mardi 25 mars 2008

There Will Be Blood ?



SPOILERS (comme d'habitude)

Dans une salle spécialement dédiée aux claustrophobes, passait ce week-end "there will be blood", film aux milles louanges dans lequel joue l'admirable DD-Lewis.
Drôle de film. Enfin non, pas drôle du tout: très glauque, très noir, trop sombre pour moi et la guimauve qui me sert de coeur.
Le personnage principal est un misanthrope mauvais, haineux, simplement animé par une ambition démesurée. Certains me rétorqueront qu'il aime son "fils". Et c'est là que le bât blesse : il ne l'aime pas, il n'aime personne. S'il le fait revenir après l'avoir abandonné c'est pour que son attitude méprisable ne nuise pas à ses affaires.
Son côté "je hais le monde et je profite d'autrui" pourrait avoir un certain panache, mais là c'est gratuit. Et si ça ne l'est pas, on ne sait pas pourquoi il est devenu ainsi.

Non, celui que je trouve assez grandiose, c'est le prêtre.
Il y a en effet des scènes extraordinaires, qui coupent le souffle, dans lesquelles se trouve d'ailleurs souvent Paul Dano. Ce type jouait déjà dans le très plaisant "Little Miss Sunshine" un ado pseudo-rebel à mèche et là, il tient le rôle d'un jeune prêtre fanatique complètement barge. Faut voir comment il chasse le démon logé dans l'arthrite des doigts d'une vieille dame! J'étais ébahie devant sa prestation, il jette le démon hors du corps de la femme, hors de l'église, il le menace, il hurle, rouge, suant. Et DD Lewis se marre intérieurement.













Il y a une autre scène géniale : celle où le fils de DD-Lewis est victime d'un accident, sur un fond de musique palpitante : des sons bizarres, des claquements sourds comme des morceaux de metal qui s'entrechoquent imitant les battements d'un coeur qui s'affole.
La musique est formidable dans ce film, il convient de le souligner, elle est aussi importante que la lumière et les décors. Elle contribue à produire une ambiance désagréable de solitude, de saleté, de poussière avec en filigrane ce mépris de l'autre qui suinte de DD Lewis, de tous les pores de sa peau.

Et malgré tout, j'ai été déçue : ça manque de nuances, c'est trop entièrement noir, trop de personnages sont entièrement mauvais, il n'y a aucun élément positif (j'aurais voulu qu'il aime son fils par exemple, simplement ça). De plus, c'est très très long : à partir de la moitié, on décroche un peu. Enfin, le meurtre de la fin était inutile, à part pour justifier le titre.

Votre dévouée, guimauve de son état.

jeudi 20 mars 2008

De l'honneur en politique (voilà un titre audacieux)


Pendant que Gordon Brown accepte de recevoir le Dalaï Lama, la France qui fut jadis considérée comme le pays des droits de l'homme, ferme les yeux et tourne le dos au Tibet: Rama Yade qui est dans les textes la secrétaire d'état aux droits de l'homme, ne souhaite pas intervenir, et, même si elle le souhaitait, si elle n'a pas l'accord de Sarko, elle ne peut rien faire.

Nous, les français, on est du côté du plus fort économiquement. Toujours. C'est notre ligne de conduite.

Le dalaï lama est insulté? accusé à tord? menacé? On s'en fiche : il est pacifiste et en plus, le comble : il a pas de fric. Ce qui est dramatique, c'est le silence de la communauté internationale: le pacifisme n'est plus vu comme une vertu mais comme une faiblesse.
Personne ne sait ce qui se passe au Tibet en ce moment, mais connaissant le système autoritaire chinois et son extrême facilité à bafouer les droits de l'homme, on peut raisonnablement imaginer le pire. Les vidéos amateurs de touristes sur place augmentent la crainte de découvrir un véritable massacre et le pouvoir chinois insultant chaque jour le Dalaï Lama démontre son absence totale de crainte vis à vis d'hypothétiques sanctions.
Et il n'y aura pas de sanctions : on ne sanctionne pas un pays qui a une croissance de plus de 10%, qui booste l'économie mondiale.

