vendredi 31 août 2007

"Ce sera pareil partout, c'est écrit sur ta gueule"

Quand j'étais petite, je dévorais les bouquins de Mary Higgins Clark que je ne sais plus qui a résumé ainsi: c'est toujours une jeune femme entourée d'un groupe d'hommes dont un est le tueur et un son futur mari.
Je crois que j'ai pas dormi pendant plusieurs nuits après "nous n'irons plus au bois". De toute façon, j'avais de fortes tendances insomniaques, même si cette révélation surprendra l'amoureux, maintenant que je dors 8h ou 10h par nuit. Quoi, c'est pas de ma faute, le bonheur me rend le sommeil.

Là, je viens d'être replongée dans ces années passées à lire ces thrillers à l'intrigue prévisible, mais à la tension omniprésente. Je sais pas comment elle fait ça: on sait la fin et pourtant on a les boules. D'habitude ça vient avec le suspens.

Il y avait une adaptation télé d'un roman de Macmachin, du même style que Mary Higgins Clark sur la 2. Très bien menée, très bien jouée. L'histoire est cousue de fils blancs et puis un peu bateau, mais je sais pas pourquoi, à cause des souvenirs ou à cause d'autre chose, ça me terrifie.
A un moment, l'héroïne, bien entendue rattrapée par un passé trouble, une vie de merde, accusée à tord, pourchassée par un assassin revenchard sans scrupule, baisse les bras, fait son sac et se dit: "Ce sera pareil partout, c'est écrit sur ta gueule". D'une voix un peu rauque, un peu basse, presque un murmure, pas tout à fait, non pas même un murmure, une constatation désabusée sur un fond de désespoir et de colère. Envers elle-même.

J'ai eu d'excellents profs de littérature. Des vieilles demoiselles bouffies de solitude, perpétuelles raleuses qui devaient en fait attendre le lendemain pour nous revoir, une bourgeoise aux foulards christian dior à la vie plus aventureuse que celle d'indiana jones, un boiteux fan d'aristophane, une fumeuse à la voix d'homme. Tous ne vivaient que pour les livres.
Un jour, on a eu un cours sur le déterminisme et le fatalisme, sur l'idée que notre avenir est écrit. Selon certains, on peut prendre un autre chemin, selon d'autres c'est impossible. Ce sera partout pareil, c'est écrit sur notre gueule. Cette idée me terrifie.
Parfois, on se dit qu'on a déjà vécu une situation présente, on l'a peut-être rêvé, ça ne vous est jamais arrivé? Moi si. J'essaie alors de faire autre chose, ou de ne rien faire du tout, je regarde simplement ce passage filer avec le temps et je passe à autre chose qui n'est pas miné par cette impression de déjà-vu.

Votre dévouée, saine de corps et d'esprit.

C'est à boire qu'il nous faut

A la fac, ça bosse. On était le 30 août hier, quand fraîchement revenue de 3 jours de promenade, je devais passer impérativement à la BS ("bibliothèque de section" pour les profanes, c'est à dire une bibliothèque plus spécialisée que la BU, bibliothèque universitaire) afin de trouver quelque chose à dire dans mon mémoire. En fait, je cherche les dits documents depuis un mois, et la BS ne réouvrait que le 24 août selon les affiches placardées à la BU.
J'attends donc, avec flegme et circonspection, le 24 août. Jour où on me rétorque que non, la BS n'ouvrira que le lundi suivant, malgré les affiches. Divulgation de fausses informations, ça c'est fait. Je reste calme, je dis merci, je m'en vais pour attendre ailleurs.

Ce jeudi, je repars à l'attaque, dès 9h du matin, frâiche comme une rose. Je trouve porte close dans le batiment central, je marche, contourne, peste encore et retrouve porte close à une autre entrée. Je me penche à travers la vitre (de la porte) et remarque que la porte de la BS est, elle, ouverte et que la lumière est allumée.

Donc, résumons: un mois que je patiente et ils ont enfin ouvert la BS mais fermé les portes du batiment qui l'abrite. Ce serait drôle si j'avais pas un mémoire à rendre pour dans 2 semaines.
En fait, c'était drôle quand même, parce que je suis bon public.

Je suis allée à la BU et j'ai demandé pourquoi diable cette situation ubuesque? Ce à quoi la charmante documentaliste me répond: "ben elle est fermée la BS".
Depuis 5 ans que je perds mon temps ici, j'ai appris à garder mon calme.
Je lui décroche un brin nerveusement son affiche à la con, et lui dit que non, la BS est administrativement ouverte depuis le 24 et que de toute façon j'ai vu la porte ouverte.
Elle ne comprend pas la situation. Je me demande furtivement si je dois sortir une feuille et un crayon pour lui dessiner mon problème, mais je n'ai pas de feuille.

