vendredi 14 novembre 2008

Quantum of Solace



D'abord, il y a le titre : “Quantum of solace” : on dirait une marque de bière, ça a dû en dérouter plus d'un. J'aime bien, moi, les titres pseudo-philosophiques des James Bond (bon là, il n'est pas vraiment de philosophie mais expliquer ce titre reviendrait à me plonger dans des détails révélateurs de l'intrigue et comme j'essaie de déroger à ma réputation selon laquelle je raconte toujours la fin des films à ceux qui ne les ont pas vus, je vais me taire. Et cet effort me coûte, chers lecteurs, j'espère bien que vous prenez en compte tous les sacrifices démesurés que je fais ici).
Bon.
James Bond est une grosse brute mysogyne déguisé en gentleman. Non. James Bond était une grosse brute mysogyne déguisée en gentleman, tueur expérimenté usant et abusant de gadgets improbables, de clins d'oeil ravageurs soupoudrés d'un brin d'humour britannique.
Depuis Casino Royale, il est devenu blond, sombre, légèrement romantique ou tout simplement humain, j'hésite encore. Alors évidemment, ça ne plaît pas aux fans de la première heure : “nanard compensé par des scènes d'action abrutissantes” s'est exclamée une internaute sur allociné. Plus vrai et plus mesuré le commentaire d'un autre : “un james bond qui n'en est pas un”.

J'avoue que j'avais eu du mal, dès Casino Royale, avec Daniel Craig, ce petit homme trappu avec ses quelques brins de paillasse sur le crâne et ses petits yeux transparents plissés, presque recouverts de peau.
Et puis mince! il a un charisme hors du commun, accentué par sa face toute tordue. Il a une gueule de boxeur, on dirait qu'il a gardé la trace de tous les coups qu'il a reçu dans la figure. Et ça, ça fait bizarre : James Bond, si par malheur, il se prend une claque, ça ne le décoiffe même pas. Je me rappelle de Pierce Borsman qui avait resserré sa cravate d'un air contrarié après une explosion détruisant la moitié de la ville et à laquelle il avait réchappé par miracle, bien sûr.

Le nouveau Bond, il s'en prend plein la gueule, il court, il saute dans des précipices, il joue au hussard sur le toit, à quasimodo, il se tient en équilibre le vide sous lui et un tueur en face de lui, passe à travers des vitres et il est comme une danseuse, sans tutu et avec une gueule cassée : il y a une scène au tout début (merde je commence déjà à raconter le film, je devrais pas mais je ne peux pas m'en empêcher, tant pis, désolée, passez votre chemin si ça vous embête, je fais ce que je veux), où il court après un traître. Et il tombe, lourdement, il se relève et se remet à courir, la caméra bouge, bouge tellement que ça fait mal aux yeux, on ne sait plus où on se trouve, on est avec lui, ou on est james bond, et ça fait mal partout. Il se retrouve dans un vieux batiment en rénovation, et tente toujours de rattrapper le type, se prend les pieds dans une corde reliée à une poulie et le ballet commence.

James Bond, danseuse étoile en costume et noeud pap', avec son air buté et sa gueule déglinguée, ça, faut le voir pour le croire.

Il y a aussi une grande innovation depuis Casino Royale : la femme n'est (presque) plus une potiche-femme-facile qui sert des cafés et passe dans la chambre à coucher à la moindre petite moue de James. Ou presque, mais c'est déjà ça.

Voilà. Et puis James aimait Vesper, et moi, j'adore les histoires d'amour. Rien que pour ça, je mettrais 10 / 10.

Votre charmante amie.

Post Scriptum : l'air buté, c'est celui sur l'affiche du film.

Aucun commentaire: