un compagnon, il est bien plus grand que ça !

Dans l'excitation inquiète du moment, les extrapolations allaient bon train et une heure plus tard, tout le monde convenait que le monstre était vert fluo, avec des écailles, grand comme une montagne, avec des dents acérés, un air féroce, et qu'il avait pour projet secret de tous les manger le soir venu.

C'est alors que le maire se souvint de la malédiction lancée au mariage de l'institutrice et du docteur : « Votre premier né sera un monstre qui fera régner la terreur partout dans la contrée. »
Ils étaient les responsables de cette boucherie, ils fallaient qu'ils paient ! Munie de fourches, de bâtons et de couteaux éguisés, la foule frappa à la porte de la chaumière du couple maudit, les quatres filles du docteur furent bannies de la contrée et on lyncha leurs parents sur la place du marché, sans aucun jugement impartial respectant les droits de la défense.
Mais restait le problème du monstre.

- Qu'allons-nous faire? Cria une femme en serrant ces deux infernaux garnements contre elle.
- Il va manger nos enfants! Rajouta une autre.
- Et nous avec! Renchérit un gros moustachu.

Finalement, il fut conclu que par prudence, il convenait d'évacuer le village le temps que l'armée résolve la question par des moyens militaires.

Pendant ce temps là, une des filles bannies s'était querellée avec ses soeurs et avait entrepris de couper par la forêt pour passer la frontière plus rapidement. Bien entendu, par malchance (ou chance, ça dépend comment on le voit), elle tomba nez à nez avec Hulk, qui, remis de ses émotions, faisait un bouquet de jonquilles pour égailler la table du salon. La fille lança un hurlement strident, tirant Hulk de sa rêverie bucolique.

A quelques kilomètres, la fille du haut fonctionnaire rigolait bien en visionnant la scène dans sa boule de cristal.
Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était que la fille, en plus d'être ravissante, était intelligente et tolérante : elle sympathisa avec Hulk qui tomba éperduement amoureux d'elle. Il faisait tout pour lui montrer qu'il était certes laid et monstreux mais ni bête ni féroce. Ils avaient des discussions sur Kant et la critique de la raison pure, sur l'égalité hommes-femmes au travail et sur l'Europe qui était déjà à l'époque, mal barrée.

Un jour pourtant, la fille décida de repartir à la ville, afin de mener une vie normale.
Hulk, ayant appris la malédiction pesant sur ses défunts parents, alla à la rencontre de la fille du fonctionnaire, lui parla de son histoire d'amour, de ses véritables parents, avec douceur et humanité, tant et si bien que la vieille fille sentit son coeur fondre et le transforma en un charmant jeune homme, avec des cheveux blonds et des pectoraux.

Hulk, fou de joie, lui planta un bisou sur la joue et partit à la recherche de sa bien aimée. Il lui raconta tout, prouva son identité et lui demanda si elle voulait bien se pacser avec lui.
C'est ainsi qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

FIN.


Votre dévouée.

Edit : Bien-Aimé vient de me dire que mon histoire est affreuse car ils sont frère et soeur ! j'avais complètement oublié ce "détail" ! hihi
Donc on va dire que en fait c'était pas sa soeur, c'était une pauvresse recueillie enfant par les véritables parents de Hulk et qui a été élevée comme si c'était leur fille. Ouf nous voilà sauvés d'un conte incestueux.
Bon jvais dormir.