Finalement, elle prend son téléphone et appelle sa collègue qui lui explique que oui, la BS est ouverte mais ils ont bloqué la porte du batiment avec un caillou.
Non, ne me demandez pas pourquoi, j'en sais rien. Je ne préfère pas savoir en fait.

Du coup, je vais mettre fin à suspens insoutenable: j'ai pu entrer dans la BS submergée de piles de revues reçues pendant les vacances. Deux heures plus tard, quand je suis partie, rien n'avait bougé puisque le personnel discutait vacances, soleil et cocotier dans le local des ordinateurs.

Bon. Dans un an, je suis partie. Il me reste un an. Pourvu qu'il ne me reste qu'un an. Pitié.


Votre dévouée, dont la main est soudée à son front.

vendredi 24 août 2007

Chappatte, l'Afrique et les chinois


L'autre jour, je regardais "C dans l'air" sur l'Irak et la guerre qui s'enlise sous fonds de juteux contrats pour les entreprises étrangères (et occupantes).
Il y a un truc qui m'a étonné: un intervenant a dit que le premier pays à se faire vraiment du fric, c'est la Chine.
Alors la Chine est présente économiquement parlant dans le monde entier, ils construisent, ils produisent objets, vêtements, et toutes les choses qui nous sont indispensables pour vivre.

Cette omniprésente me fait penser à une interview que j'avais entendu à la radio l'autre jour. Il s'agissait d'une femme (une texane je crois), qui avait décidé de se prouver qu'on pouvait très bien se passer des produits chinois. Une des premières phrases qu'elle a dit au journaliste était qu'elle avait vécu une année d'enfer.
Ben oui, ça coûte cher de vouloir consommer national, ou en tout cas, pas chinois. Elle racontait que le noel dernier, elle a voulu acheter une paire de basket à son fils. Elle a cherché, cherché et pas trouvé. Elle a fini par lui faire fabriquer des chaussures sur mesure, ce qui lui a, (scuzez l'expression), coûté la peau du cul.



Bon, nous sommes dépendants de ce charmant territoire où toute notion de démocratie paraît absente, où les tribunaux, dont la rapidité a été enviée par certains de nos politiques, font emprisonner ou exécuter les opposants politiques, les journalistes et autres fauteurs de troubles, où la liberté d'expression est ce que la transparence est à Cécilia Sarkozy (et à son mari).


Au delà de cela, il semble qu'il y ait des petits soucis dans la conception de produits, pas seulement des jouets Mattel, mais également des vêtements, enflammables quand on s'approche du chauffage (???), ou cancérigènes.

mardi 21 août 2007

Réflexions sur les mesures judiciaires contre les pédophiles

Bon, réfléchissons. J'ai eu un cours cette année, intitulé "science et justice", dans lequel le prof dénonçait le pouvoir des experts dans le déroulement de la justice. Evidemment, comme il s'était inspiré de Foucault et que le cours était plutot bien fait, on a tous été d'accord avec sa pensée.

Constat 1er: les experts décident de la dangerosité du condamné, donc implicitement de sa peine. Conséquence: le juge est dépossédé de sa mission, l'expert devient juge.

Second constat: on ne peut pas forcer quelqu'un à prendre des médicaments pour se soigner ni à entamer une psychothérapie s'il ne le veut pas.
Alors qu'est-ce qu'on fait des pédophiles, notamment des récidivistes, qui n'éprouvent aucun sentiment de culpabilité, qui sont prêt à repasser à l'action et qui ne veulent pas se soigner?

Nabot propose donc de les garder en prison le plus longtemps possible: fin des remises de peines, collège d'experts qui peuvent décider de le maintenir dans un centre fermé après sa peine, où il suivra un traitement.

Je suis sceptique.
Pour moi, on commet un crime ou un délit, on passe devant le juge qui prononce une peine, on la purge et après, théoriquement, la dette est payée.
Je veux dire que, objectivement, on peut prendre un nouveau départ.
Je comprends pas comment est-ce qu'on peut attribuer un pouvoir supplémentaire à l'expert, qui, en plus de décider de la peine de l'accusé (puisqu'il va dire si le type est pervers, viscieux, irrécupérable...) va décider, malgré la peine purgée, de le renvoyer en prison, sans autre procès et sans autre crime que celui pour lequel il a déjà purgé sa peine.

Il y a un principe en droit: on ne peut pas être jugé deux fois pour le même crime. Or là, non seulement il est jugé deux fois, mais ni par un juge, ni devant un tribunaL.
Il me semble pourtant que la Convention européenne des droits de l'homme prévoit le droit à un recours effectif et à un tribunal impartial.

Autre point: dans ce centre fermé, comment administrer un traitement par médicament ou par psychothérapie à quelqu'un qui veut pas se soigner?

Alors, vous allez me dire que les pédophiles sont des monstres, qu'ils ne méritent donc pas de bénéficier des conventions internationales et des droits de l'homme d'une manière générale car en perpétrant leurs actes, ils sont passés de l'humanité à la monstruosité. Conséquence: on les garde à vie dans les prisons déjà surpeuplées, on leur fait avaler de force des gellules ou on les castre physiquement.

Hum. Là encore ça pose problème.
Imaginez l'erreur judiciaire, style Outreau. En plus de les avoir laissé pourrir en prison, on leur aurait coupé les testicules?
Je crains que l'on fasse exploser les recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.

Quelle est la solution alors?
Je ne sais pas mais déjà :
1/ Pour ceux qui veulent se soigner, des psy. Un suivi régulier dès le jour où ils posent un pied en prison, qui se poursuivra après la peine.
Mais un psy qui a accès au dossier, parce que bon, prescrire du viagra à un pédophile multirécidiviste...
2/ Une possibilité de prendre des médicaments pour réduire leur libido.
Après, je ne sais pas, tout ce que à quoi je pense peut être considéré comme une double peine, style pointage au commissariat ou le bracelet électronique.

Bon, c'est une question très complexe, autant du point de vue juridique qu'ethique, humain, politique. Il s'agit de concilier la mission d'assurer la sécurité publique (et l'ordre public d'une manière général) et le respect des droits de l'homme.

En tout cas, les mesures qu'a annoncé Nabot, une main dans sa poche avec un ton paternaliste, semblent inadéquates.

Votre dévouée.

lundi 20 août 2007

Nabot, Bush et l'Irak.

Il m'énerve. Nabot. Il m'énerve parce qu'il est le président de MON pays, mon pays à moi, où je suis née et où je vis, il nous représente dans le monde et il donne quoi comme image? Un type torse-nu barbottant aux states ou pointant un doigt vengeur vers des photographes people alors qu'il est devenu un people. Il s'est mis dans cette situation, tout seul, comme un grand. C'est déjà l'ami des peoples, comme Johnny, Doc, Enrico (la galère, enrico, c'est pas possible, je me souviens de sa chanson le soir des présidentielles-> la honte), Mireille dont j'ignorais qu'elle était encore vivante. Enfin bon, il est sociable le président.

Ce qui me dérange beaucoup plus, encore plus, c'est son côté "je tape dans le dos du type qui a déclenché deux guerres sanglantes, mis à feu et à sang le Moyen-Orient, afin de faire fonctionner à fonds l'industrie d'armement dans laquelle une place au chaud lui est gardée quand il partira de son poste présidentiel".
Sarkozy, à l'étranger, c'est la France, que je le veuille ou non. Et voir la France à poils se baffrant avec l'idiot du village à la tête de la première puissance mondiale, un type qui a l'air de bien dormir malgré les meurtres, les viols, les destructions en tout genre qu'il a sur la conscience, ça me donne envie de vomir.

La goutte d'eau qui a fait déborder mon vase, c'est Kouchner en train de batiffoler en Irak, annonçant un engagement (pitié, qu'il ne soit que diplomatique et non militaire!) dans ce pays, ravagé par les Etats-Unis, les nouveaux potes à Nabot. L'Irak est devenu un enfer, provoqué par Bush. Et Kouchner, tout sourire, qui refuse le gilet par balles qu'on lui propose à la sortie de son avion. Le héros! Ben voyons. Il m'écoeure. Il y a plusieurs centaines de morts par jour en Irak, à cause des américains. Et nous, on arrive sur en tutu et sur la pointe des pieds pour dire, d'après ce que j'ai entendu du discours de Kouchner, que le problème irakien doit être résolu par les irakiens? Si c'était pas si dramatique, peut-être que ça ferait rire.
La logique c'est donc de mettre un pays à feu et à sang pour une question de pétrole et d'armement et après, une fois le cahos installé, de dire: voilà, vous êtes libre, vous mourrez, mais maintenant, c'est votre problème.
Et c'est Kouchner qui tient ce discours au nom de la France.

Pendant ce temps là, Flamby secoue son cou et ses cheveux sur la nuque dans le Sud en ne voulant à aucun prix critiquer les vacances "privées" du président. Le président, ça reste le président, même en vacances. Il devient sa fonction à son intronisation. Quand il passe des vacances payées par des PDG de groupes de luxe aux Etats-Unis, sous les flash des photographes, à moitié à poils, c'est pas "privé", c'est le représentant de notre pays.

Bon, je m'énerve. Je crois en fait qu'il n'y en a pas un pour rattrapper l'autre, ni à droite, ni à gauche. Ni au centre semble-t-il puisque Bayrou a disparu de la circulation, laissant tranquillement ses adversaires occuper le terrain.

Pffffffffffff.

vendredi 10 août 2007

Longue plainte

Contrairement aux apparences, je ne suis pas à vacances, je me morfond, seule dans ma maison hantée au plancher pourri infesté d'insectes ignobles. Bien entendu, il fait froid, moche, gris, il pleut, sinon ce serait pas drôle.
Historiquement, j'avais aussi un mémoire à faire, mais toutes les bibliothèques universitaires de France semblent être fermées, évidemment quand j'ai besoin de bouquins et de revues pour parvenir à faire un semblant de plan. Je suis coincée, perdue, et en plus, j'ai faim.
Et là, y a un oiseau qui vient de se prendre ma vitre, en direct, pendant que j'écris ce post plaintif. C'est assez impressionnant. Et étrange. C'est comme quand je reviens, la nuit tombée, d'une soirée entre amis (quand ils n'étaient pas tous partis en vacances...) et que la cour de ma maison est plongée dans l'obscurité et le silence, et que seul le néon de la cabine téléphonique au fonds, grésille avec un petit bruit métallique. Cette vision fait naître en moi l'image du tueur psychopathe de Scream avec son masque au visage déformé et au couteau sanguinolant. Conséquence inévitable: panique à bord.
En plus, je me dis qu'il vaut mieux pas que je courre, sinon le bruit de mes pas alerterait un éventuel maniaque, donc j'avance lentement, silencieusement, jusqu'à la porte de ma maison, en me demandant si mon coeur va lâcher d'une minute à l'autre.

Hihi. C'est cauchemardesque. Bon, ben voilà, je vais me refaire une troisième tasse de thé pour me réchauffer et perdre le peu de fer que j'ai dans les veines.

Votre dévouée, d'un pessimisme inégalé.

jeudi 2 août 2007

"La Poste...et la confiance grandit"

Confirmation: on passe toujours une demie-heure à faire la queue dans un bureau de poste pour retirer un colis, entre les petits vieux suintants, les bébés pleurant, les jeunes trépignant, les cons racontant très fort une conversation intime au téléphone.

J'imaginais, pour me distraire, mille façons d'assassiner froidement cette guichetière aux gestes lents, au visage dénué d'expression, aux lèvres peintes de travers dans une couleur orangée écoeurante, qui, complètement neurasthénique, passait dix minutes à timbrer une lettre, pour ensuite discuter avec madame michu de la santé de son cabot à trois pattes. La pauvre bête. Vivre avec madame michu, être goinfré de paté trois étoiles, être perpétuellement porté dans des bras secs alors qu'il n'aurait qu'une envie: gambader dans l'herbe en aboyant très fort. Mais madame michu lui ferme la gueule de ses grands doigts crochus quand il émet un vague japement et le bécote sans cesse, partout, y compris sur les yeux.

Il y avait une autre guichetière, qui, pendant tout le temps où j'étais présente, soit environ 30 minutes, ne s'est occupée que d'une seule personne. Sa productivité étant par conséquence encore moins grande que la neurasthénique. Faut dire qu'elle commentait tout ce qu'elle faisait parce qu'il y avait un stagiaire à côté d'elle, qui dormait debout pendant qu'elle s'écriait d'une voix suraigue: "et là, je mets le tâââpon, voilàààà." ou encore "la capitale du Bénin, c'est Dakar!". (au secours)

Le garçon, affalé sur son tabouret, a semblé alors émerger d'un sommeil comateux et un son étrange est sorti de sa bouche, à mi-chemin entre un rire d'adolescent qui mue et un rire démoniaque. Sa formatrice a eu l'air genée, elle s'est retournée pour bidouiller des choses cachées derrière son imprimante, l'autre s'est replongé dans un état cataleptique, le client s'est mis à tambouriner nerveusement sur le guichet et une quinzième personne est entrée. Il était 11h40.

En l'espace de 30 minutes environ, trois clients avaient été servis, dont deux pour une réception de colis, ce qui prend en temps normal entre 30 secondes et 45. Mais on avait aussi appris que Dakar est la capitale du Bénin (???), que le chien de madame michu allait bien, qu'une dame avait des problèmes respiratoires et qu'il ne fallait pas timbrer une enveloppe prétimbrée. Tout ça filmé par trois caméras de surveillance pour une pièce de 25m2 environ.

C'est chaud.

Votre dévouée, saisie d'une folle migraine.