mercredi 12 novembre 2008

Adamsberg

Adamsberg, c'est le flic dans les romans policiers de Fred Vargas.
Ça lui va bien comme nom, on n'aurait pas pu trouver mieux que Saint Jean le Baptiseur de la Montagne d'Adam.

Je l'imagine plutôt petit, brun, avec une gueule à la picasso, le nez de travers et des joues creuses recouvertes d'un peu de barbe drue.

Adamsberg, c'est le genre de flic qui n'existe pas dans la vie, et c'est plutôt heureux : il “sent” les choses, il croise des gens qui “suintent la cruauté” comme il dit. Il ne va pas récolter des indices et interroger des dizaines de suspects. Non, il cible celui qui suinte la cruauté et il va boire un demi à la terrasse d'un café en se massant les tempes.

C'est un des personnages de romans que je préfère. Il n'y a qu'une chose qui me dérange chez lui: sa gestion de son amour pour Camille. Laborieuse, la gestion. L'amour est une évidence ou alors c'est pas de l'amour, c'est autre chose : de l'attirance, du dépit, de la diversion, de l'auto-thérapie, ou de l'auto-destruction ...

Adamsberg, je lui aurais bien collé une addiction sur le dos. Le tabac probablement. Je l'aurais fait s'accrocher à sa cigarette comme à une bouteille d'oxygène.
Mais l'addiction, c'est Danglard qui l'a eu, son collègue qui carbure au p'tit blanc pour tenir le coup, celui dont la femme s'est tirée en lui laissant deux paires de jumeaux et un “petit coucou” en prime. C'est pas gentil pour le gamin de dire ça, c'est pas sa faute à lui s'il est le fruit d'une passion passagère. Danglard a la nausée à la vue de cadavres, ce qui est passablement gênant pour un flic, mais Adamsberg est compréhensif. D'une manière générale, Adamsberg comprend tout malgré son incapacité latente à réfléchir. C'est écoeurant comme il réussit à tout piger sans effort, l'esprit vide et la bière pression à la main. Moi, ça me dépasse et en même temps, faut reconnaître le résultat.

J'avais été déçue par “Pars vite et reviens tard”, parce que l'histoire de peste était un prétexte, or moi, figurez-vous, je m'y connais en la matière. J'ai été naïve sur ce coup là, j'aurais du me douter que Fred Vargas était le genre de fille à utiliser des prétextes pour manipuler une histoire et arriver à ses fins. Elle est aussi capable que ses personnages.
Je viens de finir “L'homme aux cercles bleus”, qui est court mais très bien. Les cercles bleus, c'est aussi un prétexte (ça va devenir une manie), pour étudier les personnalités des protagonistes. J'aime beaucoup quand on se balade dans leurs cerveaux pour mettre le doigt sur leurs doutes et leurs faiblesses.
Et puis j'aime le sens du “détail-qui-tue” chez Vargas, quand Adamsberg regarde un individu et note mentalement le truc qui cloche quand ça ne suinte pas tout simplement. Dans “l'homme aux cercles bleus”, on s'attarde sur l'apparence d'une vieille femme “au visage pas avenant, maigre et masculin, avec des petites dents piquantes de musaraigne.”

VD, qui ne se fie plus aux critiques d'amazon.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les grands esprits se rencontrent!!!!!
en ce moment je suis en train de lire Pars vite et reviens tard, j'ai donc allégrement sauté le paragraphe où tu en parles pour ne pas me gâcher le plaisir. Pour l'instant je suis plus ou moins emballée, on vient de découvrir le premier cadavre. J'ai également lu l'homme aux cercles bleus que j'ai dévoré en même pas deux jours. Celui là est assez génial, pas tellement pour l'histoire mais pour ces personnages : la reine Mathilde, l'aveugle grincheux, la vieille au physique pas avenant et nos 2 flics.
Ce que j'aime surtout chez Vargas, c'est ses personnages toujours fantasques. L'intrigue est finalement secondaire par rapport aux personnages, ils sont hors du commun et s'ils n'étaient pas ce qu'ils sont, il n'y aurait pas d'histoire.
Comment c'est un peu tortueux comme raisonnement?

Autre lecture que je te recommande : Mansfield Park de Jane (j'ai pas besoin de préciser que c'est Austen). On n'est pas au sommet d'Orgueil' mais c'est très bien.

Bon baisers du Luxembourg,
€. (ouais c'est ma nouvelle signature "staïle")

Votre Dévouée a dit…

chère élodie, t'es démasquée !
je suis bien toute d'accord avec toi puis que dans mon article je dis que l'histoire est un prétexte pour Vargas. Je vois que ton cerveau fait coucou au mien, et ça me réjouit.
En ce qui concerne Mansfield Park, je l'ai déjà lu (en fait tous les livres de jane austen ont une bonne place dans ma bibliothèque).
-> rire dantesque

Je t'envoie un bisou de la main et j'espère qu'on se verra à Noel !
Géniale l'idée !

TD.