Ce qui manque au gouvernement français, outre l'intelligence et la compétence, c'est l'honneur. Vous allez me répliquer : vertu morale, inutile en politique, on n'est pas à Candyland.

En effet, on n'est pas à Candyland, mais un sursaut d'honneur peut provoquer un retentissement dans la communauté internationale : comme pendant la guerre d'Afghanistan, Galouzeau avait fait un beau discours avec plein de valeurs morales qui disait merde aux Etats-Unis, et ça avait forcé le respect en Europe.

Il faudrait qu'on ait aujourd'hui cette même force, enrobée de nonchalance, pour accueillir le Dalaï Lama, et prononcer un joli discours adressé aux dirigeants chinois.
Un joli discours très diplomate, avec des formules très polies et qui pourrait être traduit gestuellement par un bras d'honneur. Ah l'honneur, tout un programme!
L'idéal serait que ce soit la présidence de l'Union Européenne qui prononce ce discours, mais là, je rêve.

Votre dévouée.

mercredi 19 mars 2008

Conséquences des élections

Des choses m'échappent dans le "mini-remaniement": le fait que Nabot se fiche complètement de l'opinion publique, qu'il laisse des Christine Boutin, Albanel, Borloo au pouvoir (et j'en passe) qui brillent par leur incompétence, le fait qu'on a 15 ministres certes mais plus de 200 secrétaires d'état, ce qui est d'une hypocrisie débile. Oui, c'est ça qui m'énerve : on nous prend pour des idiots, des benêts sujets aux sautes d'humeur, que ce soit à droite ou à gauche.

La droite se fiche des résultats des élections et les explique par la versatilité des français, enclenche la cinquième pour foncer droit dans le mur.

La gauche crie victoire, exulte, alors qu'elle n'a rien fait. Il faut regarder les choses en face : la gauche, au niveau national, est à l'état végétatif dont la seule vigueur est l'arrogance. Ils n'ont avancé AUCUNE idée CONCRÈTE, ils n'ont engagé AUCUN changement dans leur fonctionnement depuis la fin de Mitterrand et surtout depuis la défaite de Yoyo et ça commence à dater.
Le pire, c'est que quand les journalistes leur demandent s'il ne faudrait pas avancer leur congrès pour qu'ils aient rapidement un leader et au moins qu'ils avancent des idées politiques d'opposition, ils répondent invariablement : "il faut laisser du temps en temps".

De toute façon, tout ce que fait la gauche, c'est attendre que la roue tourne: la droite gagne? ils attendent que le peuple se lasse et comme ils sont la seule alternative modérée avec le modem dont on ne sait plus ce que c'est, ils gagnent et par conséquent, n'ont aucune envie ni aucun besoin de se remettre en cause. Tout va bien.

C'est vraiment prendre les gens pour des idiots.

Mais je reviens à mon message initial (je me suis laissée emportée): Morano est secrétaire d'état !
C'est la victoire de l'opportunisme. Je suis ébahie par ce choix : Sarko dépasse toutes les espérances! Morano, avec sa gouaille de poissonnière était prête à vendre sa mère pour avoir ce poste, elle le criait sur toutes les chaînes avec son côté "je m'esclaffe et jme gratte la panse". C'est quelqu'un que je trouve insupportable, autant dans sa façon de se conduire que dans ses "idées". Je mets "idées" entre guillemets car c'est plutôt : "Sarkozy est génial, il est merveilleux, sensationnel, avec lui le pays retrouve de sa splendeur".
En fait, sa technique, c'est le bourrage de crâne et quand elle est face à un adversaire, elle crie très fort des "oh" et des "ah" qui ne signifient rien mais qui meublent l'atmosphère.

Je serai extrêmement surprise qu'elle démontre une quelconque compétence.

Votre dévouée.

post Scriptum : Le PS, c'est l'histoire d'une personne qui tombe du 36eme étage et qui à chaque étage se dit "jusqu'à présent tout va bien".
Même les claques données aux présidentielles ne parviennent pas à lui faire prendre conscience de sa mort imminente s'il ne fait rien.

lundi 17 mars 2008

Gloire à moi.

Là, ce soir, après avoir baclé mon anglais et avant d'aller fêter la Saint Patrick, je me suis dit qu'il fallait que je change radicalement de philosophie pour survivre à l'idée que je joue une année de ma vie dans 9 épreuves à la con.
Gros travail de persuasion en perspective.

1er étape : je suis formidable, même que les gens se rendent pas compte de à quel point je suis formidable (jolie syntaxe). Car oui, c'est dans ma nature, je suis le genre de fille à aller sauver des enfants prisonniers d'un immeuble en feu (seulement accrochée sur le dos d'un pompier).
Et à se débrouiller seule après avoir cassé son talon un jour de pluie et de soldes à Paris, là où t'as même pas la place pour respirer en temps normal.

2eme étape : je suis intelligente. Un multiple de 9? Une équation à trois inconnues? Suffit de demander, j'ai la réponse. Disserter sur le potentiel économique de l'Azerbaïdjan face à la mondialisation? Je la fais en une heure.
Intervenir dans une conférence sur la disparition de la plante aquatique de mediterranée orientale? Ok, mais seulement si je peux relier cette disparition au réchauffement climatique. Je sais, c'est audacieux.

3eme étape : je suis bien dans mon corps, ce qui rejaillit sur l'assurance que j'affiche en toutes circonstances. Comme les mannequins russes découvertes sur les marchés, je fais 1 mètre 80 sans talon, ce qui déjà impose le respect. Cela peut également être un avantage face à un jury qui pose une question ennuyeuse (si on suppose un grand oral effectué debout et pourquoi pas sur une jambe histoire d'accroître la difficulté), je lève la tête et je vois plus rien, que le ciel et les quelques cheveux de l'intervenant. C'est fichtrement pratique.

4eme étape : je n'ai pas besoin de dormir 10 heures pour être en forme. Se persuader que non, je ne vais pas mourir de fatigue à 23h, que je suis jeune et en bonne santé (outre quelques évanouissements passagers). Que je vais bien. Je vais bien. Moi, ça va. Mon Dieu, rien qu'à l'idée de dormir j'ai sommeil !
Non. Résiste, prouve que tu existes !

Votre dévouée. Gloire à moi.

samedi 15 mars 2008

Heureusement, y a Banksy



Cliquez-là : BANKSY

Suffit de fermer les yeux et de se boucher les oreilles et tout va bien.


Soyons clairs : tous les dirigeants politiques, d'Europe et d'ailleurs, serrent la main et graissent la patte aux dirigeants de régimes totaliraires.
Les intérêts économiques passent avant la souffrance du peuple. Chirac a même poussé le cynisme jusqu'à remettre la légion d'honneur à Poutine, ce qui est quand même très très fort symboliquement.

Après, récemment, il y a eu les élections fictives russes, cautionnées par le reste du monde, avec un laconique message : les élections ne se sont pas déroulées régulièrement. Cool, ça c'est du constat, merci les observateurs internationaux.
Poutine reste en place, les journalistes se font fracasser la tête à coup de barre de fer au détour d'une rue, les opposants politiques disparaissent ou s'exilent et succombent à d'étranges maladies, et on signe des marchés à tour de bras. Il faut faire des affaires.

"Ils" ont désigné la Chine pour accueillir les nouveaux jeux olympiques. Vous allez me dire: c'est quoi le rapport avec la Russie? L'attitude des occidentaux : on ferme les yeux sur les exactions et on signe des contrats.
La chine, n'en déplaise à Madame Royal qui vantait les mérites de sa justice expéditive, a un des plus fort taux d'exécution de prisonniers au monde. Et puis, comme en Russie, c'est étrange, les journalistes sont des extrémistes qu'il faut mâter et les opposants politiques disparaissent. En fait, non, il n'y a PAS d'opposants politiques, tellement le régime en place est formidable.
Cette semaine, les manifestants pacifiques tibétains ont été massacrés.

Les meurtres, la torture, les oppressions quotidiennes continuent dans les régimes totalitaires, avec le cautionnement de l'Europe et des Etats-Unis, avec même leur bénédiction.
La raison du plus fort est toujours la meilleure.

Votre dévouée.

jeudi 13 mars 2008

Des souvenirs plein la tête

mercredi 12 mars 2008

Musique # Politique

Je suis allée sur la page Last de Carla Bruni (par page Last, entendre Last.fm, site consacré à la musique, source inépuisable d'infos et d'échanges) et là j'ai été atterrée par les messages laissés par certains auditeurs.

Evidemment, il y a la bande des spécialistes des raccourcis qui hurlent "faciste" ou "nazi" dès qu'ils entendent un mot plus ou moins lié à Sarbozy.
Et puis il y a les influençables, les faibles, les mous du ciboulo qui suivent en en rajoutant une couche.

L'appréciation de la musique est subjective, donc c'est pas la peine d'écrire "si tu connais pas grand chose en musique c'est normal que tu trouve (sic) ca bon (sic)", comme Akira067 qui durant la campagne présidentielle avait déjà fait de l'insulte gratuite son sport favori avec ses copains de la page anti-sarko.

Je n'apprécie pas Sarkozy mais il ne faut pas tout mélanger. Si je fais abstraction de l'image narcissique de son épouse et que j'écoute son premier album, je trouve ses chansons excellentes. Evidemment, y a une partie de moi que ça embête un peu mais je ne vais pas m'empêcher d'écouter ce que je considère comme de la bonne musique parce qu'une cruche a épousé un instable qui exerce la plus haute fonction de l'Etat.

Et puis rien que pour les insultes gratuites, sexistes, machistes et forcément à caractère sexuel qu'elle essuie sur la page Last, j'ai encore plus envie d'écouter ses chansons.
Il est insupportable de constater qu'en 2008, une femme peut encore essuyer ce genre de commentaires (je cite "la pute du président") parce qu'elle a fait des choix dans sa vie personnelle qui ne nous regarde en rien.
Surtout que Last est un site consacré à la MUSIQUE et non à la POLITIQUE.

Vote dévouée, dégoutée.

dimanche 9 mars 2008

Des messages étranges au milieu de la foule

Vendredi après-midi, après une semaine de révisions et de concours blanc, je suis passée à la gare. Il faut comprendre que la gare de ma ville est particulière: elle ressemble à ces lieux lisses et sans vie des films de science-fiction : devant l'entrée, il y a une immense esplanade nue, avec des dalles beiges régulières et propres. Pas un arbre, pas une fleur, pas un banc, rien qui puisse susciter l'envie de s'y arrêter, même pour le voyageur fatigué. Et vendredi après-midi, cette place était bondée de gens énervés avec des valises pleines à craquer, sauf à un endroit où un panneau publicitaire se dressait, grand et droit comme la justice, une sorte d'avertissement en lettres fluorescentes orange sur un fond noir. Il était écrit : "parfois, il est plus facile de nourrir ses angoisses que ses enfants." Et ça m'a parut bizarre comme message, surtout que tout le monde lui tournait le dos et puis ses lettres orange, violentes, au moins aussi violentes que le contenu du message lui-même.

Je ne sais pas pourquoi, ça m'a fait penser à un jour à Londres, où au milieu d'une foule compacte, se tenait un vieil homme immobile, si immobile qu'on aurait dit une statue. Il tenait fermement d'une main une pancarte aussi grande que lui sur laquelle était inscrit : "Jesus is not dead" et les gens faisaient un détour d'un mètre pour le contourner, malgré le monde et la bousculade.

Bon. Y a pas de chute à mon histoire. Si on a plus le droit de faire des posts sans queue ni tête!

Votre dévouée, maîtresse absolue de son blog.

Edit du lendemain:

Alors évidemment, on me dit que ce type de panneaux du secours populaire fleurissent un peu partout, donc mon message est d'un intérêt plus limité. Tout cela était imprévisible.
J'ai un peu envie de crier au complot.